Entrevues Le Parisien, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 18 mars 2001.

Renaud : « Ma priorité c'est l'amour »

> Le Parisien du 9 décembrer 1996

Il se produit sur la scène de l'Olympia à partir de ce soir pour une semaine

Renaud : « Ma priorité c'est l'amour »

Au terme de dix-neuf mois de concert, Renaud nous offre à partir de ce soir une semaine à l'Olympia dans la formule acoustique qu'il avait choisie pour la deuxième partie de sa tournée. Parallèlement, il publie un livre de chroniques particulièrement toniques. Bien tôt il s'apprêtera à finir l'écriture de son nouvel album. Confidences.

- Depuis que vous êtes revenu sur scène, le 1er mai 1995, vous avez proposé deux spectacles très différents au fil de votre gigantesque tournée. Avec lequel allez-vous, à l'Olympia, terminer votre marathon ?

Renaud – Avec la formule acoustique. Je me suis aperçu cet été qu'une conception plus intimiste du spectacle pouvait passer partout et je m'y suis attaché. On sent mieux les gens. On se rend compte qu'ils sont venus juste pour votre petite tête, écouter vos chansonnettes. Cela fiche le frisson.

- Votre succès vous étonne encore ?

Renaud – C'est ahurissant de voir l'effet que peuvent avoir les petits couplets qui sont nés de vos tripes et qui se contentent de raconter vos sentiments, vos humeurs, vos passions, vos colères... Bref, des tas de trucs dont rien ne laissait prévoir qu'ils pouvaient toucher les autres.

- Des « trucs » souvent politiques, non ?

Renaud – J'essaie d'abord de faire des chansons qui ne soient pas sous influence. Il n'y a d'ailleurs rien de plus démodable qu'une chanson liée à l'actualité. Mais quand on met son petit talent sur l'établi à refrain et qu'on peaufine du mieux qu'on peut, on a envie de rendre au public un peu de l'amour énorme qu'il a témoigné. Alors, forcément, on lui dit des choses qu'on croit utiles au bonheur général. Ca, c'est déjà politique.

- Vous dénoncez souvent les défauts de la société mais, au fait, qu'ils sont les vôtres ?

Renaud – Mon pire : je suis rancunier ! Surtout avec ceux qui me trahissent. Les réconciliations n'ont lieu que si les gens font le premier pas. Sinon, je peux bouder très longtemps. C'est con mais c'est comme ça. Même avec ma femme je suis pareil. (Sourire).

- Vous chantez pourtant : « L'essentiel à apprendre, c'est l'amour du prochain... Même si c'est un beau salaud »...

Renaud – Petit relent de christianisme, sans doute ! C'est vrai que c'était une belle idéologie. Mais essayer de comprendre n'est pas abdiquer. Je ne tends pas encore l'autre joue et je n'ai pas envie d'aller au-devant de mes ennemis.

- Fidèle à vos amours, à vos idées et à vos colères, dans quel ordre établissez-vous la priorité ?

Renaud – L'amour d'abord, bien sûr. C'est peut-être un peu égoïste, mais si on est vraiment sans amour, on aura autant de mal à exprimer ses colères qu'à lutter pour ses idées.

Propos recueillis par Alain Morel

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