Soutien I. Bétancourt-3000 otages en Colombie

Engagements pour diverses causes, initiées ou non par Renaud...

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SVPat
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Message par SVPat »

B'Jour,
Parce qu'il faut s'attcher à tout ce qu'il y a de positif, une analyse " positive (pour les otages) " de l'élection d'Uribe
SVPat
:D


Un espoir de libération pour les otages des Farc
François Hauter

ALVARO URIBE s'est engagé à ouvrir rapidement des négociations avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), qui détiennent plus de mille otages dans le pays, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt. Selon des sources diplomatiques à Bogota, le président réélu pourrait lancer cet appel aux pourparlers dans les jours à venir.

Avant les élections parlementaires et présidentielle, Uribe ne pouvait pas se permettre de brouiller son image. Dans une société exaspérée par les enlèvements, il est resté intransigeant. Après sa réélection avec une majorité sans précédent dans l'histoire colombienne, il peut tendre la main à une guérilla narco-stalinienne qui empoisonne la vie quotidienne des 43 millions de Colombiens et qui tient de vastes poches de jungle dans le sud du pays.

Toutes les parties ont intérêt à un compromis. Les Farc sont politiquement affaiblies : dans les régions qu'elles prétendent contrôler, la victoire électorale d'Uribe a été écrasante. Du côté gouvernemental, l'offensive militaire menée depuis plus de trois ans par 35 000 soldats contre les Farc a poussé les guérilleros à reculer, à s'incruster dans la jungle, mais aucun chef rebelle n'a pu être capturé. A Bogota, Uribe sait qu'aucun des deux adversaires ne peut l'emporter militairement. Si les guérilleros sont maintenant affaiblis, il est en position d'effectuer un geste magnanime
.
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L_OuRs
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Message par L_OuRs »

01/06/2006 - 19h04 Source : Boursier.com

LE QUAY D'ORSAY CRÉE UNE CELLULE DE CRISE POUR LA LIBÉRATION D'INGRID BETANCOURT

PARIS (Reuters) - Philippe Douste-Blazy a décidé jeudi de créer une cellule de crise officielle chargée d'oeuvrer à la libération d'Ingrid Betancourt, a annoncé le comité de défense de la Franco-Colombienne.

Au sein de cette équipe figureront des représentants du Quai d'Orsay, de l'Elysée et de Matignon, ainsi que des techniciens spécialisés dans ce genre de dossier, précise-t-il dans un communiqué.

La semaine dernière, le comité de soutien à Ingrid Betancourt, qui est détenue depuis plus de quatre ans par la guérilla colombienne, avait reproché à l'actuel ministre des Affaires étrangères son "inaction" dans ce dossier.

"Nous en avions assez que la communication et la compassion médiatique du ministre l'emportent sur son action", explique Hervé Marro, porte-parole du comité de soutien.

Philippe Douste-Blazy a accepté de recevoir jeudi des membres du comité de soutien et leur a annoncé son intention d'accéder à leurs principales demandes, précise le comité de soutien.

La cellule de crise officielle devra rendre compte de son travail au minimum tous les mois à l'ensemble de la famille d'Ingrid Betancourt et au comité de soutien. La presse aura ainsi la possibilité de suivre "ce qui était par trop un dossier d'officine", précise le comité.

Les parties concernées observeront toutefois la discrétion nécessaire dans ce type d'affaire.

Philippe Douste-Blazy a rappelé pour sa part lors de cette rencontre "la pleine mobilisation des plus hautes autorités de l'Etat et de l'ensemble du gouvernement français pour obtenir la libération" d'Ingrid Betancourt, a précisé le porte-parole du Quai d'Orsay, Jean-François Mattéi.

Le ministre a également rappelé que "les affaires d'otages devaient allier discrétion, détermination et unité d'action".

"Nous considérons qu'il s'agit là d'une avancée importante tant la France a enfin décidé de faire les choses de manière sérieuse et structurée", a déclaré pour sa part Hervé Marro.

Les proches d'Ingrid Betancourt ont accueilli la récente réélection d'Alvaro Uribe "comme une véritable catastrophe pour l'avenir des otages" en raison de la fermeté du président colombien face aux factions armées.

