Soutien I. Bétancourt-3000 otages en Colombie

Engagements pour diverses causes, initiées ou non par Renaud...

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SVPat
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Prix Sakharov : pourquoi Ingrid Betancourt n'a pas été primée
28/10/2006 - Le Soir, Le Figaro

Le célèbre opposant bélarusse a été choisi par le Parlement européen pour recevoir ce prix qui récompense des personnes ou des organisations en lutte contre l'oppression, l'intolérance ou l'injustice. Opposant au régime autocratique du président Alexandre Ioukachenko, Alexandre Milinkevitch a été nettement battu par son rival en mars dernier lors d'une élection présidentielle entachée de multiples fraudes selon l'Union Européenne.

Alexandre Milinkevitch a réagi en déclarant que ce prix allait aux milliers de démocrates bélarusses. Etaient également en lice pour recevoir cette récompense dotée tout de même de 50000 euros toutes les associations luttant pour le sort des otages des guerillas en Colombie et le journaliste et diplomate libanais Ghassan Tuéni.

Et Ingrid Betancourt ?

Daniel « le Vert » Cohn-Bendit en était persuadé : Ingrid Betancourt et les otages colombiens allaient recevoir le « Prix Sakharov 2006 ». Son hypothèse : les chrétiens-démocrates (et assimilés) du PPE comme les socialistes du PSE s'arc-bouteraient sur la défense de leur candidat respectif. Incapables de se départager, Betancourt créerait le compromis.

Mais patatras ! Jeudi matin, la belle théorie s'est effondrée. La désignation du Biélorusse Aleksandr Milinkevich s'est déroulée (trop) facilement. En deux tours seulement. Entre présidents de groupes politiques et à huis clos, comme le veut le règlement. Lâché par le chef des libérauxdémocrates (ALDE) qui, avec les verts et le groupe des Indépendants, soutenaient jusque-là Betancourt, Cohn-Bendit s'est abstenu. Hier, il était « furieux ».

Pourquoi Graham Watson, le président des libéraux-démocrates, a-t-il tourné casaque ? Selon nos informations, l'Ecossais ne s'est pas abstenu au second tour, comme les verts l'espéraient. Au contraire, la voix libérale s'est ajoutée à celles du PPE et de l'Union pour l'Europe des nations (UEN) - où les eurodéputés issus des pays d'Europe centrale sont nombreux et soutenaient logiquement Milinkevich. L'importance numérique de ces groupes a permis de dégager une majorité en faveur du Biélorusse.

Exit donc Betancourt. Exit également le Libanais Ghassan Tueni, soutenu par les socialistes et les communistes de la GUE.

La volte-face de Graham Watson ne laisse pas d'étonner. Dans un premier communiqué de presse envoyé jeudi après-midi, quelques heures après le vote, son groupe ne faisait même pas mention de l'échec de la candidature d'Ingrid Betancourt. Il se félicitait en revanche de la victoire de Milinkevich.

« Je suis très fier »

Cerise sur le gâteau, l'eurodéputé polonais Bronislaw Geremek y déclarait : « Je suis fier du rôle que les libéraux-démocrates ont joué (...) en soutenant (Aleksander Milinkevich) (...) dans le vote d'aujourd'hui ». Une bourde. Deux heures plus tard, l'ALDE se fendait d'un correctif mentionnant cette fois Betancourt. De là à conclure que donner le Sakharov à la Colombienne n'a jamais été une priorité pour les libéraux - ou en tout cas pour leur président - il n'y a qu'un pas...

Les partisans d'Ingrid Betancourt sont déçus, sinon furieux. L'eurodéputée libérale Frédérique Ries se disait hier « très fâchée », taxant d'« abus de pouvoir la Conférence des présidents ». Elle demandera des comptes à Watson. Le vert Pierre Jonckheer dénonçait le système actuel de désignation du Sakharov, estimant que « celle-ci devrait se faire en plénière pour que le prix soit représentatif ». Le socialiste Marc Tarabella regrettait que le Parlement ait « raté une telle occasion »

