Qu'est-ce qu'on s'fait chier...

Engagements pour diverses causes, initiées ou non par Renaud...

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Peps
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Qu'est-ce qu'on s'fait chier...

Message par Peps »

« Peut-être le mal du siècle, c’est l’emballage. »
La réponse est non, même si Diabologum n’était pas loin de la vérité.

Le mal du siècle est né au siècle dernier. En 1928 très précisément.
C’est Edward Bernays (neveu de Freud) qui lui a donné officiellement naissance dans son essai, « Propaganda » 1.
Le mal du siècle, c’est la propagande.

Le remède pour soigner de la propagande, et de sa branche commerciale, le marketing (dont le symptôme le plus évident est l’envie de consommer), n’est pas encore distribué en pharmacie.
Mais la recherche avance ; Rome ne s’est pas faite en un jour, Pasteur n’a pas découvert la pénicilline en une nuit. Laissons-nous le temps.

Et commençons par le commencement. Balançons donc Echoes dans nos esgourdes.
Voilà.

Nous sommes donc de bons citoyens. Soucieux de notre devenir de celui de notre prochain ; de notre pays ; de notre monde ; et même de cet autre monde, le tiers du notre.
Nous voulons du bonheur pour tous. De l’argent pour tous. Du travail pour tous.
Pour cela, « on » nous dit qu’il faut consommer. Parce que cet argent que nous réinjectons dans l’Economie (oui, on y met une majuscule, comme à Dieu) participe, comme les petits ruisseaux font les grandes rivières, à la Croissance (même remarque). Et cette sacro-sainte Croissance, que tout politique avisé, que tout journaliste en place, que tout expert désigné par les catégories précédentes, que tout « on » se doit de glorifier à tout moment sera le levier qui ouvrira la corne d’abondance.
Ainsi, nous aurons du travail. Donc de l’argent. Donc nous serons heureux.

Mais pour que le moteur de la croissance tourne au régime idéal (celui du profit maximal des télévangélistes et autres apôtres de cette croissance quotidiennement glorifiée), l’industrieuse mise en mouvement des serviles bras de la nuée invisible des travailleurs du monde entier n’a pas été jugée suffisante.
C’est ainsi que le marketing s’est imposé comme le carburant indispensable à cette belle mécanique qu’est la croissance. Quand une société est basée sur l’offre et la demande, il est indispensable de s’assurer que la demande corresponde à l’offre. C’est le but du marketing que de créer ce « besoin ». Sentiment de besoin me semble plus approprié (de la même manière que l’on doit parler de sentiment d’insécurité plutôt que d’insécurité). Ou besoin d’appartenance à un groupe - « dis-moi ce que tu consommes, je te dirai qui tu es. »

Quand un message est si universel, unanime, omniprésent, peut-on le remettre en cause ?
Allons plus loin encore : pense-t-on à le remettre en cause ?
Tout le monde connait ce cercle vertueux : la consommation crée la croissance qui permet à la société de s’enrichir, donc de consommer plus etc…
Mais qui peut en expliquer les mécanismes précis ?
Comme l’expose Pierre Bourdieu en novembre 1996 lors des états généraux du mouvement social 2, l’enchaînement qui va du mathématicien en science économique au banquier, du banquier au politique, du politique au journaliste, et du journaliste au citoyen n’est pas une chaîne de démonstration, mais une chaîne d’autorité.
Il me semble toujours judicieux de s’interroger sur l’autorité. Notamment quand la pratique est visiblement à mille lieues de la théorie. Parce que les indicateurs nous montrent que ce modèle tant vanté ne réduit pas les inégalités, mais au contraire qu’il les creuse. Il est important d’avoir un œil critique sur la croissance du PIB, sur l’augmentation de la moyenne des salaires, et sur l’utilisation de la statistique en général 3.

Et donc, nous nous interrogeons sur la justesse des théories économiques. Et on apprend, par exemple dans « Impasse Adam Smith » de JC Michéa, que depuis le début des années 70 des économistes ont démontré que l’hypothèse capitaliste (« l’idée que le libre échange généralisé représente le meilleur fondement possible de l’harmonie sociale ») était illusoire, que toute la science économique « officielle » était construite sur des théories (celles d’Adam Smith) erronées. Que les modèles mathématiques tournent à vide, du fait de l’abstraction absolue de leurs postulats initiaux – les recherches actuelles dans ce domaine ne servant qu’à légitimer l’économie comme science exacte.
Et il est une hypothèse compréhensible par tous qui doit nous faire douter de la justesse des théories capitalistes tirées d’Adam Smith : ce modèle économique part du postulat que la matière première est une ressource illimitée. Rares sont ceux qui peuvent comprendre les théories économiques, et je n’en fait pas partie. Mais n’importe qui peut comprendre que des théories ne tenant pas compte dans les données initiales de la réalité du monde ne devraient pas avoir un impact aussi important sur la conduite de la société, et sur la vie des individus qui la composent.