L'ancienne candidate à la présidentielle en Colombie est détenue en compagnie de sa directrice de campagne, Clara Rojas, depuis 1559 jours. Plus de 4.000 personnes sont séquestrées dans la jungle colombienne par les FARC.
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Trudo
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Message par Trudo »

Une lueur d'espoir, à nouveau peut-être...

Merci Tso'

:wink:
Bruno

Message par Bruno »

Merci Tso pour cette petite lueur d'espoir dès le matin....


L'info a été reprise sur le site de France 2 : http://info.france2.fr/monde/22312475-fr.php


L'espoir se consolide ainsi.


Bonne journée,


Bruno
Bruno

Message par Bruno »

AFP a écrit : Ingrid Betancourt va bien, selon le Numéro 2 des FARC

AP | 27.06.06 | 13:57


PARIS (AP) -- Le No2 des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) Raul Reyes assure mardi que l'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt "va bien" après quatre ans de captivité et se dit "disposé à (la) délivrer".
Dans les colonnes de "L'Humanité", le commandant des FARC explique que l'ancienne candidate écologiste à la présidentielle colombienne "va bien, dans la mesure de l'environnement dans lequel elle se trouve", sans doute la jungle colombienne. "Ce n'est pas facile quand on est privé de liberté".
"C'est une femme intelligente, affable", souligne Raul Reyes, précisant qu"'elle n'a jamais été capturée parce qu'elle est française et encore moins à des fins économiques". "Elle l'a été pour obtenir la libération de quelque 500 guérilleros".
"Les FARC sont disposées à délivrer Ingrid Betancourt, les trois agents de la CIA, tous les commandants et les policiers retenus depuis plus de six ans, des dirigeants politiques comme les députés du Valle de Cauca", ajoute-t-il. "Cela concerne à peu près 50 personnalités".
Fustigeant l'attitude d'Alvaro Uribe, Raul Reyes déplore que le président colombien ne soit "pas intéressé par un échange humanitaire". Son "gouvernement passe son temps à renier ses promesses, à offrir de l'argent et à assassiner".
"La confiance est perdue", constate le No2 des FARC, qui compte "continuer dans la voie du dialogue et la paix", notamment en évoquant les blocages "avec les pays amis dont la France et la Suisse". AP
http://permanent.nouvelobs.com/etranger ... .html?1203
Bruno

Message par Bruno »

Bonjour,


Voici l'interview de paru dans l'Humanité d'hier :
l'Huma a écrit :

"Nous aspirons à la réconciliation...mais le président Uribe a rompu le dialogue. »

Colombie . Raul Reyes est commandant des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Il explique à notre envoyée spéciale les raisons de la lutte armée de son organisation. Le numéro 2 de la guérilla nous parle d’Ingrid Betancourt, retenue comme otage depuis quatre ans, et qui, nous assure-t-il, « va bien ».

Colombie, envoyée spéciale.

Le président Alvaro Uribe a évoqué un possible échange humanitaire entre les otages et les membres de la guérilla prisonniers. Êtes-vous disposé à négocier ?

Raul Reyes. Nous avons proposé de démilitariser deux municipalités mais Alvaro Uribe a refusé. La direction des FARC en a pris bonne note et en a proposé deux autres : Pradera et Florida, dans le Valle del Cauca. Les opérations militaires se sont poursuivies. Mais nous continuons dans la voie du dialogue et de la paix. Nous avons parlé de ces blocages avec les pays amis dont la France et la Suisse. Le gouvernement espagnol est également dans ce groupe.

Quelles sont les conditions de l’échange et combien d’otages sont-ils concernés ?

Raul Reyes. Pour des raisons de sécurité de nos forces et des prisonniers, les FARC ne dialogueront pas s’il n’y a pas démilitarisation de deux municipalités. Ce gouvernement passe son temps à renier ses promesses, à offrir de l’argent et à assassiner. La confiance est perdue.

Supposons qu’il y ait démilitarisation...

Raul Reyes. Personne ne peut garantir qu’un accord soit signé en soi. Il faut un processus. Les FARC sont disposés à délivrer Ingrid Betancourt, les trois agents de la CIA, tous les commandants et les policiers prisonniers retenus depuis plus six ans, des dirigeants politiques comme les députés du Valle del Cauca. Cela concerne à peu près cinquante personnalités. Nous demandons en échange la libération de tous les guérilleros et guérilleras qui, au moment de la signature de l’accord, se trouvent privés de liberté, y compris Simon Trinidad et Sonia, extradés aux États-Unis.

