Concerts : Compte-rendus et annonces Journal de Québec, le par ca.
Mis en ligne dans le kiosque le 21 janvier 2001.

Renaud, un vrai de vrai

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Renaud, un vrai de vrai

Le journal de Québec, le vendredi 19 janvier 2001

On a assisté à des retrouvailles des plus chaleureuses, hier soir, au Grand Théâtre de Québec, où Renaud, l'anti-vedette, a fait craquer la foule par sa simplicité, sa nonchalance, ses propos irrévérencieux et, surtout, son enjôleuse authenticité qui a fait pardonner sa voix de fond de cendrier !

Imaginez la voix de Plume après une caisse de bière et un paquet de cigarettes... et vous pouvez imaginer la voix ravagée qu'affichait le chanteur à son retour à Québec après neuf ans d'absence. Un autre artiste aurait pu être chahuté et lapidé! Mais au contraire, Renaud a eu droit à un accueil très chaud d'un public étonnamment jeune accroché aux propos militantistes de l'éternel esprit rebelle.

Il aurait été difficile de reprocher à ce vrai de vrai de chanter faux. C'était secondaire aux oreilles émues des spectateurs davantage préoccupés par une prose juteuse et mordante, appuyée par deux magiciens à la guitare et au piano.

Mais on ne pouvait quand même pas s'empêcher de sourire en écoutant le chanteur accentuer péniblement les dernières syllabes de chacune de ses phrases.

Mais qu'importe, il était beau à voir et à entendre le Renaud, même avec ses quelques kilos en trop! Débarqué au Québec la veille, il prolongera son séjour chez nous durant deux bonnes semaines, puisque le public montréalais lui réclame sans cesse des supplémentaires. Sa dernière visite chez nous remontait à 1991. Il s'était fait fort discret depuis la parution, en 1995, de son dernier album en hommage à Brassens.

Oui, il cause !

Il a refusé toutes les entrevues au Québec. "Je n'ai rien à dire", disait-il. Pourtant, il était particulièrement bavard, hier soir. "Qu'est-ce qui s'est passé au Québec depuis ?", a-t-il d'abord demandé, en ajoutant: "Toujours pas l'indépendance...?"

Homme libre

Pour sa part, au cours des dernières années, il a fait du cinéma et retrouvé sa "liberté", après sa douloureuse séparation d'avec sa conjointe de longue date.

Le ton souvent badineur, il a parlé de l'invasion en France de plusieurs artistes de chez nous, en ironisant avec humour sur "l'impérialisme culturel québécois". Il s'est aussi payé la gueule des Français. "Vous connaissez la différence entre un Français et un maudit Français ? Le Français rentre chez lui..."

Le menu

Parlons du spectacle. Parlons d'abord de son emballage à la fois tout simple et spectaculaire grâce à son brillant jeu d'éclairage accroché à un impressionnant quadrillé métallique. Le dispositif s'étendait sur toute la largeur et la hauteur de la scène. Entouré de ses deux solides musiciens, Renaud enfilera une vingtaine de chansons, surtout des vieilles chansons, écartant curieusement le répertoire de Brassens. Cent ans, En cloque, Germaine, Miss Maggie, Morgane de toi, P'tite Conne, Déserteur, chaque chanson est gobée avec ravissement par un public suspendu à chacune de ses paroles. On a aussi droit à la primeur de Elle a vu le loup, une chanson dédiée à sa fille, Lolita, 20 ans. Cette chanson paraîtra sur son prochain album qu'il nous a promis pour cette année.

Même les cordes vocales atrophiées, Renaud a su charmer son monde en faisant vibrer ses cordes sensibles !

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