Greta
(Paroles & musique de Renaud Séchan, 1971)

C'est sur ce titre que le premier album de Renaud, "Amoureux de Paname", se ferme.
Un titre très ambigu, très énigmatique, difficilement compréhensible, même.
Le narrateur dit "je t'aime" à une fille allemande appelée Greta. D'une étrange façon.
Amoureux des jeux de mots, Renaud s'est amusé à intervertir les syllabes des
mots et à les répartir sur le vers. On en arrive à passer de "Greta" à "gros tas".
"Gros tas", qui correspond au stéréotype même de l'allemande, blonde avec
des tresses et assez forte physiquement, comme on imagine le Français
avec son béret et sa baguette sous le bras. Le texte - à l'origine un mélange d'allemand,
de français et d'anglais - est accompagné d'une guitare sèche au rythme menaçant,
de diverses percussions, de frappements de mains. De chaleureux choeurs chantant faux.
On perçoit aussi très nettement des chocs entre verres, couverts, et un
écoulement de liquide, ce qui nous amène à penser que nous sommes
probablement dans une taverne à bière en Allemagne.
"Wunderbar !*" "Noch einmal !**" s'exclament des jeunes après la chanson.

Voilà. Il y a un inconvénient : Greta habite Berlin-Est et lui, le narrateur, Berlin-Ouest.
Ils ne peuvent pas se voir. A cause d'une saloperie de mur. Cette chanson dénonce
les problèmes de relations entre les Allemands de l'Ouest et ceux de l'Est.
Renaud s'en prend au Mur de la Honte, coupant Berlin en deux. Plus de
dix ans plus tard (la chanson date de 1971), le chanteur remerciera Mikaël Gorbatchev,
L'HOMME de la chute du rideau de fer, dans sa chanson

Welcome Gorby :
"Welcome Gorby, bienv'nue ici
Où on est quelques-uns, je crois

Un copain à moi et pi moi

A espérer

Qu'tu vas v'nir avec tes blindés

Nous délivrer
.
T'as fait tomber le mur de Berlin."

 * "merveilleux !"
** "Encore une fois !"