Livres Libération, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 11 novembre 2011.

Thierry Séchan à son frère Renaud : «Tu te suicides»

left C'est le site chartsinfrance.net qui dévoile la missive signée Thierry Séchan. Celle-ci s'ouvre sur Mon bien cher frère. Elle est adressée à Renaud. En 9 000 signes, le frère du chanteur exprime son inquiétude à l'égard de l'auteur des tubes Hexagone et Mistral gagnant. En novembre 2010, Renaud avait confié son mal-être au magazine Serge. Un entretien dans lequel il expliquait son regret d'avoir quitté Paris, sa mélancolie présente et une certaine résignation face à la vie malgré la naissance, quatre ans plus tôt, de son fils Malone. Et l'amour de la mère de celui-ci, la chanteuse Romane Serda.

Romane Serda : Je n'avais plus la force

Depuis un an, le chanteur, qui va de mal en pis sur le plan psychologique, a renoué avec la profonde dépression et un de ses lieutenants : la bouteille. Au point que Romane Serda a fini par quitter le chanteur en partant avec leur enfant. Leur divorce a été prononcé le 23 septembre. A cette occasion, la chanteuse s'était expliquée dans Paris-Match : J'ai mis beaucoup de temps. J'ai essayé de recoller les morceaux. J'y ai cru (...) Et il rechutait, et moi, je m'effondrais (...) Je n'arrivais plus à être le pilier. Je n'avais plus la force. Ces attentes déçues, cela faisait trop souffrir. Selon l'ex-épouse du chanteur, ce dernier, pétri d'angoisses, vit une souffrance indicible et boit pour alléger le poids de ce qui l'oppresse.

Pour autant, Romane Serda avait déclaré à l'hebdo : Nous venons de divorcer mais je l'aime. Je suis pleine de tendresse pour lui, je serai toujours là, je lui ai dit. Mais je ne veux plus d'une relation où je suis en demande, en attente d'une situation qui ne s'améliore pas (...) On a soit la force de rompre, soit la lâcheté de subir. Je n'en pouvais plus. Il le fallait. Pour lui, pour moi, pour Malone.

Thierry Séchan : Depuis quelque temps, rien ne va plus

Cette fois, c'est au tour du frère de Renaud de tenter de faire réagir le chanteur. Dans la biographie sur l'auteur de Boucan d'enfer à paraître en janvier qu'il cosigne avec le journaliste Claude Fléouter, Thierry Séchan lance un émouvant appel sous la forme d'une lettre à son frère dépressif, perdu dans l'alcool. Une lettre en forme de bouée de sauvetage dans l'océan mélancolique qui aspire Renaud.

Mon bien cher frère. Cela fait des années que je ne t'ai pas écrit. Si ma mémoire est bonne, mes dernières lettres remontent au début des années 70, lorsque tu avais quitté Paris pour t'installer en Avignon, se rappelle Thierry Séchan, avant de revenir sur la carrière de son frère, ses succès, ses errances, et sa descente aux enfers dans les années 90 après la mort de ses amis Pierre Desproges et Coluche, parrain de sa fille Lolita. L'alcool devenait plus régulier, il te faisait office d'antidépresseur. Tu étais gagné par la paranoïa. Bientôt, Dominique (la première femme de Renaud, ndlr) ne put plus supporter cette vie. Elle te pria de déménager. Tu t'installas dans un grand appartement juste au-dessus de la Closerie des lilas. Naturellement, tu ne pus y vivre seul... Et c'est ainsi que, quelques semaines après, je vins habiter avec toi dans ce logement de 230 mètres carrés, se souvient Thierry Séchan. Cinq ans sans dessaouler, ou presque. Cinq ans dans une solitude extrême, malgré la présence constante de tes proches. Et ton public qui attendait, qui attendait ton retour, un nouvel album, ton public presque aussi désespéré que toi...

Et de secouer Renaud : Hélas, depuis quelque temps rien ne va plus. Tes vieux démons ont repris le dessus. Ton couple se délite, l'alcool a refait son apparition... La déprime est là, omniprésente. Tu dis à qui veut l'entendre que tu ne peux plus chanter. Je n'arrive pas à y croire. Un artiste n'arrête jamais de créer, voyons ! A moins qu'il ne se suicide, bien sûr... Mais il est vrai que ton comportement actuel s'apparente à un lent suicide, un suicide à petit feu. Que faire ? Te regarder sombrer les bras croisés ? Inimaginable ! Pour reprendre le slogan que tu avais fait imprimer dans Le Matin de Paris en 1988 afin d'inciter Tonton à se représenter : Renaud, laisse pas béton !

article original

Aucun commentaire

Soyez le premier à commenter !


(ne sera pas publié)