Les bobos ... dans la lorgnette de L'HUMA !
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Les bobos ... dans la lorgnette de L'HUMA !
Les bobos
Par François Taillandier
En écoutant la nouvelle chanson de Renaud, les Bobos (qui n’est pas ce qu’il a écrit de mieux), j’ai réfléchi une fois de plus à ce genre de concepts qui, une fois lâchés, connaissent une vogue médiatique parfois brève, parfois, c’est le cas ici, plus durable. Médiatique : c’est bien le problème.
Que dissimulent-ils de réel, ces mots qui traînent, et ne tirent leur semblant de légitimité que du fait d’être répétés, utilisés comme raccourcis dans la conversation ?
Je me rappelle avoir rencontré, chez des amis, un couple d’ailleurs sympathique, lui chercheur et journaliste, elle conceptrice graphique ou quelque chose comme ça, qui évoquait ses difficultés à trouver, dans les vieux quartiers de Paris, du côté de la République ou du canal Saint-Martin, l’ancien atelier ou le loft de leurs rêves.
« Il y a quelques années, c’étaient encore des quartiers populaires, déploraient-ils ; maintenant, c’est colonisé par les bobos. »
Pour ne pas gêner nos hôtes, je me suis abstenu de poser à ce couple la question qui me brûlait la langue : « Quelle différence faites-vous au juste entre ces fameux bobos et vous-mêmes ? Ne convoitez-vous pas la même chose ? Ne participez-vous pas, vous aussi, n’êtes-vous pas en train de vouloir participer, à la même éviction des artisans, des ouvriers, des immigrés ? »
L’autre raison pour laquelle je n’ai pas posé la question, c’est que j’avais déjà compris pourquoi ces deux bobos typiques dénonçaient les bobos. Cela crevait les yeux. Les bobos, pour eux, c’étaient ceux qui pouvaient aligner un peu plus d’argent, et par conséquent leur souffler sous le nez l’atelier sur cour, ou la petite maison dans un passage pittoresque, ou les anciennes écuries, etc.
En somme, le bobo, c’est toujours l’autre, et cet autre, on le dénigre parce qu’on aimerait bien faire comme lui, mais que lui a davantage d’argent, et qu’on ne veut pas vraiment que ce soit dit.
La désignation du bobo est donc un réflexe vieux comme le monde. C’est l’agacement classique contre le voisin, qui a le même genre de canapé que vous, mais en meilleur cuir ; la même télé, mais plus large ; les mêmes vacances, mais plus loin.
C’est ce qu’on appelait autrefois un comportement petit-bourgeois typique, les prolétaires ayant appris dans Marx à réagir différemment.
C’est aussi pourquoi je ne suis pas emballé par la chanson de Renaud. J’attends justement d’un artiste (et Renaud a parfois su le faire) qu’il apporte un autre regard et ne se contente pas d’accommoder à sa sauce ce qu’on trouve dans le premier magazine venu.
Source http://www.humanite.presse.fr/journal/2 ... -31-835799
Par François Taillandier
En écoutant la nouvelle chanson de Renaud, les Bobos (qui n’est pas ce qu’il a écrit de mieux), j’ai réfléchi une fois de plus à ce genre de concepts qui, une fois lâchés, connaissent une vogue médiatique parfois brève, parfois, c’est le cas ici, plus durable. Médiatique : c’est bien le problème.
Que dissimulent-ils de réel, ces mots qui traînent, et ne tirent leur semblant de légitimité que du fait d’être répétés, utilisés comme raccourcis dans la conversation ?
Je me rappelle avoir rencontré, chez des amis, un couple d’ailleurs sympathique, lui chercheur et journaliste, elle conceptrice graphique ou quelque chose comme ça, qui évoquait ses difficultés à trouver, dans les vieux quartiers de Paris, du côté de la République ou du canal Saint-Martin, l’ancien atelier ou le loft de leurs rêves.
