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Où était la France en 1942 ?
Par Samuel, mardi 24 juillet 2012
François Hollande s'est mis dans les pas de Jacques Chirac en réaffirmant que la responsabilité de l’État français est totale dans la rafle du Vel d'hiv, et plus globalement, dans les déportations de juifs. Certes, il y avait une demande allemande, mais certains pays, comme le Danemark, on dit non et ont largement sauvé leurs juifs. Si le régime de Vichy avait dit non, et refusé d'organiser matériellement les rafles et les déportations, les autorités allemandes n'auraient sans doute pas fait grand chose, vu qu'elles n'en avaient pas les moyens. La priorité des occupants allemands était la lutte contre les résistants et le ravitaillement. Le reste, et notamment les juifs, c'est si on a le temps...
Donc, oui, le gouvernement français est pleinement responsable, et n'en déplaise à certains, il n'y a pas que des belles choses dans notre histoire, il y a aussi des taches, et c'est une attitude courageuse que de les assumer. Certes, il y avait aussi des français engagés contre le nazisme, il y avait aussi des "Justes" qui ont sauvé bien des familles juives. Mais il y avait aussi des Papon, bons fonctionnaires français, capables de servir de la même manière tous les régimes politiques. Parce qu'il en a fallu du monde pour faire le recensement des juifs, mener les rafles, assurer les déportations. C'est toute la logistique administrative qui a été mise en branle, et qui a très bien fonctionné ! Il y a bien eu quelques protestations, mais elles n'ont rien empêché.
En 1940, la France réelle, peuplée de 40 millions d'habitants, était largement pétainiste, et elle l'est en grande partie restée jusqu'en juin 1944. Lorsque Pétain effectue une visite à Paris en mai 1944, il est acclamé par la population, la même qui, en août, acclamera le général de Gaulle. Dire que la "vraie" France était à Londres est un mythe politique construit par De Gaulle pour habiller sa prise de pouvoir de fait. Les résistants ont sauvé l'honneur des français, en montrant que certains d'entre eux refusaient et se battaient. Mais ils n'ont pas sauvé l'honneur de la France, car quoiqu'en pense Monsieur Guaino, la France, en 1942, était plus à Vichy qu'à Londres. Je sais, c'est dur à assumer, mais c'est pourtant la vérité historique...
Ce que je souhaite retenir de cet épisode, ce n'est pas tant l'antisémitisme, d'autres le font très bien et une voix de plus ou de moins ne changera pas grand chose au volume sonore. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que mis dans des situations extrêmes, nous pouvons soit être courageux et résister au péril de notre vie, mais nous pouvons aussi être d'une grande lâcheté, voire pire. C'est facile, 70 ans après, de se placer dans le "bon camp", mais c'est une autre histoire quand, dans le feu des évènements, nous avons à choisir, sans recul. Ce qui me fait très peur, c'est que j'en connais beaucoup qui, si on était non pas le 24 juillet 2012 mais le 24 juillet 1940, seraient en train de prêter serment au Maréchal, pour conserver leurs postes, préserver leur carrière, ne pas prendre de risque physique, ou tout simplement, pour faire comme les autres. Le 10 juillet 1940, les pleins pouvoirs sont votés à Pétain par 569 pour et 80 contre...
On se retrouverait aujourd'hui dans la situation de 1940, je crains fort que nous ne reproduisions le comportement des français de l'époque. Une poignée de résistants, autant de collabos (et on pourrait être surpris des engagements de certains) et une masse passive qui songe avant tout à son confort et qui accepte à peu près n'importe quoi, du moment qu'elle n'a pas à en subir de conséquences personnelles. Même s'il n'y aucune commune mesure, il suffit de voir notre capacité à nous voiler la face sur le sort des plus faibles, sur les sans-papiers par exemple. En 1942, nombre de français n'ont pas fait autre chose que détourner le regard, et quand il étaient impliqués, de se justifier par les ordres des supérieurs et l'exercice de leurs fonctions.
Malheureusement, cette leçon, on ne la tire pas.