Y a-t-il eu marchandage entre le PPE et l'ALDE ? Ils sont nombreux à le penser. Le Parlement vit son « mid-term ». Le 1er janvier prochain, le chrétien-démocrate Pöttering remplacera le socialiste espagnol Borrell au perchoir de l'institution. Une grande partie de chaises musicales est annoncée dans ses différentes structures. Pour les libéraux, l'heure est peut-être venue de conforter leurs positions, en caressant dans le sens du poil le très puissant PPE.
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SVPat
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Le Chaud et le Froid II

AFP 28.10.06 .Les FARC tendent de nouveau la main à Uribe
"C'est une grande lumière d'espoir qui s'allume avec cette annonce. Que Dieu fasse que le président y réponde positivement et ordonne le retrait des troupes de Florida et Pradera", a déclaré Yolanda Pulecio, mère de Ingrid Betancourt, :arrow: Lire la suite



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BOULOU
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Message par BOULOU »

:( à quand le bout du tunnel? :roll:
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Nataly
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Message par Nataly »

J'me d'mande :?
Chaque lueur d'espoir est systématiquement suivie d'une immense déception, chaque promesse (comme la vidéo de preuve de vie d'Ingrid, par exemple, à Noël dernier) tombe à l'eau...
Chaque fois que "nous" pensons voir le bout du tunnel, on entre systématiquement dans un nouveau trou noir, et eux ? Ont-ils vent de ce qui se dit, se trame, se prépare, se défait ? On ne le sait pas.

Nataly :cry:
Si tous ceux qui disent du mal de moi savaient ce que je pense d'eux, ils en diraient bien davantage ! (Sacha Guitry)
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Message par BOULOU »

J'espère que Renaud commencera son concert à Caen le 23/02/2007 avec la chanson "Dans la jungle", ce qui signifira peut-être la liberté de tous ces otages, et faire une méga fête ce soir-là :)
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SVPat
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Message par SVPat »

Le Chaud et le Froid III

Ingrid ne sera pas libérée tant qu'Uribe est président, selon son mari

BOGOTA (AFP) - Juan Carlos Lecompte, époux de l'ex-candidate présidentielle franco-colombienne Ingrid Betancourt, enlevée par la guérilla des FARC il y a quatre ans, a estimé dans une interview dimanche qu'elle ne serait pas libérée tant que Alvaro Uribe sera président.

"J'avais dit il y a trois ans, quand le projet de réélection (de M. Uribe) avait commencé à germer, que tant qu'Uribe sera président, les otages ne seront pas libérés. Et tant qu'Uribe sera président, je ne reverrai pas Ingrid", a-t-il déclaré à l'hebdomadaire El Espectador.

Il a affirmé qu'il l'attendrait "jusqu'à ce qu'elle sorte" de sa captivité. "Pour moi, cela va durer huit ans, on vient juste de passer la moitié du gué parce qu'il manque encore trois longues années (jusqu'à la fin du mandat) du président Uribe".

M. Lecompte a critiqué la décision prise le 20 octobre par M. Uribe de suspendre un processus de rapprochement avec les FARC qui aurait pu déboucher sur un échange entre 58 otages dont Mme Betancourt et 500 rebelles emprisonnés.
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JP
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Ticou
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Message par Ticou »

Après "Les Voix de l'Engagement" en février à Louvain-la-Neuve, avec la Ville et l'Université catholique de Louvain, autour des Comités Betancourt, d'Actions Birmanie et d'Amnesty, voici une autre déclinaison dans une autre université belge, celle de Liège, avec "Des Voix pour la Liberté".

C'est ce lundi 6 novembre:

http://www.ulg.ac.be/actu/betancourt061106.html

:D :D :D

Pis ici toujours, pour comprendre la genèse du projet : www.13fevrier.be
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SVPat
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Le Chaud et le Froid IV

Colombie: les FARC écrivent à des personnalités américaines, dont Denzel Washington

BOGOTA (AP) - Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont appelé jeudi l'acteur Denzel Washington et les réalisateurs américains Oliver Stone et Michael Moore à promouvoir un accord avec le gouvernement de Bogota sur un échange entre ses membres détenus par les autorités colombiennes et ses otages, parmi lesquels figurent trois ressortissants américains.

