INTERVIEW DE MARC ROBINE.

 

Auteur - compositeur - interprète, journaliste et écrivain de renom, grand défenseur de la chanson française sur laquelle il a écrit une anthologie faisant œuvre de référence, Marc Robine se présente extérieurement comme un fan de Renaud : cheveux longs grisonnants, rasage approximatif, foulard rouge autour du cou, blouson de cuir noir et santiags, il ressemble à Renaud parce qu’il est de la même «race» : celle des chanteurs engagés.

De passage à Charleroi dans le cadre du festival «Mars en chansons», Marc Robine présenta au public une conférence chantée retraçant pour l’occasion une exposition consacrée à l’histoire de la chanson française, exposition dont il est également auteur !

Mais le plus croustillant de cette rencontre et je parle ici à titre personnel, c’est que Marc Robine est un ami de Renaud. Capable non seulement de me parler de l’homme, mais également de l’analyser puisqu’il possède, selon ses dire, la capacité d’analyser le comportement des chanteurs en fonction des changements d’époques.

Au cours de sa conférence, il chanta aussi bien les chansons de troubadours, que les chansons de Trenet, Brassens, Piaf, Brel, Vian…et c’est à Boris Vian que je voulais en venir pour faire un important rapport d’époque entre les chanteurs engagés. Auteur du scandaleux «Déserteur» au milieu des années cinquante, Vian fut censuré pour avoir chanté une lettre à son Président de la République. Trente ans plus tard et sans mettre de gants, Renaud reprit le concept mais changea le style. Evolution dans les époques, Renaud, beaucoup plus provocateur, ne fut pas censuré, du moins pas officiellement puisqu’il appartient aux médias de donner la parole aux artistes. Une petite comparaison des textes s’imposait selon moi, je vous invite donc à vous référer aux annexes.

Mais ce qui est une nouvelle fois intéressant et vous le comprendrez à travers l’interview ci dessous, c’est que l’influence des époques et plus particulièrement du courant politique a une importance considérable sur le droit à la parole.

Mais au delà de cela, Marc Robine en connais un paquet sur tout ce dont il est question dans ce travail: il connaît la chanson engagée puisqu’il en fait partie, il connaît les médias puisqu’il est journaliste, les idées de Renaud puisqu’ils sont copains et la chanson française puisqu’il en est le défenseur. Quoi de mieux donc pour emplir cette partie délicate de ce TFE, à savoir la partie pratique où je m’efforcerai de rassembler des témoignages intéressants afin de conclure de façon adéquate ?

C’est donc une heure avant un spectacle consacré au poète français Robert Desnos à la brasserie du Centre Culturel Régional de Charleroi (EDEN) que Marc Robine et moi avons discuté une heure durant de Renaud et de tout ce qu’il en découle.

Pendant toute un période, on a entendu parler de « génération Renaud »...Selon vous, qu’a représenté et que représente t’il ?

Marc Robine : «Il est clair que Renaud n’est plus la plus grosse vente de disque à l’heure actuelle mais il faut relativiser car avec deux de ses albums (NDLR : «Mistral Gagnant» et «Morgane de toi») Renaud dépassa 1300 000 exemplaires par album et était à l’époque la plus grosse vente de disques. A  partir de l’album «Putain d’camion», il n’atteignait «plus que» 800 000 exemplaires. Mais il faut savoir qu’à cette période, un bon album de Johnny Hallyday (qui est la toute grosse star depuis quatre générations) se vendait à         400 000 exemplaires.

Aujourd’hui, certains chanteurs atteignent des chiffres beaucoup plus faramineux ; Cabrel a vendu 3000 000 d’exemplaires de ses deux derniers albums Mais à l’époque où Renaud en vendait 1300 000, il touchait des gens qu ne faisaient pas partie de son public car avec une chanson comme «Morgane de toi», il sensibilisa tous les papas qui aimaient leur petite fille et il y en a beaucoup ! Mais, et même si cette chanson est magnifique, un chanteur comme Renaud ne peut chanter tout le temps des chansons de ce genre ce qui fait que, comme pour un roman, le sujet touche toujours des gens différents et il s’avérait que «Morgane de toi» était - est - un tube.

Voilà pour les chiffres et le côté musical….

