Chaleur d'enfer
Généreux concert, hier dans un Palais des spectacles surchauffé, d'un Renaud entre dernier album Rouge sang et plus anciennes chansons, entre combat et tendresses.
Il aurait dû y avoir un petit vent de fraîcheur, puisqu'en décors, nous étions sur les toits de Paname, avec le plus poulbot de nos chanteurs, Renaud.
Et quand il fit allusion au dernier concert -sur les toits donc- des Beatles, en évoquant ses propres adieux, il y eut bien un grand froid. Mais vite étouffé.
Hier, au Palais des spectacles de Saint-Etienne, c'était le chaudron comme à Geoffroy-Guichard, chants à l'appui. C'était l'étuve comme en pleine canicule, avec plus de trois mille personnes serrées comme des sardines. Ce soir ce sera pire, avec quatre mille. Des fans, des vrais qui accompagnent en choeur un Renaud tout de même en meilleure forme que lors de sa précédente tournée.
Il avait même « une patate d'enfer », filet de voix retrouvé, s'excusant de chanter une nouvelle fois, Docteur Renaud et mister Renard, parce que là, oubliée la déprime.
Un premier morceau, et c'est l'appel à la vie nouvelle avec Malone, chanson sur son fils.
Un coup de rock brut avec Arrêter la clope. Et on entre dans le vif du sujet avec Sarko et Elle est facho, sur un air de guinguette. Histoire de rappeler que les combats, c'est pas fini. Comme avec Ingrid Betancourt, à laquelle il dédie Dans la jungle, ou le plus méconnu Léonard Pelletier, en prison aux Etats-Unis depuis 1975. Un petit saut en Irlande, un trajet Manhattan-Kaboul, et Renaud, plein vent, entre nouvelles et « anciennes » chansons nous fait ainsi un petit tour du monde des injustices, pour « refuser l'oubli ».
En formation cossue de sept musiciens, bien propre sur lui avec veste et cravate rouge, le Renaud nouveau chante aussi -et sans complexe- sa famille, sa femme, ses enfants. Pour mieux dire encore que, s'il n'a pas oublié ses colères « Rouge sang », il a surtout maintenant de sérieuses envies de tendresse.
PATRICIA HERBIN
Ce soir, au Palais des spectacles concert à 20 h complet.