Dans un courrier également adressé aux universitaires américains Noam Chomsky, James Petras et Angela Davis, ainsi qu'au pasteur démocrate Jesse Jackson, les FARC demandent à ces personnalités de promouvoir cette initiative auprès du peuple américain.

"Au peuple des Etats-Unis, nous faisons appel à votre solidarité toujours généreuse pour faire pression sur le président Bush et son gouvernement pour qu'ils soutiennent un échange de prisonniers en Colombie", écrit le chef des FARC Raul Reyes dans ce courrier.
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Ticou
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Message par Ticou »

Après "Les Voix de l'Engagement" en février à Louvain-la-Neuve, une soirée "Des Voix pour la Liberté" était organisée lundi à Liège selon le même concept. A savoir, des paroles sur l'engagement évoquant le combat d'Ingrid Betancourt en Colombie et d'Aung San Suu Kyi, en Birmanie.

Cette soirée s'ouvrait à nouveau sur un texte fort. D'autant plus fort qu'il était dit par le comédien Jean-Marie Pétiniot. Avec son insistance sur certains mots, ses silences et son art de mettre de l'émotion pour rendre les humains moins tièdes...

Je vous livre ce très beau texte qui prend un peu moins d'ampleur quand il est lu que quand il est écouté. Mais je vous invite néanmoins à le lire.



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Entre deux nuits

Comment osons-nous ?

Comment osons-nous nous réunir ici, nous dont la santé nous permet encore de nous déplacer, nous dont la conscience a été épargnée de la torture ou de l’avilissement, nous dont la voix n’a pas été brisée et garde encore assez de vigueur pour nous adresser publiquement les uns aux autres, allant jusqu’à parler de ce nous ne connaissons pas ?

Sous toute parole, un gouffre : l’incapacité du langage à dire l’essentiel. Et quand l’essentiel est IN-HUMAIN…

Comment dire l’enfer ?

Comment approcher la souffrance totale de ceux qui sont là-bas, aujourd’hui, à l’instant même, isolés, enfermés, séparés de ceux qu’ils aiment et qui les aiment ? Comment approcher la souffrance sans mesure de ceux qui ont perdu jusqu’à la conscience de leur propre identité et dont nous ne savons même pas le nom ?

Aucun message de soutien, aucune réunion de solidarité ne dira jamais cela.

Aucun Comité, aucune Association, aucune Ville, aucune Université ne dira jamais cela.

La chanson de Renaud ne dit pas et ne dira jamais cela.

Dans la nuit la plus noire, les femmes et les hommes qui subissent la violence politique de plein fouet réclament d’abord le silence. Et, avec lui, l’envol d’une pensée nue, dépecée, dépouillée du moindre bavardage.

Primo Lévi, chimiste, éccrivain, italien, juif, rescapé du camp d’Auschwitz-Birkenau, s’est donné la mort pour avoir voulu rester fidèle à cette idée, à cette mémoire du silence, qui est à la fois un partage et un vertige.

Mais ce silence est aussi un piège.

A l’heure où nous parlons, la monstrueuse indifférence qui entoure le conflit du Darfour ajoute à la violence de la guerre celle du laissez-faire.

Au cœur du continent asiatique, Tibet et Tchétchénie ploient sous les coups de butoir d’anciens empires rendus ivres par la nostalgie de leur puissance passée, sans que les puissances d’aujourd’hui ne trouvent rien à redire !

En Amérique latine, le Mexique réprime ceux qui estiment avoir été trahis par des élections ambiguës et trouve sur son chemin vers la démocratie, non pas le soutien exigeant de la Communauté internationale, mais la construction d’un Mur de mille kilomètres de long, chargé d’enfermer son voisin nord américain dans une forteresse de richesses et de certitudes.

Et dans l’ombre de l’actualité internationale, à l’exception de certains sursauts médiatiques, d’autres pays sombrent dans l’oubli.

Depuis 1962, la Birmanie ne desserre pas d’un iota l’étau de fer et de sang qu’elle impose à tous ceux qui aspirent à la liberté. Son pouvoir militaire réprime sans limite. Sur la rive nord du continent sud-américain, la Colombie ne parvient pas à sortir d’un conflit armé qui déchire le pays depuis des décennies. Elle vit au rythme des exactions, des assassinats, des séquestrations.

