Sophie du moulin a écrit : ↑20 juin 2022, 17:27 J'ai toujours du mal à comprendre pourquoi tant d'électeurs de mon coin sont séduits par le discours de l'extrême droite.
Sophie du moulin a écrit : ↑20 juin 2022, 17:45 Ben pas vraiment. A part que les électeurs RN sont connus pour être peu abstentionnistes. Mais bon, qui sont vraiment les abstentionnistes ? Moi je l'ai été hier parce que voter blanc, est-ce vraiment utile ? Mais pas au premier tour, je ne l'étais pas.
Pourtant, le graphique posté par ac2n est très parlant.
Les gens en ont marre de ce système à bout de souffle (la Vème République) qui résout de moins en moins leurs problèmes. Le fait qu'ils ne se sentent plus du tout représentés à l'Assemblée nationale (et ils ont raison, il ne le sont pas !) ne les encourage pas non plus à se motiver pour des élections qu'ils jugent stériles ou jouées d'avance.
La situation s'est aggravée depuis qu'on a instauré le quinquennat pour les élections présidentielles, qui ont désormais lieu, depuis 20 ans, en même temps que les élections législatives, et même, encore pire, un peu avant celles-ci !
La spécificité des élections législatives de cette année, c'est qu'il n'y avait plus de "front républicain". Macron avait déjà dynamité la gauche et la droite "classiques". Il vient de dynamiter l'idée même de "front républicain" pour faire barrage à l'extrême-droite. Après avoir remercié les candidats et les électeurs de gauche qui ont permis sa réélection à l'issue du second tour des présidentielles, il a passé son temps de campagne législative à taper sur Mélenchon, et donc sur la gauche tout entière rassemblée sous la bannière NUPES, et donc sur ses électeurs, en épargnant le RN. Et il n'a pas appelé à voter pour la gauche en cas de duels NUPES/RN au second tour. En bonne logique, les électeurs et les candidats de gauche lui ont, pour la première fois, rendu la pareille !
Par exemple, tu dis que dans ta circonscription, au second tour, tu n'avais plus le choix qu'entre un candidat macroniste et un candidat RN. Résultat, tu n'es pas allée voter. Et je te comprends. Perso, j'ai la chance de vivre dans une des rares villes de la région PACA ou le FN/RN a toujours fait des scores très bas, j'avais donc le choix entre une candidate macroniste et une candidate NUPES (qui a perdu, bien évidemment, c'est une ville traditionnellement de droite classique). Mais, si je m'étais retrouvé dans ton cas, soit j'aurais fait comme toi (enfin, je serais allé voté blanc/nul, pour le plaisir vain mais cathartique de barrer avec rage le nom "Emmanuel Macron" sur le bulletin de vote, comme je l'ai fait au second tour de la présidentielle ). Il y a 99% de chances que j'aurais fait ça. Mais il reste la 1% de ma conscience qui m'aurait peut-être poussé à voter RN pour la première fois de ma vie ! (Et j'en aurais pas été fier, je peux te le jurer ). Pour deux raisons : premièrement, pour que Macron n'ait pas la majorité absolue à l'Assemblée nationale ; deuxièmement, pour que cette même Assemblée soit plus représentative de la population française.
Je suis en partie déçu du résultat des élections, car j'aurais aimé que la NUPES gagne beaucoup plus de sièges. Mais je suis content que Macron n'ait plus la majorité absolue à l'Assemblée, même si le risque est qu'il gouverne encore plus à droite en essayant de mettre les députés LR dans sa poche.
Bref, je comprends parfaitement le vote des électeurs qui se sont déplacés au second tour des législatives. Et la plupart des gens ne sont pas "séduits", comme tu dis, par les idées du RN, pas plus qu'ils ne sont "séduits" par la NUPES. Ils veulent juste faire barrage à la toute puissance de Macron (qu'ils ont subie pendant 5 longues années !) et ils veulent plus de représentativité, à l'intérieur du cadre que leur propose une Vème République construite sur des scrutins majoritaires à deux tours, hyper présidentialisée et très peu représentative de la population. Le pari est à moitié réussi, mais le coup de semonce est spectaculaire. Il est temps de changer les règles du jeu (même si c'est un peu trop tard à mes yeux), sous peine de perte totale de confiance en la démocratie dans la population française.