Pour le reste, je pense que l’impact critique qu’il a vis à vis de la société n’a pas baissé dans l’esprit de ses fans et je pense que l’on peut, encore à l’heure actuelle, parler de «génération Renaud» dont font partie les soixante-huitards mais surtout leurs enfants dont l’idée a toujours été de contester les parents, anciens révolutionnaires, qui ont tendance à s’embourgeoiser avec l’âge. Et à ce moment, Renaud est arrivé avec sa dégaine «un peu zone», ses maladresses de langages volontaires, son vocabulaire différent...

Il faut également se souvenir que lorsque Renaud est arrivé il y a 25 ans, cela coïncidait avec la disparition des autres chanteurs engagés comme François Béranger..., ceux qui avaient amené la gauche au pouvoir perdaient de leur crédibilité depuis qu’elle y était puisqu’ils ne servaient, pour ainsi dire, plus à rien. Mais une fois que la gauche était au pouvoir, on la critiquait, comme c’est toujours le cas : lorsque l’on obtient quelque chose que l’on a désiré très fort, une fois qu’on l’obtient, on n’ en veut plus. Mais Renaud symbolisait et symbolise encore l’expression de prise de conscience de gauche alors que, paradoxalement, l’expression de gauche disparaissait. Mais cet exemple est typique : les jeunes ont toujours voulu contredire leurs parents alors lorsque ces derniers virèrent à gauche, ils furent traités de «gauchos ringards». Le seul qui parvenait à leur expliquer l’importance de l’enjeu, c’était Renaud !

Mais bon, c’est certain que Renaud ne dérange plus comme avant ; prenons l’exemple de Brassens, si une chanson comme «Le gorille» nous fait sourire aujourd’hui, ce n’était pas le cas à l’époque: cette chanson dérangeait parce qu’elle soulevait, avec la poésie et le talent de Brassens, le problème de la peine de mort. Tout doit être remis dans son contexte. Brassens a eu l’énorme culot de sortir cette chanson à un époque où tout était censuré. Alors oui, aujourd’hui elle semble innocente à côté de mecs qui disent «fuck» tous les trois mots et elle ne peut plus déranger.

Par contre, Renaud, avec une chanson comme «Hexagone» ne dérange plus parce que cette chanson est vieille, mais cette chanson en elle - même dérange encore parce qu’elle n’a pas prit une ride, elle est vraie du début à la fin, c’est une véritable chanson engagée.

Même si Renaud a presque cinquante balais et que l’on ne peut demander à personne de cet âge de faire passer un message qu’il aurait donné à 25, il peut toujours le faire passer, et de façon beaucoup plus subtile. Par exemple, une chanson comme « Son bleu »,est une grande chanson politique tant pour le passé et le fameux conflit des générations avec le père qui réalise que finalement c’est le gamin qui avait raison, que pour le présent avec un gars qui se retrouve au chômage. Renaud est toujours engagé politiquement, même s’il n’agit plus à l’heure actuelle comme il l’aurait fait il y a une quinzaine d’années ».     

Le 6 mai 2000, Ludovic Perrin écrit dans Libération : «Renaud se confond de plus en plus avec les travers beaufs de sa petite comédie humaine » . Quelle est votre réaction face à cela et face à Libération ?

M.R.:  «Ca démarre très mal de commencer une question en citant Ludovic Perrin mais je vais te dire mon sentiment par rapport à lui : Ludovic Perrin succède à Hélène Azzérin à qui je reconnais une connaissance énorme en matière de chanson bien qu’elle écrivait beaucoup de conneries. Mais elle connaissait son sujet tandis que Ludovic Perrin n’y connaît rien ! Quand un petit jeune arrive à la rédaction d’un journal comme Libé, il dois se faire un nom ; surtout si la personne qui le précédait était de bonne qualité. Alors il y a deux moyens : soit on possède une connaissance indiscutable en matière de chanson et on peut se permettre des remarques fondées sur l’un où l’autre artiste, soit on y connaît rien et on taille à la tronçonneuse dans la gueule des valeurs textuelles et musicales d’avant. Mais c’est Renaud qui a fait avancer l’histoire, pas Ludovic Perrin. Qu’est - ce qu’il faisait Perrin quand Renaud écrivait «Hexagone»? Qu’est ce qu’il écoutait comme conneries ? Renaud appelle les gens à avoir un regard lucide sur la société tandis que Perrin appelle les gens à avoir un regard branché, à passer la brosse sur tout ce qui brille. Mais dans dix ans, même s’il est mort ou qu’il ne fait plus d’album du tout, on peut être certain que l’on parlera encore de Renaud. Perrin, on en sait rien et ça m ‘étonnerait beaucoup qu’il en soit de même!

