25 novembre, une journée internationale de plus ?

Engagements pour diverses causes, initiées ou non par Renaud...

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Marie la Belge
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25 novembre, une journée internationale de plus ?

Message par Marie la Belge »

25 novembre : Journée Internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
"La violence dans le couple, cela commence dès que l'un affaiblit l'autre."

http://www.huffingtonpost.fr/les-fatals ... 35536.html
Les Fatals Picards et Najat Vallaud-Belkacem
Violences faites aux femmes: la meilleure arme, c'est la parole
Publication: 25/11/2013 07h38
Journée Internationale de lutte contre les violences faites aux femmes : Najat Vallaud Belkacem répond aux questions des Fatals Picards.

Elles s'appelaient Patria, Minerva et María Tereza Mirabal. Nées pendant l'entre-deux-guerres en République dominicaine, dans un milieu bourgeois et progressiste, elles eurent le malheur de froisser la susceptibilité de Rafael Trujillo, un président de la République peu enclin à laisser le souffle du changement marcher sur les plates-bandes d'un régime de plus en plus dictatorial. Le 25 novembre 1960, sur ordre de ce dernier, les trois soeurs furent assassinées à coups de machette avant d'être jetées au fond d'un précipice.

En 1981, en mémoire des sœurs Mirabal, la date du 25 novembre fut choisie par des militants pour le droit des femmes comme journée de lutte contre la violence.

Le 17 décembre 1999, par sa résolution 54/134, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 25 novembre Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

En 2013, selon les données de la Banque mondiale, le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme âgée de 15 à 44 ans, que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis...

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Les Fatals Picards : Madame la Ministre des droits des femmes, tout d'abord un grand merci d'avoir accepté cette invitation. Dans un monde qui voit se multiplier les "Journées de..." avec tout ce que cela comporte comme risques de banalisation, comment fait-on pour que le 25 novembre sorte du lot ?

Najat Vallaud-Belkacem : La date en elle-même n'est qu'une invitation à agir. Ce sont d'abord les associations de lutte contre les violences faites aux femmes qui ont réussi à en faire un rendez-vous important. Elles ont pris l'habitude de manifester, de se réunir, de lancer des campagnes de terrain à l'occasion du 25 novembre. Contre les violences, la meilleure arme, c'est la parole. Sur ce sujet en particulier, il est indispensable de rompre le silence. Et pour rompre le silence, il faut se rassembler. C'est l'intérêt d'une date comme celle-là. Pour ma part, j'ai voulu en profiter, non seulement pour présenter notre feuille de route gouvernementale contre les violences faites aux femmes, mais aussi pour mobiliser le grand public. C'est le sens de la campagne que j'ai lancée à la télévision et à la radio.

LFP : En France, les femmes ont obtenu le droit de vote en 1944. Simone de Beauvoir a publié Le Deuxième Sexe en 1949. Le Manifeste des 343 date de 1971 et la loi Veil relative à l'interruption volontaire de grossesse de 1975. Si la deuxième moitié du XXème siècle a pu donner des signes forts de l'amélioration de la condition féminine, n'est-il pas légitime de se poser aujourd'hui la question du "retour en arrière" ?

NVB : Je crois que cette marche pour l'égalité entre les femmes et les hommes a encore de belles étapes à franchir. Mais les choses évoluent dans le bon sens. Nous avons un gouvernement paritaire et la part des femmes parmi les élus progresse. Notre droit s'est mieux armé contre les discriminations au travail. Il y a toujours eu des oppositions à ces avancées. Elles sont encore là, avec les mêmes inspirations et les mêmes proximités politiques. Mais cela ne nous empêche pas d'avancer.

LFP : Notre chanson "Gros con" évoque le triste sort d'une femme battue par un compagnon alcoolique, une situation que d'aucuns pourraient juger comme caricaturale même si l'alcool joue un rôle majeur dans nombre de cas. Si l'on élargit un peu le propos, on réalise que la violence commence très souvent dès le début de la relation de manière beaucoup plus insidieuse. A partir de quel moment peut-on parler de violence ?

NVB : La violence dans le couple, cela commence dès que l'un affaiblit l'autre. Il y a beaucoup de formes de violences. La violence psychologique précède souvent la violence physique. Avant de lever la main sur sa femme, l'agresseur la dénigre, l'isole, l'insulte. On peut parfois aussi parler de violence économique, quand l'agresseur menace sa femme de la priver de ressources pour lui imposer ses choix.

LFP : Le pourcentage des actes qui font l'objet d'un dépôt de plainte de la part des victimes reste très en deçà de la réalité des faits. Comment peut-on faire pour que cette "loi du silence" cède peu à peu le pas à celle de la parole libérée ?

NVB : C'est l'enjeu principal du plan d'action gouvernemental que j'ai présenté vendredi. Pour lutter contre la loi du silence, il faut lever le tabou. Tous les professionnels qui sont au contact des victimes doivent être formés pour ne pas passer à côté d'une victime qui avait besoin de réponses. Médecins, policiers, gendarmes, magistrats, enseignants : le plan de formation que nous avons lancé est très large, pour faire monter le niveau de vigilance dans la société. Par ailleurs, nous avons décidé d'adapter la réponse aux victimes de violences conjugales qui se présentent à la police ou à la gendarmerie sans vouloir déposer plainte. Nous nous organisons pour qu'elles soient systématiquement orientées vers un intervenant social ou une association spécialisée. C'est en trouvant une écoute attentive que la victime pourra changer d'avis, et accepter de déposer plainte.