Comment va Ingrid Betancourt ?

Raul Reyes. Ingrid Betancourt va bien. Bien dans la mesure de l’environnement dans lequel elle se trouve. Ce n’est pas facile quand on est privé de liberté. Mais c’est une femme intelligente, affable... Elle n’a jamais été capturée parce qu’elle est française et encore moins à des fins économiques. Elle l’a été pour obtenir la libération de quelque 500 guérilleros. Cela entraîne des implications, des préoccupations. Elle voit qu’Uribe n’est pas intéressé par un échange humanitaire. Il a tout fait pour employer la force sans se préoccuper du fait que les prisonniers peuvent être tués au cours de ces sauvetages. Uribe réélu, les prisonniers voient s’éloigner la possibilité d’un accord. C’est une situation stressante. Mais aussi pour nos camarades en prison. Simon Trinidad se trouve en isolement total aux États-Unis. Les guérilleros, les prisonniers politiques et leurs familles respectives, tous attendent un accord humanitaire.

Peut-on la voir ?

Raul Reyes. Ceux qui veillent sur elle la voient. Moi non plus, je ne la vois pas...

Au-delà de l’échange humanitaire, comment comptez-vous parvenir à un accord de paix plus général ?

Raul Reyes. Pour obtenir la paix, il faut un gouvernement sérieux, responsable qui en ait la volonté. Nous avons proposé pour dialoguer la démilitarisation de deux départements : le Caqueta et le Putumayo. Que le gouvernement combatte tant qu’il le veut mais qu’il démilitarise une zone pour discuter avec une marge de sécurité. Lors du gouvernement d’Andres Pastrana (1998-2002), nous sommes parvenus à signer l’agenda des douze points (programme visant à l’amélioration de la situation politique, économique et sociale du pays - NDLR). Mais Uribe a décidé de rompre avec tout cela. Il en a donc fini avec le dialogue. Et de qualifier les FARC de terroristes. Le futur est dans la recherche de la paix, mais la paix sans la faim, une paix pour la justice sociale, la liberté, la souveraineté et le respect du peuple.

Dans ces conditions que vous inspire la - réélection d’Alvaro Uribe ?

Raul Reyes. Sa victoire est un feu d’artifice. Le fait le plus significatif est l’abstention (65 %). Aucun des candidats n’est parvenu à motiver les 26 millions d’électeurs. Les problèmes économiques et structurels persistent ainsi que la dépendance vis-à-vis des États-Unis. Le nouveau gouvernement est minoritaire, et donc illégitime. Un fleuve de dollars issu du patrimoine national mais également du narco-trafic des paramilitaires a irrigué la campagne d’Uribe. Ce gouvernement a obtenu également des votes sur la base de pressions, de menaces et de chantages. La crise est énorme.

Le président Uribe se targue de la « démobilisation » des paramilitaires...

Raul Reyes. C’est une pseudo-réinsertion. Dans les faits, c’est la légitimation du paramilitarisme, l’institutionnalisation du terrorisme d’État. Mettant à profit cette situation, les « paras » blanchissent les dollars issus du narco-trafic.

On vous reproche également de verser dans le narco-trafic...

Raul Reyes. Notre financement provient de l’impôt révolutionnaire. La séance plénière de notre état-major a approuvé et rendu publique, en 2000, une loi dite de « contribution ». Elle stipule que les personnes qui possèdent plus d’un million de dollars doivent apporter 10 % à la lutte révolutionnaire. Nous ne vérifions pas l’origine du capital, s’il provient du commerce de café ou du blanchiment de l’argent.

Et dans les départements où les plantations de coca sont importantes ?

Raul Reyes. Les FARC ne demandent pas d’impôts aux paysans cultivateurs de coca, de soja ou de café. La loi s’adresse à ceux qui ont un grand patrimoine. À l’origine les FARC interdisaient, là où nous possédions des fronts, que les gens cultivent la coca. Mais c’est devenu un problème social. Les paysans nous disaient : « Vous luttez pour nous, mais si vous nous empêchez de planter la coca, de quoi allons-nous vivre ? » Nous avons dû changer de politique. L’ennemi dit que nous les contraignons à cette culture. La réalité, c’est que les gens n’ont pas d’autres moyens pour survivre. Depuis l’application du modèle néolibéral, le café a cessé d’être le premier produit de l’économie, faute de pouvoir rivaliser avec des cafés moins cher. Des paysans ont déclaré qu’ils étaient prêts à arracher les plantations si le gouvernement leur garantissait une économie alternative. Nous les soutenons dans cette volonté.