Concernant Libé, je ne vais pas dire que c’est un journal à chier puisque je le lis tous les jours, même si je le lis beaucoup faute de mieux ! Et si leur mot d’ordre c’est d’être vache, il faut également savoir que les pages culturelles de Libé sont de la merde ! Pour eux, le Parisien est un journal de blaireaux parce que c’est le journal que les gars lisent dans le métro pour  aller au bureau...mais sur toute la région parisienne, le journal qui possède les pages culturelles les plus intéressantes et les plus fournies, c’est le Parisien. Libé ne te donne pas envie de connaître un chanteur puisqu’ils considèrent que les gens qui ne le connaissent pas sont des cons ! Ce qu’ils font dans leurs pages culturelles, c’est du terrorisme quotidien ! Par rapport à Renaud, ils n’ont jamais digéré l’image qu’il donnait avec son blouson, sa zone...et son milieu d’origine. Ils ne veulent pas comprendre que c’est un artifice de scène, comme le chapeau de Trenet ou bien d’autres choses. Mais les gars qui bossent à Libé depuis 25 ans ont relativisé, Perrin, lui, n’a aucun sens de la nuance. C’est un petit con ! C’est lui qui a cherché ce merdier entre Renaud et Libé en titrant un article : «Séchan, c’est chiant ! ». Déjà, il n’a pas à l’appeler «Séchan» : si un artiste choisit un pseudonyme où diminutif comme c’est le cas pour Renaud (il s’appelle réellement Renaud Séchan), il est malsain d’en faire autrement. C’est du même tabac que ce que fait Le Pen en disant «Benguigui» pour parler de Patrick Bruel.

Au Figaro, ils en ont pris plein la gueule aussi par Renaud car c’est un journal de droite, réactionnaire...bref, tout à fait opposé aux idées de Renaud. Mais au Figaro, c’est Dical qui s’occupe de la chanson et il possède une connaissance indiscutable en matière de chanson. Ses théories sont réfléchies, argumentées...voilà pourquoi dans le Figaro, on a toujours pu lire des éloges sur Renaud et sur ses albums.

La tendance politique d’un journal doit se lire dans les pages politique ou de société, pas dans les pages culturelles. Voilà pourquoi je ne suis pas certain qu’un gars comme Dical est en accord avec la position du Figaro. Le mec est payé pour s’occuper des pages culturelles et pas des pages politiques.

Aragon a dit : «La critique doit être une pédagogie de l’enthousiasme» ; dans Libé, il n’y a, culturellement parlant, aucun enthousiasme».

Renaud fut chroniqueur pendant plusieurs années chez Charlie Hebdo ; qu’elle put être l’accroche qui le poussa à collaborer avec ce journal ?

M.R.: «Elle vient inéluctablement du fait que, comme Renaud, Charlie Hebdo pose un regard extrêmement lucide sur la société. D’autre part, elle ne se base pas sur une théorie précise, et c’est ce qui pose problème dans le mouvement anarchiste : il n’existe pas de catéchisme de base, c’est à dire un texte où il serait possible de vérifier si les idées émises par certains se prétendant anars entrent dans la ligne de conduite de ce même mouvement. Si l’on prend le parti communiste où n’importe quel autre parti, il suffit de se référer au programme pour être fixé, ce n’est pas possible chez les anars. De plus, avec certains d’entre eux, il est impossible d’être en accord mais ils ont raison de dire : «Je pense ce que je pense, je suis anar et je t’emmerde!». Par exemple, il y a chez Charlie des gens comme Charb’ et Siné qui sont extrêmement provocateurs. Charb’ me gonfle, particulièrement car ce mec n’a que des interdictions à la bouche : il faut interdire de fumer, interdire de rouler en voiture...il est devenu, à l’image du professeur Choron (qui n’a plus aucun rapport avec Charlie) le parfait petit facho !

