Renaud par Sonia

(d’après Oscar de Renaud)

Y v’nait de Paris, avait l’air d’un titi

Écrivait des textes dès son plus jeune âge,

Pour provoquer, amuser la gal’rie,

Il en écrivait chaque jour plusieurs pages

L’a connu l’école que jusqu’à quinze ans

Puis il a chanté un peu dans l’métro

Pour devenir un chanteur énervant,

Il a commencé devant les bistrots

Dans son jean troué, y m’faisait rêver

Je voudrais le voir s’révolter encore

J’pensais pas qu’un jour Renaud mourirait

J’pensais encore moins qu’un jour y s’rait mort

Il a écrit des chansons populaires,

Et puis un jour, il en a fait des disques

Y disait sa haine pour les militaires,

J’te raconte même pas c’qu’y pensait des flics

L’était protestant, il aimait les chiens

Il avait, c’est sûr, un fond très gentil

Quand j’l’écoutais, ça énervait mes frangins

C’est parce que je chantais bien plus faux que lui

Nous chantait ses joies, ses peines, ses colères

Nous chantait sa femme, sa fille, ses amis

Il était musclé comme une serpillière

J’l’ai pas inventé, c’est lui qui l’a dit

L’avait sur l’bras droit un super tatouage,

S’était fait tatoué la tête du Che,

Et un peu plus haut, y’avait un visage

Avec le prénom de sa fiancée

Comme je l’écoutais chez moi très souvent

Eh ben j’me sentais très proche de lui

Pi j’restais des heures avec des yeux tout grands,

A écouter ses textes, ses mélodies

Vers quarante-cinq berges, c’est l’capharnaüm

Sa femme lui a dit “Tu m’causes du chagrin”

Lors il est parti, n’a plus fait d’album

Pendant sept ans il était mal en point

Il a quand même fait cent cinquante concerts

Pour voir son public, faire plaisir à ses potes

Mais c’qu’il a vécu, c’est pire que l’enfer

Il avait le cœur tout au fond des bottes

Pendant toutes ces années de désespoir

Y s’était réfugié au fond d’un bistrot

Y f’sait plus ou moins pilier de comptoir

Il était, je crois, dev’nu alcoolo

Il était tout triste, y f’sait peine à voir

Mais au fond de moi, j’savais que Renaud

Se sortirait de ce mauvais cauchemar

Et qu’il nous reviendrait encore plus beau

Qu’il reviendrait un jour, tôt ou tard

Qu’il se remettrait très vite au boulot

En lui je n’ai jamais cessé de croire

Car j’aime et j’aimerai toujours Renaud