Fanny de Recouvrance   

par Aurelien

Le quartier de Recouvrance* est un vieux quartier de notre ville maritime et portuaire - celui des matelots et des "filles", de l'alcool (et des bordels autrefois), des "bordées", des "virées", des "pistes" lors d'escales entre deux bateaux - deux longs voyages solitaires et homosexuels en mer...

La Fanny de la chanson, belle hôtesse peu farouche - l'amoureuse de tous les marins de passage : elle sert à boire (comme la Madelon), elle rit, elle chante, elle "offre ses plaisirs" aux jeunes matelots... C'est la bonne et gentille pute, auprès de laquelle on cherche la chaleur, avec laquelle on a l'impression que c'est pour du vrai, que c'est de l'amour - est une figure traditionnelle de chez nous.

Et la chanson, traditionnelle aussi (écrite par Pierre Mac Orlan, en fait) est la plus connue de nos chansons de marins. Tous les groupes locaux de musique de tous styles l'ont interprétée au moins une fois, arrangée à leur manière - comme d'ailleurs tous les brestois non musiciens et non chanteurs, se plaisent également à la chanter dans les bistrots ou les repas de noces... Fanny de Recouvrance, que l'on trouve aussi sous le nom Fanny de Laninon, c'est LA chanson brestoise par excellence !

Et je dirais pour finir, au risque de le vexer et malgré toute l'admiration que je lui porte, que Renaud dans cet enregistrement (oui, c'est vrai, c'est a-capella, improvisé, à la radio, et il ne la connaissait sans doute pas bien) ne transmet pas vraiment le caractère joyeux et festif de la chanson (c'est vrai aussi qu'à quinze marins qui chantent faux, accompagnés de filles de joie, d'alcool et d'accordéon, c'est tout de suite plus facile...)

* : Recouvrance est cité dans "trois matelots" de Renaud (c'est aussi un chant de marins).