C’est d’ailleurs pour cela que Renaud a cessé ses chroniques pour Charlie. Il a trouvé l’excuse d’un départ en tournée et donc d’un manque de temps, mais n’y est pas retourné. Malgré cela, il fait toujours partie de la famille...de cœur en tout cas ! Mais c’est la même chose dans toutes les familles: tu aimes ton père, ta mère...mais si tous les dimanches quand tu vas y bouffer tu entends les mêmes discours qui te gonflent et avec lesquels tu n’es pas d’accord, tu n’y vas plus ! Par contre, si tu y retournes de temps en temps, tout le monde se tombe dans les bras et s’interroge sur l’évolution de ta vie ; c’est beaucoup plus agréable que les discussions interminables durant lesquelles tu ne peux émettre une opinion car personne n’admet que l’autre puisse avoir raison.

Pourtant, Renaud a toujours déclaré aimer l’idée de fond du mouvement anarchiste (même s’il se déclare plutôt libertaire) mais regrette beaucoup son évolution ! Aujourd’hui, les anars se fixent dans des querelles, des chipotages ridicules mais qui découlent surtout d’un manque de projet : il n’y a plus rien qui bouge et  peu de monde les soutiennent.

De plus, les anars n’ont pas fait leur autocritique après mai 68 et souffrent de l’amalgame entre les anciens gauchistes et les anciens anars  dont certains sont devenus fachos et leur mouvement proprement dit. Avec certaines blagues de mauvais goût, Renaud a souffert de cet amalgame et s’il n’avait pas eu la lucidité et l’intelligence pour freiner, il aurait pu devenir un chanteur antisémite car c’est une personne très angoissée et continuellement inquiète. Jusqu’à présent et même s’il s’est par moment posé des questions, il a toujours été épaulé par des gens qui lui donnaient les bonnes réponses. Mais son frère Thierry est devenu un écrivain facho ! Je suis en première loge pour en parler puisque nous avons écrit un bouquin ensemble, c’était à l’époque de la guerre du Kosovo et il soutenait très fort Slobodan Milosevic. Depuis lors, nous sommes fâchés car c’est insupportable d’entendre les discours qu’il peut tenir. Je suis d’ailleurs inquiet pour mon pote car, depuis que Dominique l’a quitté, il habite dans un appartement à Paris ou il a accueilli Thierry ; et je n’ose imaginer les discussions qui s’y déroulent !

On dit souvent que faire partie des minorités pousse à se refermer sur soi même, à ne pas exprimer ses idées. Ca ne semble pas être le cas pour Renaud même si il est très attaché à la culture protestante qui est une minorité…

M.R. : «Je ne suis pas d’accord quand on dit ça ! Faire partie des minorités n’implique pas forcément le silence, au contraire : cela donne une certaine crédibilité quand on tape sur la table, comme c’était le cas pour les chanteurs engagés d’avant Mitterrand : ils faisaient partie des minorités et ne passaient pas à la radio. A cause ou grâce à ça, ils étaient considérés comme des martyrs et il n’y a rien de mieux pour faire une carrière que d’avoir une réputation de martyr ! 

Par rapport à son appartenance à la culture protestante, Renaud fut fort marqué par sa famille. Il faut savoir qu’il fut élevé dans les conditions d’avant mai 68 et donc qu’il a reçu une éducation très stricte où les enfants ne parlaient pas à table. Il s’est rebellé et a gueulé contre ça mais le côté protestant est resté chez lui car ses parents étaient des protestants confirmés.

Mais il en a une vision très caricaturale. Dans une interview pour Chorus, il m’a dit que les protestants n’avaient jamais massacré personne, qu’ils avaient toujours été les victimes de la religion catholique et qu’ils n’avaient jamais tenté de mettre les gens dans leur poche.

Ce jour là, j’ai complètement manqué de répartie en ce sens qu’il faut quand même savoir qu’Hitler était protestant, que les Hollandais qui instaurèrent l’Apartheid en Afrique du Sud étaient aussi des protestants et que les Américains qui ont viré les indiens étaient également protestants. Mais pour lui cet attachement est très important, sa croix occitane est partout, que ce soit autour de son cou ou sur sa tête de guitare...Mais dans ses chansons il dit quand même NI DIEU NI MAÎTRE...mais bon...il n’est pas à une contradiction près! ».

Dans l’album «A la Belle de Mai», il parle à plusieurs reprises de Che Guevara, il se l’est d’ailleurs fait tatouer. Que peut représenter quelqu’un comme Guevara pour Renaud ?