Dans cette litanie d’une géopolitique sans visage, notre silence est d’abord le complice des puissants.

D’ailleurs, la junte militaire de Rangoon et le pouvoir corrompu de Bogota n’en demandent pas tant. Nos sommeils tranquilles leur suffisent. L’hypocrisie des institutions internationales, les calculs économiques et les compromissions diplomatiques de toutes sortes sont leurs plus solides atouts.

Pris dans la nasse des pays endeuillés par la répression et la guerre civile, les victimes des régimes politiques abjects ne veulent ni de ce silence complice ni de ces arrangements pervers.

Leur voix éteinte, leur corps épuisé ou anéanti, leur visage outré, sont un seul et un même cri.

Ce cri, nous refusons souvent de l’entendre, car si nous l’entendions plus souvent, nous deviendrions sourds !

Ce cri, nous refusons de le penser, car si nous logions dans notre propre pensée, nous deviendrons fous !

Mais voilà, c’est de cette surdité, de cette folie, qu’il est question ce soir. C’est cette chaîne du néant que nous voulons faire sauter, en répondant à ce cri par nos voix rassemblées, nos mots de rage ou de compassion, nos paroles en butte à l’indifférence.

A propos de Primo Lévi, Jorge Semprun, écrivain et prisonnier politique espagnol, rescapé du camp de Buchenwald, déclarait à Louvain-la-Neuve, il y a plus d’un an : « Plus il écrivait, plus il s’enfonçait dans la mort. Plus j’écrivais, plus je remontais vers la vie ».

Jorge Semprun, Simone Weil, Elie Wiesel et tant d’autres se sont servis des détours du Verbe pour témoigner et remonter inlassablement la pente vertigineuse de l’oubli.

Les faits sont incomparables, mais l’exigence est la même.

Entre la nuit de l’opprobre et la nuit du mutisme, ils ont fait usage de leur voix ou de l’encre. Ce soir, nous avons d’abord des mots, comme autant de pierres contre les fenêtres embrumées du dédain, autant de refus, de protestations, de poings contre les portes verrouillées de la honte et de la barbarie.
(à suivre)
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Ticou
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Message par Ticou »


Le 16 octobre dernier, Amnesty International apprenait la mort de Ko Thet Win Aung.

Ko Thet Win Aung était un ancien leader étudiant ayant participé aux manifestations démocratiques de 1988. Devenu par la suite secrétaire général adjoint de la Fédération nationale des syndicats étudiants de Birmanie, membre de la Ligue Nationale pour la Démocratie fondée par Aung San Suu Kyi, il a été condamné en 1991 à 9 mois de prison et torturé.

Réemprisonné en 1998, pour avoir participé à des manifestations pacifiques réclamant la remise en liberté de prisonniers politiques, il a été jugé en l’absence d’avocats, puis tenu au secret, et à nouveau torturé. Il souffrait de plusieurs maladies, dont la malaria.

Il avait protesté contre le manque de soins, l’insuffisance de nourriture dans la prison d’Insein – principal établissement pénitentiaire pour les prisonniers politiques birmans -, en faisant la grève de la faim en 2002. Selon des informations datant de 2005, il n’était plus capable de marcher sans assistance. Il s’est éteint à l’âge de 34 ans.

Comme lui, des milliers de militants des droits humains, responsables syndicaux, journalistes, opposants politiques, simples citoyens, croupissent au fond de geôles birmanes, brisés par la répression ou la mort.

Le 19 octobre dernier, un attentat à Bogotá blessait cinq militaires et une dizaine de civils. Toujours non revendiqué, attribué sans preuve par l’actuel gouvernement aux Factions armées révolutionnaires de Colombie alors que le Procureur général a dit ne disposer d’aucune preuve quant à ses auteurs, il a servi de prétexte à la partie gouvernementale pour interrompre brutalement les négociations en cours et le fragile espoir qu’elles contenaient. Un accord avait pourtant été obtenu concernant la démilitarisation de la zone de Prareda et Florida, dans le sud du pays, où devait avoir lieu l’échange de prisonniers. Une soudaine incursion des forces armées vient d’y mettre fin, suite au revirement des autorités.