La gauche est devenue la deuxième force politique. Quel regard portez-vous sur ce résultat ?

Raul Reyes. Le résultat du Pôle démocratique alternatif (PDA) est d’autant plus appréciable qu’il a dû mener campagne en surmontant beaucoup de difficultés, de persécutions. La construction d’une force alternative à la droite est un bon principe. Une gauche conséquente, combative, doit germer en faveur des intérêts de la nation, de la conquête du gouvernement et du pouvoir.

N’est-ce pas contradictoire que de s’affirmer pour la paix les armes à la main ?

Raul Reyes. Les FARC se défendent d’une guerre que l’État a déclenchée contre le peuple. Nous sommes issus du peuple. Des jeunes, des femmes et des hommes révolutionnaires, communistes, nous rêvons d’une nouvelle Colombie démocratique, pluraliste, construite en adéquation avec le XXIe siècle. Où les enfants ne meurent plus de faim dans les rues, où les États-Unis ne piétinent plus notre souveraineté. Une Colombie où il existerait une redistribution égalitaire des richesses, où l’on respecterait les droits des indigènes, de la jeunesse, des femmes et des personnes âgées.

On accuse également les FARC d’être responsables d’exactions.

Raul Reyes. On nous accuse de tout. Mais l’on ne peut pas nous accuser de trahir les idéaux colombiens. Nous ne nous soumettrons pas à la bourgeoisie et à l’oligarchie colombiennes. Il y a des régions où les services de renseignement militaire sont de mèche avec les paramilitaires. Ceux-là se font passer pour des civils et assassinent des amis des FARC et au-delà. Lorsque nous arrivons dans ces régions, nous les chassons. La lutte des FARC n’est pas contre les civils. Dans la guerre, il y a des « dommages collatéraux ». Cela ne devrait pas exister mais dans la pratique... Lamentablement, il faut aussi reconnaître que des erreurs ont été commises. Il faut trouver les solutions pour éviter qu’elles ne se reproduisent.

Toutes les guérillas d’Amérique centrale ont déposé les armes et se sont réinsérées dans la vie politique légale. Pourquoi pas en Colombie ?

Raul Reyes. Il n’y a pas d’autres manières de lutter. Lorsque les FARC ont signé un accord de paix en 1984, avec le gouvernement de Belisario Betancur, nous avons lancé l’Union patriotique, avalisée par le gouvernement. L’ultradroite, celle-là même qui gouverne avec Uribe, a assassiné les dirigeants de l’UP à commencer par Jaime Pardo Leal et Bernardo Jaramillo, candidats à la présidentielle, sans compter les milliers de militants tués. Les FARC ne luttent pas pour elles. Nous demandons des solutions aux problèmes qui affectent la société colombienne, exclue de l’exercice du pouvoir, réprimée par l’appareil d’État, exploitée par les multinationales et l’appareil gouvernemental. Pour les FARC, les armes, imposées par nos ennemis, sont un moyen pas une fin. Nous aspirons plus tôt que tard à une Colombie différente, à un gouvernement pluraliste de réconciliation nationale.

Entretien réalisé par Cathy Ceïbe

http://www.humanite.fr/journal/2006-06- ... -27-832415
Modifié en dernier par Bruno le 28 juin 2006, 09:24, modifié 1 fois.
Bruno

Message par Bruno »

Une autre article dans le même journal :


Huma a écrit :
Voyage dans ces montagnes contrôlées par la guérilla



Depuis quarante-deux ans, les Farc sont engagées dans un conflit meurtrier avec le pouvoir oligarchique. Un affrontement qui n’évite pas les pratiques douteuses.


