Autour du cou l’chiffon rouge,
le p’tit foulard sec noué
Que son grand père lui a donné
Paraît qu’son grand père
c’était un rouge, un homme taillé comme un roc
Belle gueule et fière mine,
qu’avait longtemps joué du roc
Avec se pioche, pioche, pioche
dans la mine
Il est tatoué vous savez
Les yeux savamment délavés
Le p’tit prince du gros pavé
Il nous raconte ses patrouilles,
vous sentez la rime venir
C’est vrai il a pas froid aux
couilles, Renaud il a de qui tenir
Il fait des raides dans les
zones, il disparaît dans des fugues
Se glisse comme un chat jaune,
dans un décor de poubelles qui fument
Il porte un nom d’chevalier,
comme dans les contes médiévaux
D’seigneur qui se fait
saigner, quand sonne le cor à Roncevaux
Il est tatoué vous savez
Les yeux savamment délavés
Le p’tit prince du gros pavé
Sa guitare en as de pique, il
casse le carreau des cœurs
Gagne un trèfle astronomique,
avec ses gros tubes vélomoteurs
Mais c’Bonaparte destroy, le
v’là rev’nu tout cocoy
Lorsque dans ses bras se love,
sa Lolita sans Nabokov
Alors il change de refrain, il a
son âme sous la main
L’voyou devant sa voyelle, par
une flèce d’arc en ciel
Se sent le cœur transpercé,
ainsi s’poursuit l’odyssée
D’messire Renaud Séchan, à
qui je dédie ce chant.
Claude
Nougaro «Chansongs», 1993