Des attentats similaires ont eu lieu ces derniers mois en Colombie. Attribués initialement aux FARC, il s’est avéré, après enquête, qu’ils avaient été commandités par les éléments déstabilisateurs de l’armée, dont l’objectif est de s’opposer coûte que coûte à la recherche d’une solution négociée. Surfant sur l’émotion collective qui a suivi l’attentat, la Président Uribe a dit vouloir cesser « la farce de l’échange humanitaire » tant que dureront de telles opérations et recourir « exclusivement aux moyens militaires » pour sauver les otages.

L’engagement dans la voie militaire entraîne une recrudescence des violences et condamne à mort les personnes séquestrées. Il y a quelques jours, les FARC déclenchaient une opération sanglante contre un poste de police dans le nord du pays, faisant une trentaine de morts. En mai 2003, une dizaine de personnes séquestrées par les FARC avaient fait l’objet d’une tentative de sauvetage par l’armée. Quand celle-ci est arrivée sur les lieux, elle n’a trouvé que des cadavres.

Aujourd’hui, 58 personnes ayant exercé des mandats politiques – dont Ingrid Betancourt et Clara Rojas – sont détenues par les FARC, dont certaines depuis 9 années. Avec eux, des dizaines de responsables militaires et des centaines de civils, kidnappés en attente de rançons, forment un total de près de 3000 otages. La plupart sont aux mains des FARC, une autre partie est détenue par une guérilla concurrente, l’ELN.

Pendant ce temps, les groupes paramilitaires d’extrême droite continuent leur emprise sur le territoire colombien. Pratiquant la terreur systématique, ils assassinent ou « font disparaître » les militants des droits humains, journalistes, responsables syndicaux, élus politiques, simples citoyens. Plusieurs fosses communes ont été récemment découvertes sur la côte Caraïbe, recouvrant des milliers de corps. Et la semaine dernière, Reporters sans frontières annonçait l’exil forcé d’un journaliste, Otoniel Sánchez, qui enquêtait sur les agissements de certains paramilitaires dans le nord du pays.

A l’heure où nous parlons, cela fait plus de 11 ans qu’Aung San Suu Kyi, 61 ans, élue à la tête de son pays et Prix Nobel de la Paix, est assignée à résidence en Birmanie.

Cela fait plus de 4 ans qu’Ingrid Betancourt, 44 ans, députée et sénatrice, ex-candidate aux élections présidentielles de son pays, est séquestrée en Colombie.

Ingrid et Suu Kyi sont des victimes parmi d’autres d’une violence inouïe qui se propage dans l’indifférence. Mais par leur mandat électif, par leur volonté farouche d’avoir voulu affronter l’injustice au plus haut niveau de la vie politique, par le trait d’union qu’elles ont su instaurer entre Orient et Occident, par leur écriture enfin, elles sont devenues un chemin et une parole. Elles ont ouvert les yeux de l’Occident, qui se refusait à regarder ces dictatures ou ces guerres oubliées. Elles ont choisi de défendre les idéaux de justice et de démocratie au péril de leur vie. Elles ont opposé à l’atrocité la force inoubliable des mots. Elles symbolisent tous ceux qui, dans leur pays, subissent les pires formes de violence politique en raison de leur engagement.

Tous ces êtres piétinés par la sauvagerie des puissants et par la complaisance de notre tranquillité, y pensons-nous à chaque instant comment eux vivent, à chaque instant, l’absurdité du monde gravée à jamais dans leur chair ?

Car c’est au nom des valeurs de liberté et de dignité que ces êtres souffrent, c’est pour continuer à faire vivre des principes que les occidentaux utilisent au quotidien, mais dont trop souvent ils oublient le prix véritable, que ces êtres sont spoliés, leur intégrité piétinée, leur humanité bafouée, quand la nôtre croit pouvoir progresser dans l’ignorance de l’universel et le repli sur soi.

Voilà pourquoi ce soir, leur combat est d’abord le nôtre.

