Livres Nouvel Observateur, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 11 novembre 2011.

Renaud : son frère à son secours

Des mots contre les maux. En lui écrivant une lettre ouverte, Thierry Séchan dit tenter de sortir le chanteur de l'ornière de l'alcool et de la dépression. L'appel lancé au chanteur par son frère Thierry n'a pas été commenté publiquement par l'intéressé.

left Si Renaud pige quelque chose à l'argot d'aujourd'hui, qu'il sache qu'on a trop le sum pour lui. Dans une interview, le chanteur disait s'être asséché dans sa banlieue au point de se ré-imbiber d'alcool. Mais les cris des fans ne suffisent pas. Une voix aimée a parfois plus de force que le tonnerre. Et c'est ce chant-là que l'on entend dans les mots de Thierry Séchan, frère de la chetron sauvage qui lui adresse une lettre publique dont le mot d'ordre est "laisse pas béton".

Un courrier venu du c½ur qui a été révélé par nos confrères de Pure Charts.fr et figurera en préface de Renaud : Putain de vie aux Éditions La Martinière, ouvrage attendu pour le 12 janvier. Signé par Claude Fléouter en collaboration avec l'auteur et parolier Thierry Séchan ce bouquin fera-t-il assez de boucan pour que Renaud sorte de son enfer ?

Cette Lettre à mon frère est en tout cas une belle main tendu qui débute avec ces mots :

Mon bien cher frère,
Cela fait des années que je ne t'ai pas écrit.
Si ma mémoire est bonne, mes dernières lettres remontent au début des années soixante-dix, lorsque tu avais quitté Paris (mais quitte-t-on jamais Paris ?) pour t'installer en Avignon. (...)
Le frangin s'y montre ensuite intransigeant quand il évoque l'album Amoureux de Paname (J'avoue que ce premier album me laissa... perplexe. Tu ne chantais pas très bien, tes musiques étaient plutôt frustes...). Et sait tirer son chapeau pour des galettes telles que Place de ma mob, Marche à l'ombre, des shows comme ce merveilleux Bobino, et le sujet qui fâche. La bouteille.

left Le succès de "Mistral gagnant" fut triomphal, poursuit Thierry Séchan. (...) Virgin, ta nouvelle maison de disques, rayonnait. Pour autant, tu n'allais guère mieux. Toujours ce même vague à l'âme, toujours ce désir d'oublier (quoi exactement ?) et, de plus en plus souvent, de noyer ton imparable malaise dans soixante-quinze centilitres d'alcool. D'autant que les années à venir n'allaient pas être roses. (...) Et tu déclinais... L'alcool devenait plus régulier, il te faisait office d'antidépresseur. Tu étais gagné par la paranoïa. Bientôt, Dominique ne put plus supporter cette vie. Elle te pria de déménager.

Et Thierry Séchan d'évoquer un autre amour, inespéré. Celui de Romane, jeune femme qui fut partie intégrante de la renaissance de Renaud dans sa période Boucan d'enfer, où le Phoenix en santiags vendit plus de deux millions d'exemplaires de son album.

Démons

Thierry Séchan conclut : Hélas, depuis quelque temps rien ne va plus. Tes vieux démons ont repris le dessus. Ton couple se délite, l'alcool a refait son apparition... La déprime est là, omniprésente. Tu dis à qui veut l'entendre que tu ne peux plus chanter. Je n'arrive pas à y croire. Un artiste n'arrête jamais de créer, voyons ! À moins qu'il ne se suicide, bien sûr... Mais il est vrai que ton comportement actuel s'apparente à un lent suicide, un suicide à petit feu. Que faire ? Te regarder sombrer les bras croisés ? Inimaginable !

Notre post-scriptum : on aimerait bien, nous aussi, signer cette lettre. Parce que, pour beaucoup, Renaud est un frangin qu'on aimerait ne pas perdre de vue. Et ne pas perdre tout court.

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