Écrits par Renaud Charlie-Hebdo, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 14 décembre 2000.

ÉCHANGE CHAMPIGNON COMESTIBLE CONTRE CHAMPIGNON ATOMIQUE

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Charlie Hebdo, le 8 février 1995

 

« Renaud Envoyé spécial chez moi

ECHANGE CHAMPIGNON COMESTIBLE CONTRE CHAMPIGNON ATOMIQUE

Quand la Chine s’irradiera…

 

Je m’en voudrais de vous infliger aujourd’hui une chronique d’économie internationale. J’y connais que couic, j’y comprend peau d’balle. Bon, je sais bien quelques trucs, mais ça fait pas trop avancer le schmilblick. Je viens d’apprendre par exemple, qu’en échange de la livraison d’une centrale nucléaire, la Chine offrirait à la France, devinez quoi ? Des truffes de Chine ! Et de la bonne, de la vraie ! De la noire, de la Tubermelanosporum, dite « truffe du Périgord » ! Je m’y connais, j’en ai plein mon jardin. Dans le Vaucluse, où l’on en trouve en abondance et où son arôme surpasse celui de son homologue périgourdine, au pied de quelques chênes par moi plantés, j’en ramasse quelques-unes qui, l’hiver, viennent enrichir mes nouilles et mes œufs. C’est pas dégueu, je vous l’accorde, c’est pas un produit de luxe pour gauchistes milliardaires (comme vous dites), en ce qui me concerne, c’est un cadeau de la nature, y a qu’à s’baisser.

 

Inutile de vous dire que l’arrivée massive de truffes chinoises sur le marché de Carpentras, à 500 F le kilo, fait râler les producteurs du coin qui, jusqu’à hier, fourguaient le leur à 2500. Nos paysans n’ont plus qu’à espérer que, d’ici à quelques années, le nucléaire franco-chinois ait tchernobylisé les chênes truffiers asiatiques, ce qui reste possible.

 

Possible puisque, grâce à notre cher Alain Peyrefitte, grand promoteur des intérêts nucléaires de la France en Chine, c’est une trentaine de centrales nucléaires que l’empire du Milieu envisage de nous acheter. « Nous acheter », c’est une image. Traditionnellement, en effet, la Chine n’honore pas ses créances, ne paye pas ses dettes. La France s’en fout. Si la Chine paye, ça remplit les caisses de sociétés au conseil d’administration desquelles siègent les amis de M. Peyrefitte (Bouygues, G.E.C. Alsthom, Framatome, etc.). Si elle ne paye pas, elle est assurée. La Coface, compagnie d’assurances publique paye pour elle. Eh oui, vous avez bien lu : « publique ! ». Ca veut dire que c’est nous qui paye ! Avec nos petits impôts ! Ca fout les boules, hein ? Moi, perso, je commence par un boycott massif des truffes de Chine. Après je suggère un embargo sur les Alain Peyrefitte, enfin un blocus sur mes impôts.

RENAUD »

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