Voilà pourquoi ce soir, réentendre un peu leur voix n’est pas une commémoration ou un coup médiatique, mais un devoir moral

Voilà pourquoi ce soir, nous interroger pour agir concrètement en vue de leur libération et explorer inlassablement les voies d’un monde plus juste est une condition de notre humanité à tous.

Une parole va s’instaurer, comme un fil fragile au-dessus du silence. Une parole pour crier la révolte et réinventer l’espoir, arracher aux puissants les masques du mensonge et nous arracher à notre propre bassesse. Une parole pour dire, encore et toujours : non, plus jamais ça…
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andré-louis
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Message par andré-louis »

Voir aussi sur http://www.educweb.org/webnews/ColNews- ... negoc.html

La lettre des Farc

NOUVELOBS.COM | 10.11.06 | 12:21

Messieurs James Petras, Noam Chomsky, Jesse Jackson, Angela Davis, Michel Moore, Oliver Stone et Denzel Washington,

Nous en appelons à vous, symboles de l'intelligence et de la pensée honnête de la patrie de George Washington, Abraham Lincoln et Martin Luther King, pour que vous fassiez pression, par l'intermédiaire du peuple des Etats-Unis, pays influent, sur son gouvernement, en faveur d'un avenir de paix, de justice et de confraternité de tous les peuples du monde.En février 2003, l'avion de combat piloté par Thomas Howes, Keith Stansell et Mark Gonsalves, d'origine américaine, a été abattu par les guérilleros des Farc en territoire colombien, dans les plis de la cordillère orientale qui s'étendent vers le Caquetá. Les trois hommes ont été faits légitimement prisonniers parce qu'ils menaient une action de guerre au milieu d'un conflit armé que se livrent, au nom de la liberté, les Farc, Ejército del Pueblo (l'Armée du peuple) et l'Etat colombien.
Howes, Stansell et Gonsalves sont vivants, gardés dans la forêt et traités avec respect et dignité.



Ils sont les seuls prisonniers de guerre nord-américains vivants dans le monde.
Washington a investi des milliers de millions de dollars dans le cadre du Plan Patriota del South Command et tenté un dangereux et insensé sauvetage militaire. En agissant de la même manière, le président Uribe a causé dans le passé la mort déplorable d'un ancien ministre de la Défense, d'un gouverneur et de huit militaires.De fait, durant ces trois dernières longues années, les prisonniers américains ont couru des risques insensés à cause des opérations militaires destinées à obtenir leur libération dans le feu et le sang. Pour cette raison, nous ne pouvons pas accompagner cette lettre de preuves de vie qui pourraient apporter, au moins, un peu de tranquillité à leurs familles, mais nous promettons de donner des nouvelles au moment propice. Au peuple des Etats-Unis, nous appelons à sa solidarité toujours généreuse et pour faire pression sur le président Bush et son gouvernement pour qu'ils soutiennent un échange de prisonniers en Colombie, ou un échange humanitaire, comme ils préfèrent le nommer dans le Palais de Nariño. Nous devons gagner cette bataille de l'humanité, qui peut, en outre, ouvrir la voie à la paix et de justice sociale dans ce pays.
Malheureusement, la méthode façon tête brûlée employée par le président Uribe a semé de nombreux obstacles sur ce chemin.




