L’amoureux
de probablement sa fille, dans cette chanson, semble être le portrait craché
de Renaud. Dans cette chanson, il se montre de l’extérieur : ce qu’il
est, ce qu’il a et ce qu’il fait. La fille de la chanson essaie de
convaincre son père d’accepter son nouvel ami. Alors comment est-il, cet ami ?
Il possède une « mob , (…) il est moche(…) il a l'ch’veux
gras, il écoute que Brassens. C'est pas un premier de la classe(…) Il a
qu’un gros pull en laine. Il est plutôt normal comme dégaine(…) Il adore
le vent. Il aime René Fallet et y pêche à la mouche. Et en plus il est
protestant. Y joue d'la guitare, il aime les chats(…). Y lit des livres qu'tu
comprendrais pas. Du sport il en fait pas. N'empêche qu'en championnat, il aime
que Lens et Marseille comme toi…. »[1]
Dans
l’émission télévisée « le rouge et le noir », on voit, en
effet, Renaud avec ses copains en blouson sur des motos. Il est plutôt écologique,
il vote par exemple pour les verts. Et ça se voit aussi à ses habits comme le
gros pull en laine. Il aime la nature, la pêche, et Fallet qui est un écrivain,
« grand ami de Brassens et pêcheur à la ligne, deux qualités que Renaud
appréciait sans nul doute »[2]
Point
de vue école, il n’a jamais eu grand succès sauf en français, comme il dit
dans l’émission citée ci-dessus. En plus, bien qu’il reconnaît détester
la gym, il adore regarder le foot et il soutient en particulier Marseille. Il
suffit de relire le texte de la chanson : « A la belle de mai »
pour s’en persuader.
Quelques
aspects du personnage ne correspondent pas à ce qu’il est, comme par exemple :
«… y fume pas(…), pas d'blouson »[3]
La
guitare et l’accordéon accompagnent cette chanson où il y a de la tendresse.
Tendresse qu’on sent même déjà dans le titre « Mon amoureux » ou
encore quand il dit: « mon amoureux tu l'aim'ras… D'abord c'est obligé
qu't u craques pour mon Manouche. Il adore la pluie et le vent. »[4]
et de l’humour : « Question dope pas d'lézard. Il est accro qu'à
moi »[5]
"La
boule à zéro et la morve au nez, on était pas beau mais on s'en
foutait…"[6]
On
croit voir le petit Renaud jouant dans la rue quand on lit le texte de cette
chanson. « Le mercurochrome sur nos genoux pointus c’était nos diplômes,
d’l’école de la rue » On sent aussi un regret que cette enfance soit
déjà passé : « ..on ignorait qu’un jour on s’rait grands
pis qu’on mourirait.. » Voilà, pour Renaud, le problème majeur qui le
fera basculer dans la déprime : « Vers 45 ans, j’ai commencé à
ressentir une certaine mélancolie, la nostalgie de mon enfance surtout. »[7]
Mais,
en plus, dans cette chanson, on retrouve en gros toutes les idées de Renaud,
tous les thèmes pour lesquels il se bat ou qu’il chante. Et bien sûr, le
regret que ce ne soit plus comme dans le temps :
Quand
il était petit, les enfants pouvaient jouer dans la rue sans problème.
Aujourd’hui on peut se faire du mal pour la vie à cause des « capotes
usées et [des] vieilles seringues »[8]
qu’on trouve dans les caniveaux.
Quand
il était petit, les enfants jouaient à la guerre comme tous les gosses. Il y a
juste les filles qui se méfiaient de ces mômes « parc’qu’elles
craignaient qu’on veuille les tripoter. Elles avaient raison. »[9]
Bien sûr, quoi de plus normal qu’un petit garçon regarde une petite fille
d’un peu plus près ! Voilà donc ici un de ses sujets favoris : les
filles.
Quand
il était petit, qu’il buvait une tasse d’eau, elle ne faisait pas de mal.