Colombie,

envoyés spéciale

L’immense bras du fleuve se rétrécit peu à peu. Bientôt, la pirogue s’engage dans un dédale d’affluents étroits. La végétation se fait plus dense et déborde jusque sur les flots : troncs d’arbres, arbustes luxuriants, obstacles naturels et... oeuvres de la main de l’homme. Le cours d’eau n’est plus qu’un minuscule ru. L’embarcation est arrivée à destination. L’ascension peut alors commencer dans le bourdonnement assourdissant des insectes. Les rayons du soleil parviennent difficilement à transpercer les épais feuillages. L’humidité de la jungle colombienne est à couper au couteau.

Soudain, le terrain se fait moins accidenté. L’oeil mal averti ne distingue que malaisément les installations de ce campement des guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée du peuple (FARC-EP) tant il se confond avec le paysage des montagnes colombiennes. Dans une tente reculée, une guérillera, installée derrière sa radio, tente d’entrer en contact avec d’autres fronts de l’insurrection : échange des dernières nouvelles crachotées.

Un éternel recommencement

Il règne dans le camp une ambiance de ruche. Les insurgés, telles de petites abeilles habiles et concentrées, exécutent les tâches qui leur sont assignées. Certains s’affairent à choisir le bois qui servira aux futures constructions. « Il n’y a pas de place pour la monotonie et l’ennui », glisse un insurgé. L’activité permanente est un éternel recommencement, au gré des mouvements et des offensives militaires imposés aux unités et aux bataillons des FARC. « Nous sommes comme l’escargot qui transporte sa maison », explique une guérillera avec, en guise de bagage, un sac à dos contenant de maigres effets personnels.

Une petite passerelle traverse les lieux. De part et d’autre, les « caletas », des planches, montées en hauteur, servent de couches aux combattants. Ces planches sont leur maison, leur univers, leur espace d’intimité. Dans cette unité, comme dans les autres, femmes et hommes vivent, mangent, travaillent, gardent et combattent sans distinction, « avec des droits et des devoirs », précise Gladys (*). En tant que femme, elle dit ne s’être « jamais sentie discriminée ». Voilà près de vingt ans que cette guérillera a rejoint la clandestinité. « Je croyais que c’était désorganisé à cause de la vie dans les montagnes », se souvient-elle. Elle avoue y avoir tout appris. « Je ne savais pas travailler. J’ai dû apprendre à construire des caletas, à planter de la yucca (pomme de terre), des bananes... »

La vie dans la jungle n’est pas de tout repos. Bien qu’il règne une fraternité entre anciens et plus jeunes, le travail y est harassant. Elle est loin de l’image d’épinal du guérillero, cheveux au vent, scrutant les cimes des montagnes. Ici, pas de place pour les icônes romantiques de la révolution.

Coup de sifflet. Les guérilleros se regroupent : repas, tour de garde... Les tâches sont réparties. Mouvement insurrectionnel, cette guérilla n’en est pas moins une armée avec un règlement strict et une hiérarchie à respecter. « Je compte sur toi, mon fils, pour avoir un meilleur futur. » Ce sont les dernières paroles qu’Arley a entendues de son père, il y a quelques années. Le jeune homme, aujourd’hui âgé de vingt-sept ans, quittait alors à peine l’adolescence. Il se souvient de la difficulté d’être « loin de sa famille », surtout « les premiers jours ». Arley a toujours « ses proches à l’esprit ». Et puis, assure-t-il, « se dédier ici à la lutte, c’est leur apporter à eux également ». C’est aussi, peut-être, renoncer à jamais à les voir.

À cette évocation, Gladys fond en larmes. « C’est dur », parvient-elle à articuler. On a beau être guérillera depuis deux décennies, combattre une armée de professionnels ou encore les paramilitaires, être engagée contre « une guerre sale », le choix de l’insurrection implique des renoncements irréversibles. Gladys ne sera jamais mère. « Les enfants me fascinent, glisse-t-elle, mais dans ces conditions... Et puis ce serait un enfant de plus qui grandirait sans ses parents. » Pas question, pourtant, de parler de sacrifices. L’option de la voie armée est totalement assumée. L’unité devient le foyer et les « compañeros », les membres d’une nouvelle famille à part entière. « On s’identifie et on s’entraide », assure Arley.

