Concerts : Compte-rendus et annonces L'Alsace, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 30 septembre 2000.

Renaud, une histoire qui dure

> AlsaPresse du 27 mai 2002

Photo AFP

Après sept années d'errance, Renaud redresse enfin la tête avec « Boucan d'enfer ».

DOCTEUR Renaud, Mister Renard, l'émouvante chanson qui ouvre Boucan d'enfer, résume sans fard ce qu'était devenu le chanteur ces dernières années : derrière le masque de plus en plus fissuré du personnage aimé du public, grandissait l'alcoolique chronique, abonné à la défonce, traître à ses causes, noyant son chagrin d'amour.
Après une longue et humble tournée, il a fini par ressortir la tête du Ricard, trouvant l'inspiration dans sa propre déchéance et renouant avec l'écriture qui fit son succès (douze millions d'albums vendus). Convoquant comme d'habitude folk, rock et musette, l'auteur de Ma gonzesseet de Morgane de toi nous ouvre à nouveau son journal intime, marqué par les douleurs récentes : le départ de sa « Domino », l'envie de Tout arrêter, le mépris du show biz, l'adolescence de sa fille…

Dieu reconnaîtra les chiens

Renaud poursuit ainsi la conversation entamée avec le public il y a déjà 25 ans. Égrenant avec nostalgie son panthéon personnel (Brassens, Bruant, Coluche…), restant fidèle à son passé, (Baltique, le chien de Mitterrand), il s'attaque aussi, avec sa verve légendaire, tour à tour grave et ironique (mais sans éviter quelques clichés), au 11 septembre ( Manhattan-Kaboul, en duo avec Axelle Red) et à BHL ( L'entarté, très réussi), décrit le sort des « pédés » de province, la question corse ou encore la vie du banlieusard d'aujourd'hui, en écho pavillonnaire à son célèbre HLM. 
S'il chante toujours aussi mal, Renaud nous change avec bonheur de ces académiciens qui n'ont rien à dire et le crient très fort. Un heureux retour à la vie.

Olivier Brégeard

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