M.R. : «Le communisme fut pour beaucoup une idéologie rêvée mais qui ne pouvait plus aboutir car nous étions déjà entrés dans le système de la société de consommation. Che Guevara est surtout le plus beau symbole de la révolution que l’on ait trouvé, cette photo de lui où il est décontracté, sûr de lui, même un peu arrogant, c’est la plus belle image de la révolution qui existe. A part celle là, il n’existe que la photo de la fille en 68 qui porte le drapeau ou encore celle de       Cohn – Bendit qui rigole au nez du CRS…Che Guevara était extrêmement populaire au moment de mai 68 et le fait que Renaud utilise 25 ans plus tard son image tant dans ses chansons que sur les affiches de ses concerts peut découler du fait qu’il sent qu’une nouvelle révolution pourrait changer des choses…mais c’est également une question de marketing…mais la révolution est également une histoire de marketing ! Mais il faut quand même relativiser et faire attention car l’image du Che peut être de la récupération dans un but plus dangereux…Thierry Séchan a écrit dans «Présent» (qui est un mensuel du Front National), «Je suis du parti de Che Guevara, je suis du parti de Robert Brasilliac, j’ai toujours été du parti des fusillés». Il faut savoir que Robert Brasilliac était le rédacteur en chef de «Je suis partout» qui était le principal journal collaborationniste pendant la guerre. Il avait notamment écrit «Quand vous déporterez les juifs, Messieurs les Allemands, surtout n’oubliez pas les petits». Et Thierry Séchan dit dans la même phrase être du parti du Che et du parti de Brasilliac qui était, lui, du parti d’Hitler ! C’est ahurissant d’entendre des choses pareilles. Il faut faire la part des choses! Mais je sais que Renaud est beaucoup plus sincère quand il parle de Guevara.


Je suis moi-même un vieux fan de Che Guevara mais il faut admettre que s’il avait été très laid, il y aurait eu beaucoup moins de posters de lui dans les chambres des gamins ! C’est un mythe, une histoire de charisme. C’est le même pour Castro : il ne tient que par son symbole. Si Castro se rase la barbe demain, il est politiquement mort. C'est d’ailleurs pour cela qu’après avoir tenté cinq fois de l’assassiner, les Américains ont fait appel à un psychologue qui a émis l’idée de lui faire perdre définitivement tous ses poils. Ils avaient enduit sa combinaison de plongée (car il faisait beaucoup de plongée sous-marine à l’époque) d’un produit qui l’aurait rendu totalement imberbe. Mais, nouveau coup de pot pour lui, il a prit une autre combinaison et les USA ont laissé tomber cette idée car elle était trop aléatoire. Et quand je te dis que la révolution est une histoire de marketing, il suffit de penser aux magnifiques photos de Castro qui arrive dans la Havane. Mais on ne possède aucune photo du mec qui arrive le premier pour prendre la Bastille en 1789…si cela se reproduisait aujourd’hui (puisque l’on possède les moyens technologiques nécessaires) dis – toi bien que quand le gars arrive pour prendre la Bastille, en haut de l’échelle, il y aurait déjà un photographe! ».

 

Chanteur de gauche, chanteur engagé...il était également fort proche de Mitterrand, mais il en a été déçu...

M.R.: «Pas vraiment...il a d’ailleurs consacré une de ses dernières chroniques dans Charlie à la mort de Mitterrand où il explique qu’il avait pleuré...Pourtant là bas, on se foutait de sa gueule car ils avaient beaucoup tiré sur Tonton. Renaud était en quelque sorte fasciné par l’homme qu’il était...Mais il savait que tout n’était pas blanc dans son bilan (magouilles, passé pas très clair...) mais se rappelait qu’avant de tirer un trait sur le bilan politique, il fallait d’une part se souvenir de ce qu’était la France sous Giscard d’Estaing et d’autre part se dire que Mitterrand  a quand même fait de bonnes choses, notamment la suppression de la peine de mort à une époque où 60% des français lui étaient encore favorables ! Et c’est le même pour Mai 68 : il faut se souvenir de ce qu’était De Gaulle avant de tirer un trait sur Mai 68. Par rapport à cela, Renaud comme beaucoup eu la désillusion que la gauche n’ait su tout changer, mais il avait également vécu avant Mitterrand, et il savait qu’il avait fait avancer l’histoire ».

  Présentation de "Renaud, ami de Charlie, ennemi de Libé" par Cédric Adam