L’environnement hostile, les conditions climatiques exécrables, le labeur incessant sont le quotidien du guérillero chaussé de bottes en plastique pour prévenir les morsures de serpents et affronter l’impraticabilité des terrains boueux. Gladys assure que « l’ambiance et l’atmosphère ne sont pas contaminées » en dépit des fumigations des plantations de coca.

L’oreille exercée peut entendre le bruit des moteurs des avions militaires sondant, depuis le ciel, l’épaisse végétation, dans l’espoir de repérer un campement. La région est plombée par le plan Patriote, une traque incessante du gouvernement contre les guérillas du territoire. À ce jeu du chat et de la souris au coeur de la jungle, les insurgés ont, depuis quarante-deux ans, une longueur d’avance. Soutien ou crainte de la population, ils gagnent la partie sur le terrain, en s’acclimatant au milieu et en l’apprivoisant. « On se camoufle pour ne pas être frappé », dit simplement Arley. Les couleurs vives sont bannies des vêtements de travail. Dans la rancha, la cuisine, le four est construit à même la terre, sur un flanc, pour éviter que le moindre filet de fumée ne s’échappe. En journée, le silence n’est pas de rigueur, mais seul le bruit des machettes et des scies rivalisent avec celui de la nature. « Je t’écris cette lettre de tristesse », la mélodie s’échappant du transistor est à peine audible.

Le soir, dès dix-huit heures, tandis que la lumière meurt dans les arbres s’élevant dans le ciel, les guérilleros, tels des chats, adaptent leur vue à la pénombre. La nuit tombée, le filet de lumière des lanternes individuelles rivalise avec les lucioles. À vingt heures, c’est l’extinction des feux. Interdiction de se lever, de parler, jusqu’au lendemain cinq heures. La garde veille sur le campement.

Depuis un jour, Daisy et d’autres guérilleros montent la classe, la aula. Travail de la terre, entraînement au combat, les insurgés s’assoient également sur les « bancs de l’école » pour les cours politiques : luttes des classes, marxisme... Quand les conditions le permettent, ils écoutent ensemble les informations du pays et du monde et les commentent. « L’idéologie est notre principale arme », rappelle Arley.

Une fois la classe montée, Daisy, fusil à l’épaule, dévale à toute allure la pente pour rejoindre la petite rivière en contrebas. Le « bain » n’est pas seulement le rendez-vous obligatoire de l’hygiène. Il est également un moment privilégié de détente. À peine ressourcée, elle enchaîne une garde de deux heures. Assise sur sa caleta, la jeune métisse touche à peine à sa timbale remplie de pâtes. « Mon engagement dans les FARC est lié à une nécessité : la souffrance, la pauvreté des familles colombiennes, explique-t-elle. Très tôt, j’ai pris conscience de cette situation. » Sa famille « collaborait avec la guérilla ». Elle s’est donc engagée avec les FARC en dépit des critiques et des récriminations. « Hier on nous accusait d’être des bandits, des narcotrafiquants. Aujourd’hui, nous serions des terroristes, simplement parce que Bush, après le 11 septembre 2001, en a décidé ainsi ? » Sans hausser le ton, elle affirme : « Les gens qui osent réclamer des droits, qu’ils soient syndicalistes ou travailleurs, sont accusés d’être des terroristes. » Pour Daisy, cette accusation « sert de prétexte au gouvernement pour nier le conflit interne qui déchire la Colombie ».

Aucun remord

ni regret


Le ciel s’est brutalement assombri. Quelques secondes plus tard, des trombes de pluies s’abattent sur la jungle. Sous les trombes d’eau, Manuel, imperturbable, continue de construire le Palco, où ses « camaradas » feront leur exercice et se mettront au garde-à-vous. Mettant à profit l’abondante averse, il nettoie le plancher avec une minutie déconcertante dans un tel décor.

Manuel cherche ses mots. Il n’a pas l’habitude de s’exprimer, s’excuse presque. « La répression est si violente qu’il est difficile de s’exprimer et de se battre à visage découvert, lâche-t-il. La seule manière de défendre sa propre vie, c’est de prendre le chemin des montagnes et les armes. » La vie dans la jungle est « un choix », « une nécessité », disent-ils tous, certains de participer à la construction d’une « nouvelle Colombie », « libre de tout ce régime oligarque », avance Gladys. L’objectif est « que tout le monde ait droit de cité, considère Daisy. La justice sociale, ce n’est pas la pax romana dépeinte par les gringos et Uribe, mais de réels droits humains sans distinctions de couleurs et de classes », ajoute-t-elle. Quelque part dans cette jungle colombienne hostile, des hommes et des femmes ont enfoui leurs états d’âme. Aucun remord ni regret...

