Titan par Escarmouche

C'est un grand champ de pluie, hurlant quand le vent passe
Où se perd l'horizon, où commence l'angoisse
Et où finit l'espoir quand commence la chasse
A ces charmes perdus sur la terre d'en face

C'est une sombre plaine hantée d'histoires mortes
Où des fantômes voguent, engloutis par les flots
Et hurlent en silence leurs histoires aux portes
De ce noir cimetière où gisent leurs caveaux

Les vagues se courbant semblent venir saluer
Les courageux destins qui repaissent leurs eaux
Se coucher en sanglots, lentement s'étaler
Se retirer au loin, bras tendus doigts crispés
Comme pour attirer les rêveurs que bientôt
Neptune saluera en un ressac nouveau

Vers la Terre perdue des promesses noyées
Quand dansent tour à tour sur les ponts de bateaux
L'appétit des abysses rarement rassasiés
Et la soif d'arracher un horizon plus beau.

Et sur la grève où traînent encore des images
D'autres cherchent en rêvant, qui les ont vus partir
La grande voile au loin, dont ils ont souvenir
Et loin du port tranquille où s'oublie leur mouillage

Ce Titan allongé repousse à bout de bras,
Éloigne ses deux rives tout en se balançant
En secouant ses entrailles où les noyés en tas
Roulent au fond des flots yeux ouverts, bras ballants