Alors qu'on crée aujourd'hui de grands espoirs avec l'échange de prisonniers en Colombie, Uribe s'est empressé de dire qu'un éventuel échange ne pourrait pas s'appliquer aux guérilleros Simón Trinidad et Sonia pour le simple fait qu'ils sont entre les mains de la justice américaine.
Simón Trinidad, porte-parole des Farc lors des négociations de paix avec le gouvernement de Pastrana, a été extradé aux Etats-Unis sous de fausses imputations et de sales assemblages des services secrets et du Fisc colombien, qui n'ont jamais nié sa conduite motivée et sa détermination.
Sur la carte de citoyen de Sonia, digne guérillera paysanne, ils ont fait appliquer l'empreinte digitale d'une narcotrafiquante, allant jusqu'à changer son nom, tout cela afin de l'extrader.
A son arrivée aux Etats-Unis, elle fut incarcérée six mois dans un cellule obscure. Simón est resté toujours enchaîné, isolé, et on lui a retiré le plein exercice de ses droits légaux de défense devant une cour judiciaire étrangère qui ne parlait pas sa langue et ne savait même pas pourquoi elle le jugeait.
Bien qu'il ne soit pas membre de l'Etat-major central des Farc, les autorités l'ont présenté, avec perfidie, comme tel pour l'impliquer dans tout un concert de délits inventés, notamment lié au terrorisme.
A travers eux, on tente de punir la résistance des Farc à la politique de recolonisation néo-libérale et de supériorité de l'empire américain dans Notre Amérique, celle du sud. Simón et Sonia ont été extradés aux Etats-Unis par la violation du droit constitutionnel qui interdit l'extradition de citoyens pour des raisons politiques.
Nous désirons de tout cœur l'échange de prisonniers pour mettre un terme à la longue captivité des prisonniers des deux camps opposés, Simón, Sonia, Howes, Stansell et Gonsalves.
Sauf si face à ces prisonniers, les gouvernements de Colombie et des Etats-Unis envisagent une autre initiative raisonnable à proposer aux Farc. Le plus important est que tous recouvrent la liberté.
Noam Chomsky, James Petras et les peuples américain et colombien, nous les convoquons tous à se rejoindre sous ce juste drapeau de l'échange et de la paix, qui constitue en même temps un premier pas à la solution politique et diplomatique du conflit.
Comme nous l'avons exprimé dans un récent communiqué destiné aux militaires colombiens, "les programmes sociaux, les changements de structure, les accords de paix, sont plus efficaces et puissants que les balles et les opérations".
Nous aimerions voir un changement d'attitude de la part du gouvernement de Washington.
Au lieu de qualifier les Farc d'organisation terroriste avec des propos visant à délégitimer une organisation politique, au lieu de justifier son intervention dans un conflit national, qu'il pense au droit international des peuples à lutter contre les régimes injustes et oppresseurs. Le Libérateur Simón Bolívar nous a appris que "l'homme social peut conspirer contre toute loi positive qui veut infléchir sur son esprit" et que "quand le pouvoir oppresse, la vertu donne le droit de le renverser". "L'homme vertueux se lèvera contre l'autorité répressive et insupportable pour la remplacer par une autorité respectueuse et aimable".
Nous avons confiance dans les actions du peuple pensant et désireux de paix dont le cœur palpite au-delà du Rio Bravo, en espérant que les conflits du monde et du continent se résolvent dans la civilité et en tenant compte de la dignité des peuples.

Recevez notre salutation cordiale.

FARC-EP, Commission internationale
Raúl Reyes, membre du secrétariat
Montagnes de Colombie, octobre 2006
André-Louis
COMITES INGRID BETANCOURT BELGIQUE / FICIB
www.betancourt.info
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Mot de l'éditeur



Le 23 février 2002, Ingrid Betancourt, sénatrice et candidate aux élections présidentielles de Colombie, est enlevée par les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) en pleine campagne électorale. Depuis quatre ans et demi, elle est détenue quelque part dans la jungle ou dans la cordillère des Andes. Un jour de 2003, sa mère, Yolanda Pulecio, apprend qu’elle peut s’adresser à sa fille tous les matins via une émission de radio qu’écoute la guérilla. En exclusivité mondiale, les Éditions Robert Laffont publient les messages de Yolanda Pulecio à sa fille. Souvenirs d’enfance, témoignages de ses enfants, évocation d’un bonheur trop tôt enfui et d’une révolte jamais éteinte… D’un message à l’autre, nous découvrons Ingrid à travers le regard de sa mère : un livre bouleversant d’amour où se retrouveront toutes les mères et les filles du monde, et tous ceux épris d’un idéal de vérité et de justice. À travers ce récit intime se dessine aussi la figure de Yolanda Pulecio, une des femmes les plus charismatiques d’Amérique du Sud – le modèle et l’inspiratrice d’Ingrid.

18,05 € à la Fnac.

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Message par Ticou »



A la "une" de La Libre Belgique de ce jour, interview de Yolanda Pulecio, la maman d'Ingrid :


http://www.lalibre.be/article.phtml?id= ... _id=312857
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