Le jour se lève à peine lorsque la pirogue quitte le campement et s’engage dans le labyrinthe de verdure. Sous une pluie incessante, les insurgés sont déjà à l’oeuvre, à l’abri des regards.

(*) Tous les prénoms ont été modifiés.

Cathy Ceïbe
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alpha
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Message par alpha »

..merci...j'ai tout lu...
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Trudo
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Message par Trudo »

Merci Bruno !

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¡ Libertad !

;)
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andré-louis
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Message par andré-louis »

TOUS A PARIS

Parvis de l’hôtel de ville de Paris (75)


Paris (75)

Date : samedi 01/07/2006

Heures de début et fin :

de 17H30 à 18H30

Lieu de rendez-vous :

· Parvis de Hôtel de ville de Paris

Type de manifestation :

· Quelques jours avant les 1600 jours de détentions d’Ingrid et de Clara, les membres de nombreux comités de soutien français et étrangers se réuniront devant le portrait d’Ingrid, de 17h30 à 18h30 …

Responsable (s) à contacter :

*
Olivier ROUBI
* 06 23 91 04 39
* olivierroubi@neuf.fr

Plus de détails sur la manifestation :

Nos comités distribueront au public un feuillet d'information sur la situation dramatique d'Ingrid Betancourt et de tous les autres otages détenus en Colombie.

Un seul mot d’ordre :

Accord humanitaire : on ne perd pas espoir !

Le groupe TF GOSPEL SINGERS, accompagnera notre manifestation et interpretera entre autres («A capela » ) le titre de Renaud « Dans la jungle »…

-----------------------------------------------------------------

TF Gospel Singers travaille à l'amélioration du quotidien par le biais de la musique et du chant Gospel surtout. Ils enseignent à leurs élèves en plus du chant, les notions de partage, spiritualité, de l'amour de l'autre quelque soit ses origines…

Plus d’infos sur le Site Web: www.tfgospelsingers.com

et bien sûr sur www.betancourt.info

il y aura les comités français, belges irlandais et autrichiens
André-Louis
COMITES INGRID BETANCOURT BELGIQUE / FICIB
www.betancourt.info
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SVPat
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Message par SVPat »


S'lut

Demain....
1600 jours de captivité pour Ingrid et Clara


Et puis, Quand la Police se met au service des Farcs .....
SVPat


Le lundi 10 juillet 2006/Agence France-Presse/Bogota/COLOMBIE

Des policiers accusés d'enlèvements au profit des FARC

La police colombienne a annoncé lundi avoir arrêté sept policiers, dont cinq à la retraite, accusés d'effectuer des enlèvements au profit de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC.

Les policiers, appartenant à un réseau d'une dizaine de malfaiteurs, sont soupçonnés d'avoir remis les personnes kidnappées à la guérilla, à raison de 125 000 dollars par otage.

La bande serait à l'origine d'une soixantaine d'enlèvements dans les départements de Cundinamarca et Meta, dans le centre de la Colombie, depuis 2001, selon des sources policières citées par le quotidien colombien El Tiempo.

Les policiers véreux organisaient de faux barrages routiers pour intercepter leurs victimes, avant de les remettre aux rebelles.

Principale guérilla du pays avec 17 000 hommes, les FARC réclament la libération de 500 guérilleros emprisonnés contre celle de 58 otages, parmi lesquels figurent des personnalités politiques et militaires, dont trois Américains et la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt.
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Peps
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Message par Peps »

Faut bien arrondir les fins de mois...
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"Le réalisme est la bonne conscience des salauds"
George Bernanos.
david
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Message par david »

Je viens de finir le livre d'Ingrid "La rage au coeur", vraiment formidable ce combat qu'elle a mené et j'espère qu'elle pourra le continuer très prochainement.
"On court deux dangers spirituels à ne pas posséder une ferme. Le premier est de croire que la nourriture pousse dans les épiceries. Le second, de penser que la chaleur provient de la chaudière." Aldo Leopold
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SVPat
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