LFP : Au cœur de cette doxa* pointée du doigt par le sociologue Pierre Bourdieu dans son essai sur la domination masculine, le facteur économique joue un rôle majeur dans la persistance de situations intolérables. Cela nous renvoie plus généralement au statut de la femme dans une société qui ne favorise toujours pas son indépendance ?

NVB : Je crois que tout est lié. Les stéréotypes qui conduisent les femmes à certains métiers et les hommes à d'autres sont les mêmes que ceux qui amènent un homme à refuser l'égalité dans son couple. Il y a une cohérence entre ce que le ministère des droits des femmes fait pour l'égalité professionnelle, pour la mixité, pour la parité aux élections, et contre les violences.

LFP : Vous avez rappelé récemment dans une tribune publiée à l'occasion de la Journée internationale des Droits de l'Enfant l'importance qu'il y avait de protéger les plus jeunes contre ces violences dont ils sont trop souvent les témoins voire les victimes. Depuis la loi du 9 juillet 2010 l'Etat dispose d'un arsenal juridique plus efficace qui passe notamment par des "actions de sensibilisation en milieu scolaire et universitaire". L'école étant par excellence le lieu de l'éducation des futurs citoyens, qu'en est-il concrètement de ces actions en 2013 ?

NVB : C'est d'autant plus important que les enfants, qui sont toujours victimes de ces violences, même s'ils ne prennent pas directement de coups, sont susceptibles de reproduire cette violence à leur tour, si rien n'est fait pour soigner ces blessures. L'école est l'institution la mieux placée pour lutter contre les stéréotypes, et pour apprendre à tous les jeunes le respect : le respect de soi-même et le respect des autres. Nous avons ainsi lancé, avec Vincent Peillon, les "ABCD de l'égalité", qui permettent aux enseignants de faire réfléchir les classes sur ces préjugés.

LFP : Et sinon, un "gros con" ça se soigne ?

NVB : Oui. Certains - c'est rare - demandent eux-mêmes des soins. Le plus souvent, c'est la justice qui les conduit à suivre des soins, ou à participer à des stages de citoyenneté. Dans le projet de loi que j'ai présenté, je systématise ce que j'ai appelé des "stages de responsabilisation des auteurs" pour les mettre face a la gravité de leurs actes et les sortir du déni. C'est le meilleur instrument de lutte contre la récidive. J'ajoute, parce que c'est important, que la victime aussi peut avoir besoin de se soigner. Nous avons décidé, avec Marisol Touraine, d'améliorer ce parcours de soins pour les femmes victimes.

LFP : Depuis votre nomination au poste de Ministre des Droits des femmes vous avez eu l'occasion de voyager beaucoup - notamment en Inde en octobre dernier - de rencontrer des personnes impliquées dans des combats que vous soutenez. Quelle influence ces rencontres ont-elles pu avoir sur votre lecture de la condition féminine ?

NVB : Je suis partagée entre la colère et la confiance. La colère que m'inspire la vie des femmes qui n'ont aucun droit, et la confiance que l'on peut avoir en elles pour se battre. J'ai rencontré des femmes déterminées, lucides et ambitieuses. Ce sont elles qui redonnent espoir. Et qui donnent du sens aux initiatives que nous menons contre les violences faites aux femmes dans les instances des Nations unies.

LFP : Merci beaucoup Madame la Ministre :)

*La doxa est l'ensemble des opinions reçues sans discussion, comme évidentes, dans une civilisation donnée. (Le Robert)
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Marie la Belge
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Re: 25 novembre, une journée internationale de plus ?

Message par Marie la Belge »

"La violence dans le couple, cela commence dès que l'un affaiblit l'autre."
"Et sinon, un "gros con" ça se soigne ?"
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Sophie du moulin
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Re: 25 novembre, une journée internationale de plus ?

Message par Sophie du moulin »

Merci Marie pour ce petit rappel et c'est un vaste sujet !
La violence faite aux femmes dans la société et pas que dans le couple....Moi dans l'asso que je fréquente, on voit que la violence faite par le corps médical aux femmes (surtout par maladresse mais pas que) existe aussi :( C'est certes pas une cause prioritaire mais c'est navrant de voir que même là ça existe !
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_PM_
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Re: 25 novembre, une journée internationale de plus ?

Message par _PM_ »

En 2013, selon les données de la Banque mondiale, le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme âgée de 15 à 44 ans, que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis...
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Sophie du moulin
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Re: 25 novembre, une journée internationale de plus ?

Message par Sophie du moulin »

PatK a écrit :Après, faire une journée mondiale pour ça, comme pour toutes les journées du même acabit, à force de les multiplier, plus personne ne va en avoir quoi que ce soit à cirer !
Oui ça c'est le risque :( Mais bon on n'en est pas là puisqu'on en parle ! :)
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Born X
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Re: 25 novembre, une journée internationale de plus ?

Message par Born X »

La première décision vient du coeur et l'intelligence, dont nous sommes tous dépositaire, doit faire ce que notre coeur décide.
La normalité n'est pas le summum de ce qui peut s'atteindre.
Anne-Claire Damaggio
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Marie la Belge
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Re: 25 novembre, une journée internationale de plus ?

Message par Marie la Belge »

Je vous préviens : il est terrible, ce clip.
Paru en Belgique depuis plus d'un an.
http://www.egalite.cfwb.be/index.php?id=8582
http://www.fredetmarie.be/
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