Il ramassait les coquillages qu’on pouvait encore manger, et il trouvait
encore des messages dans des bouteilles. Aujourd’hui, à la mer, c’est la
pollution complète : « une marée noire, (…) des champignons,(…)
des gonocoques, (…), des pesticides »[13]
Quand
il était petit, les églises étaient encore pleines. Aujourd’hui, Dieu
qu’il appelle charlot « lui qu’a eu tant d’mômes et qui les a
perdus »[14],
il espère arriver devant lui, innocent comme un gosse : « La
boule à zéro et la morve au nez »
L’enfance,
son enfance, perdue comme tout le reste, tous ces thèmes dont nous venons de
parler. Il n’
Quel bel air de salsa ! Sur ce rythme entraînant, Renaud nous parle de la misère dans le Tiers-Monde, en particulier en Amérique du Sud, et du bien-être des profiteurs qui se trouvent soit aux U.S.A., soit en Europe: « Pour eux la mort, pour nous la Samba ! »
C’est l’histoire d'un jeune du Mexique qui nous dit qu’il n’a pas besoin d’émigrer, comme on dû le faire beaucoup de son pays. Lui, il a du travail : « Le pavot, la coca, c’est pas Dieu qui les fait pousser, c’est mon papa et moi »[15]
Ensuite il nous dit que la guérilla, c’est fini. Ca n’a pas réussi, la révolution au début du 20ème siècle.
Que s’était-il passé à ce moment-là ? Zapata, né
en 1879, «recruta une armée de paysans…et rejoignit la révolution
mexicaine….avec Pancho Villa »[16].
Ils voulaient « le renversement du dictateur et la redistribution des
terres aux petits paysans »[17].
Mais « même après la révolution de 1911, faite pourtant au cri de
« Terre et Liberté », le sort des Indiens ne s’est pas amélioré.
Il a été assassiné en 1919. Le peuple a donc essayé de se soulever. Mais
comme ça n’a pas marché, les paysans se sont débrouillés et « on a
trouvé plus malin. On fait du négoce, la main dans la main. Les banques, la
CIA sont nos meilleurs clients » Et c’est bien pour ça qu’il chante
« Adios Zapata ! (…)
Adios Che Guevara! (…) Adios Pancho Villa ! Que viva Marijuana ! »[18]
Ces
trois guérilleros n’ont pas réussi dans leur tentative. Le dictateur et ses
complices comme l’Oncle Sam, la CIA, « ils ont tué leurs Indiens et
pillé mon pays ». Et c’est comme ça que ce pauvre fils de paysans
essaie de se venger. En faisant le dealer, bien qu’il dise : « Et
qui c’est le dealer qui pourrit la planète ? »[19]
Les dealers, ce sont ces gros richards, « ces enfants de salauds, ça les
arrange un peu la came dans leurs ghettos. Ca tue surtout les pauvres, les négros,
las bandits. Ca justifie les flics. Ca fait vendre les fusils »[20]
C’est donc comme ça qu’on peut le mieux se débarrasser des gens qui gênent :
les pauvres, les négrots, les bandits, en fait, ceux qu’on appelle le
« quart monde ». « Mais un jour, le quart monde dira aussi
« Basta » à la misère du monde et chant’ra avec moi : Viva
Che Guevara…. »
[1]
Extrait du texte de la chanson « Mon Amoureux »
[2]
www.sharedsite.com/hlm-de-renaud/hlm/Personnages/personnages_f.htm
[3]
Voir note 51
[4]
Voir note 51
[5]
Voir note 51
[6]
Extrait de texte de la chanson: “Le sirop de la rue »
[7]
Article du journal: “Elle » du 27 mai 2002 ayant comme titre :
« Le retour du roi Renaud »
[8]
Extrait du texte de la chanson : « Le sirop de la rue »
[9]
Extrait du texte de la chanson : « Le sirop de la rue »
[10]
Extrait du texte de la chanson : « Le sirop de la rue »
[11]
Extrait du texte de la chanson : « Le sirop de la rue »
[12]
Extrait du texte de la chanson : « Le sirop de la rue »
[13]
Extrait du texte de la chanson : « Le sirop de la rue »
[14]
Extrait du texte de la chanson : « Le sirop de la rue »
[15]
Extrait du texte de la chanson : « Adios Zapata ! »
[16]
www.ifrance.com/jose1010/zapata.htm
[17]
Article du Monde Diplomatique d’Ignacio Ramonet, sous www.perso.guetali.fr/dnthines/page
54.htlm
[18]
Extrait du texte de la chanson : « Adios Zapata ! »
[19]
Extrait du texte de la chanson : « Adios Zapata ! »
[20]
Extrait du texte de la chanson : « Adios Zapata ! »