Concerts : Compte-rendus et annonces Dernières Nouvelles d'Alsace, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 17 décembre 2000.

La bande à Renaud

>

Article original

Dernières Nouvelles D'Alsace du Samedi 10 Juin 2000

CONCERT

La bande à Renaud


Lors de son concert au Palais des Congrès, l'autre soir, Renaud avait 2000 potes. Le chanteur noue avec son public des rapports à l'image de sa personne, simples et tendres.
Quelques lampes éclairent faiblement la scène. Un piano, trois micros et des guitares pour tout décorum. Dès le début du concert, les spectateurs sont plongés dans une ambiance intimiste et feutrée qui va perdurer pendant plus de 2 heures.  Renaud est planté là au milieu de ses musiciens, Jean-Pierre Bucolo à la guitare, Alain Lanty au piano, et il parle. Cela faisait plus de 5 ans qu'il n'était pas venu à Strasbourg, alors il faut rattraper le temps perdu. Entre chaque morceau, il raconte une tranche de vie. Il déverse sa philosophie de comptoir, sa philosophie de vieil anar. Le public l'écoute avec délectation, huant les méchants (les flics, le PSG...), acclamant les bonnes intentions (boire de la bière, aller pêcher...).  Dès la deuxième chanson, « La mère à Titi », la voix de Renaud insère un élément de dramaturgie au spectacle. Celle qu'il appelle affectueusement « Ma corde vocale, ma ficelle » est tellement usée, râpée qu'on a peur en permanence qu'elle ne se brise. Et pourtant, elle tient bien la vieille bourrique, chancelante mais puissante. Elle vous assaille, vous transperce. Avec elle, les mots font mouche. « En cloque », « Petite conne », « Manu »... Les chansons les plus émouvantes se trouvent magnifiées par cet écrin abîmé.  Outre ses vieux succès, Renaud entonne l'une des deux chansons qu'il a écrites pour son prochain album. « Elle a vu le loup » raconte l'histoire de Marylou, une copine de la fille de Renaud, qui a... vu le loup. Les parents dont les enfants ont 15/16 ans finiront par apprendre les paroles par coeur. Mais le plus important dans ce titre réside finalement dans la marge. En présentant cette nouvelle chanson, Renaud confesse l'angoisse de la page blanche qui l'étreint depuis quelques années. Il en rigole : « mon nouveau disque est prévu pour 2018 ». Pourtant on sent que ce blocage le meurtrit.  Autre blessure : le temps qui passe. Le chanteur ne cesse de faire des plaisanteries sur la durée effective du concert. « Quand le spectacle sera fini, c'est-à-dire dans 45 minutes » sont ces premiers mots. A la fin, après deux rappels, il justifie son départ par sa vieillesse et la fatigue inhérente. Devant tant d'humour et de sincérité, le public ne peut qu'applaudir chaleureusement.

Aucun commentaire

Soyez le premier à commenter !


(ne sera pas publié)