Portraits Sud-Ouest, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 30 juillet 2000.

Le retour de l'araignée

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Sud-ouest, le 14 juillet 1992

« RENAUD SECHAN
Le retour de l’araignée

Renaud a refait les Francos. Quelques années de plus et les mêmes chansons. Toujours aussi belles que Lolita.

Il défend l’ours des Pyrénées en passant par Aguilera, retrouve Cabrel, rejoint Couture à Montréal, revient de Suisse et du festival de Leysin. Arrive à La Rochelle, repart très vite. Pas de vacances dans le Vaucluse cette année. Pas de pêche à la truite dans les petits ruisseaux où il aime poser sa ligne pour renouer avec sa vie. Le poisson ne mord pas, il s’en fout, le public a mordu, Lolita est venue.

« Quand elle est née, je me suis dit que j’allais pas chanter tout le temps le HLM. Mais en même temps, c’est ce que je connais le mieux, la ville, la banlieue, la zone. Je vois un mur de Berlin qui monte encore plus haut qu’avant. Entre les riches et les pauvres… Depuis Lolita, je pense à faire autre chose. J’ai envie de faire du cinéma, mais j’ai peur. Tu vois un film de seize milliards sur mes épaules ? J’aimerai bien écrire. Sûr qu’un jour j’essaierai… Le temps est court. Très court. Toujours au boulot… »

Il veut changer, mais sa gueule en ruban de bréviaire a trop marqué les pages du livre qu’il dit. Evidemment la couverture n’est plus la même, la boucle semble d’or à l’oreille et les santiags ne font plus cuir de vache maigre. Le gosse n’a pas engraissé, pourtant, Gérard Lambert non plus, et c’est le bonheur du môme de toujours ressembler à nos souvenirs.

Sur l’œil, la mèche éclate moins qu’un disque d’or. Deux ou trois rides sont venues, les autres hésitent. On l’appelait l’araignée, comment vieillira la bestiole ? Encore hier, comme toujours, il a tissé sa corde avec celles de sa guitare, bavé sur les coyotes, les foies jaunes, l’assistance publique et la République. Il a tricoté ses histoires, en s’empêtrant, comme avant les années quatre-vingt, dans les pattes de son micro. Il a bercé Lolita de sa voix rauque, ce sont les chansons de lui qu’il préfère, celles qui invitent Renaud à s’asseoir et à parler d’amour. Il s’est souvenu qu’après, lors d’un précédent festival, il offrait l’arbre de son orchestre…

Renaud, quoi. Le même, parce que des milliers d’araignées de quinze ans, sur mobylettes ou sans, en redemandent.

I.P.S »

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