Portraits Le Post, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 30 mars 2011.

Le chanteur Renaud, la désolation de la rechute

On n'avait pas de nouvelles de Renaud depuis quelque temps et ce n'était pas bon signe. L'émission Prise directe d'hier, sur France 2 a confirmé les craintes à son sujet, en allant tourner chez lui, dans sa maison du sud de la France, un reportage bouleversant.

On sait qu'il avait traversé le désert et sombré dans l'alcool avant de nous revenir, grâce à sa rencontre avec une petite fée, Romane, avec de nouvelles chansons, pour elle et pour lui. Et, même s'il était visiblement cabossé, on ne pouvait que se réjouir du retour de son inspiration, tant ses ballades nous ont bercés pendant si longtemps qu'elles font partie de notre patrimoine.

Une victoire de la musique en 2003 saluait le retour de l'enfant prodige.

Mais hélas la dépression, cette saloperie qui ronge inexorablement, ce mal du siècle, comme il dit, est revenue. Il nous est apparu de nouveau tout bouffi, hier soir, et c'était un crève-c½ur. Avec une grande honnêteté, il a parlé de son retour dans l'alcool et de cette inspiration de nouveau envolée. Rien, pas une idée, pas un mot...

Sa jeune femme, déboussolée, évoquait son romantisme délicieux, à l'époque de leurs débuts de couple, et disait qu'il parlait tout-le-temps, mais aujourd'hui, plus rien, le silence, il ne dit plus rien. Elle ne savait plus quoi faire, confrontée à son impuissance, mais essayant de faire face, avec lui et leur enfant de 4 ans1/2.

Dans les yeux si bleus de Renaud, on lisait hier cette dépression, cette âme fracturée, la douleur, même s'il n'avait pas les mots pour le dire. Car il n'y a pas de mots pour dire la dépression, la vraie, pas le coup de déprime, non, ce mal que même toutes les métaphores ne pourront pas décrire, ténèbres au fond d'un trou rempli de monstres et agité de rafales hurlantes, dont on ne parvient plus à s'extraire. Une souffrance de chaque instant.

Renaud nous le dit : Je me lève avec, je me couche avec. On sent bien combien il est emprisonné dans sa souffrance, dont les mots même ne traversent plus les murs, parce que l'essentiel est absent, c'est-à-dire le désir de vivre. La dépression ôte toute envie. Alors, il faut bien continuer à porter sa carcasse, se lever, manger, bouger, mais ça devient un effort épuisant pour rester vivant à l'extérieur alors qu'on se sent mort à l'intérieur.

En les écoutant tous les deux dans ce reportage exempt de voyeurisme ou de la moindre vulgarité, on souffre avec eux et on espère, comme Romane, que le chanteur va trouver l'aide dont il a besoin.

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