Entrevues Figaro, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 2 avril 2016.

Renaud : ''Je rattrape dix années foutues en l'air''

ENTRETIEN - L'alcool, son nouvel album qui sort dans une semaine, ses amis de Charlie, le gouvernement qu'il exècre et sa tournée qu'il prépare activement... Toute honte bue, le chanteur s'est confié au Figaro. Extraits.

left «Ce n'est pas si compliqué de refaire un disque. Il suffit d'être impudique, de livrer son âme.» Crédits photo : KENZO TRIBOUILLARD/AFP

Le FIGARO - Dans votre nouvel album, le premier avec des chansons originales depuis dix ans, vous écrivez : Quand votre vie part à vau-l'eau / C'est un don du ciel, une grâce / qui rend la vie moins dégueulasse. Cela ressemble-t-il à une profession de foi ?

RENAUD - Comme je le disais aux nombreux fans venant me voir ici à la Closerie des Lilas ou dans ma cantine à l'Île-sur-la-Sorgue, où j'ai vécu quatre ans, je n'avais plus d'idée, plus d'inspiration. Je pensais ma carrière derrière moi alors qu'elle est en train de se réamorcer. Je n'avais plus le goût de l'écriture, j'avais perdu celui de la lecture, d'aller au cinéma, au musée... J'étais un alcoolique invétéré, avec ce que ça compte de solitude, de détresse, de chagrin, de désespoir. Les gens me disaient : Reviens, on a besoin de toi. Cette phrase revenait tout le temps. Mais le déclic est venu de Grand Corps Malade, qui est venu me voir alors que j'étais ravagé par l'alcool. Il m'a sollicité pour un texte dans lequel il fallait intégrer ces quelques mots : Il me restera ça. Il m'a soufflé les deux premiers vers de la chanson et j'ai enchaîné. Une fois la chanson finie, je me suis dit : Ce n'est pas si compliqué. Il suffit d'être impudique, de livrer son âme.

Vous entamerez une très longue tournée à l'automne. Êtes-vous prêt ?

Je voudrais que ce soit demain. Par chance, je participe actuellement aux concerts d'I Muvrini, où j'interprète deux chansons. J'ai droit à une standing ovation tous les soirs. Des centaines d'appareils photo me mitraillent. Ces concerts sont des communions, avec un échange d'amour hallucinant. Je ne pourrai jamais rendre le millième de l'amour que me donne le public.

Ce Phénix Tour qui débute en octobre 2016 est très attendu, vous êtes déjà en train de le préparer...

Oui. Les locations partent comme des petits pains. C'est fou. Il promet d'être assez spectaculaire. J'ai déjà dressé une liste de quarante chansons. Maintenant, il faut que j'en retire dix. Éliminer une chanson d'un tour de chant, c'est comme sacrifier un enfant. J'ai une mise en scène avec des projections de décors surréalistes, à la manière de Caro et Jeunet dans La cité des enfants perdus, et peuplée d'hologrammes. Ça va être très beau. Pendant la chanson J'ai embrassé un flic, il y aura un cordon de flics, boucliers à la main, qui battront la mesure avec leurs matraques. Tous en hologrammes. Et les gens n'y verront que du feu.

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