C’est ce dernier point qui légitime l’écologie politique comme seul opposant aux politiques néo-libérales. Parce que l’écologie politique naît de la prise en compte, dans la marche du monde, de ce monde, réél, concret, vivant ; là où, comme nous l’avons vu, le néo-libéralisme est né d’une abstraction qu’est le capitalisme d’Adam Smith.


(A suivre...)


1. Disponible en ligne avec une préface de Normand Baillargeon : http://www.editions-zones.fr/spip.php?p ... chapitre11
2. « Contrefeux », Pierre BOURDIEU, Ed. Raison d’agir.
Texte en ligne : http://www.homme-moderne.org/societe/so ... rcheu.html
3. Une initiation à la statistique d’un point de vue critique : « Petit manuel d’autodéfense intellectuelle » de Normand Baillargeon, Ed. LUX : http://www.luxediteur.com/lux/instinctd ... index.html
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Styx
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Message par Styx »

Il vient d'où ce texte ?
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Peps
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Message par Peps »

De Peps, Ministre de l'Economie du gouvernement Moumou.
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Pierre de B.
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Message par Pierre de B. »

Tha_moumou a écrit :
(...)

Il faut donc en finir avec ça. Certes ça n'arrivera jamais, mais y a pas de mal à se faire plaize en écoutant François Béranger.
A mon avis au plus tard le 15 avril,
pile poil 100 ans après :(

Pierre
l'Union europeénne vient de débloquer 2.5 millions, les Etats-Unis 250'000.- seulement;
soit de quoi financer 30 secondes de Guerre en Irak.

Suite au cyclone en Birmanie,
entendu ce 6.05.08 dans le journal de 7 heures sur Couleur 3
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lucien
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Message par lucien »

"Tant qu'il y aura de l'argent, y'en aura jamais assez pour tout le monde!"

y'avait écrit ça, sur le mur de mon immeuble, juste en dessous de: "La meilleure défonce, c'est l'attaque" (mais ça c'était un message perso).
"La seule différence entre un fou et moi, c'est que moi, je ne suis pas fou".
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krys
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Message par krys »

N'empêche que "kikoo, lol"
c'est moi qui l'avais marqué
c'est dire si j'ai raison.
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Peps
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Message par Peps »

Tha_moumou a écrit :Et comme ce sont les états et leurs émanations qui contrôlent la pénurie d'argent, on peut dire que l'état c'est caca.
L'état contrôle certes la pénurie (quoique depuis l'euro c'est la BCE, totalement indépendante des états européens, qui contrôle l'édition de monnaie, si je ne dis pas de connerie), mais il contrôle aussi les prélévements et la redistribution.

Il a donc les moyens d'agir sur l'inéquité, comme le faisait Robin des Bois.
Après, c'est une question de volonté...


Mais ce qui me titille le plus, c'est que personne ou presque ne pointe l'aberration écologique que traîne le capitalisme depuis sa théorisation ; qu'on arrive à faire un Grenelle de l'Environnement (dont les propositions sont pour l'instant restées lettres mortes, mais là n'est pas le propos) sans aborder la question du développement économique et de la réserve finie des matières premières, quand on a un baril de pétrole qui a dépassé les 100 $, c'est une preuve incroyable de l'aveuglement idéologique des "élites". Ou de connivence idéologique, plutôt.
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Peps
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Message par Peps »

Bien sûr que l'état c'est caca.


Mais le caca c'est un mal nécessaire pour pas qu'on explose de l'intérieur.


Et évidemment que je suis d'accord avec le Président sur la pseudo-indépendance de la BCE. Mais n'empêche que cette pseudo-indépendance est déjà trop indépendante pour certains conseillers de Sarkozy, cet usurpateur.
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Peps
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Message par Peps »

Je suis encore d'accord avec le Président !
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Blaise Poulossière
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Message par Blaise Poulossière »

Merci pour vos efforts mais désolé, on se fait toujours autant chier sur Renaud Militant !
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Peps
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Re: Qu'est-ce qu'on s'fait chier...

Message par Peps »

Dès qu'on poste des trucs un peu intelligents ici, on n'a pas beaucoup de réactions, hein...




Bon allez, un résumé pour les feignants : le néolibéralisme c'est caca ! Mais c'est pas avec la gauche productiviste qu'on le combattra.

Remarquez, ils sont pas plus prolixes sur le forum de l'UMP...
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