« Il y a quelques années, c’étaient encore des quartiers populaires, déploraient-ils ; maintenant, c’est colonisé par les bobos. »
Pour ne pas gêner nos hôtes, je me suis abstenu de poser à ce couple la question qui me brûlait la langue : « Quelle différence faites-vous au juste entre ces fameux bobos et vous-mêmes ? Ne convoitez-vous pas la même chose ? Ne participez-vous pas, vous aussi, n’êtes-vous pas en train de vouloir participer, à la même éviction des artisans, des ouvriers, des immigrés ? »
L’autre raison pour laquelle je n’ai pas posé la question, c’est que j’avais déjà compris pourquoi ces deux bobos typiques dénonçaient les bobos. Cela crevait les yeux. Les bobos, pour eux, c’étaient ceux qui pouvaient aligner un peu plus d’argent, et par conséquent leur souffler sous le nez l’atelier sur cour, ou la petite maison dans un passage pittoresque, ou les anciennes écuries, etc.
En somme, le bobo, c’est toujours l’autre, et cet autre, on le dénigre parce qu’on aimerait bien faire comme lui, mais que lui a davantage d’argent, et qu’on ne veut pas vraiment que ce soit dit.
La désignation du bobo est donc un réflexe vieux comme le monde. C’est l’agacement classique contre le voisin, qui a le même genre de canapé que vous, mais en meilleur cuir ; la même télé, mais plus large ; les mêmes vacances, mais plus loin.
C’est ce qu’on appelait autrefois un comportement petit-bourgeois typique, les prolétaires ayant appris dans Marx à réagir différemment.
C’est aussi pourquoi je ne suis pas emballé par la chanson de Renaud. J’attends justement d’un artiste (et Renaud a parfois su le faire) qu’il apporte un autre regard et ne se contente pas d’accommoder à sa sauce ce qu’on trouve dans le premier magazine venu.
Source http://www.humanite.presse.fr/journal/2 ... -31-835799
- enzocorleone
- Messages : 178
- Enregistré le : 01 juin 2006, 19:52
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- skippyremi
- Messages : 185
- Enregistré le : 02 nov. 2004, 17:13
- Localisation : 57
- Contact :
oui, je ne pense pas que ce soit une attaque, plutot un constat assez consternant de l'"Elite".
Mais qui ne rève pas d'être un bobo ?
Je m'en verrais bien personnelement
(soyons honnetes)
Mais qui ne rève pas d'être un bobo ?
Je m'en verrais bien personnelement
(soyons honnetes)
La révolution de demain
ce sera de plumer Raffarin
De renverser Seillière,
et de montrer nos nerfs
L'esprit de 68 est toujours là
ce sera de plumer Raffarin
De renverser Seillière,
et de montrer nos nerfs
L'esprit de 68 est toujours là
Tandis que t'avais l'dos tourné,
A son cou, je me suis pendue.
Dès demain, Je serais tondue,
Je me susi fait un bobo,
Mais j'me suis pas désolidarisée;
Moi aussi, j'y tournais le dos.
et depuis je m'assied plus trop.
Je me susi fait un bobo.
En danseuse, avec son propre velo
J'y ai rouler dessus sa geule
Et demain, Je serais pendue.
Je me susi fait un bobo.
A son cou, je me suis pendue.
Dès demain, Je serais tondue,
Je me susi fait un bobo,
Mais j'me suis pas désolidarisée;
Moi aussi, j'y tournais le dos.
et depuis je m'assied plus trop.
Je me susi fait un bobo.
En danseuse, avec son propre velo
J'y ai rouler dessus sa geule
Et demain, Je serais pendue.
Je me susi fait un bobo.
- Marie la Belge
- Messages : 5999
- Enregistré le : 24 juil. 2006, 12:10
Et, éclair de lucidité, Renaud réalise que peut-être, au fond, finalement, il est lui-même un bobo.Fanou a écrit :Je suis d'accord, à cela près que je ne trouve pas que la chanson de Renaud soit particulièrement méchante à leur égard; il décrit plus qu'il ne critique je pense
Elle quitte le vilain phenix mais aimera toujours Renaud.
non, moi, je trouve pas ça particulièrement vrai cet article. Le "bobo" n'est pas forcément l'ennemi. Ca désigne plutôt une habitude de consommateur-citoyen qui en a les moyens, avec la petite dose de snobisme qui va avec. C'est un phénomène qu'on trouve en effet dans certaines grandes villes. C'est sûr c'est un peu simplisme, mais c'est pas une description totalement fausse non plus. Certaines personnes reconnaissent ce côté bobo dans leur vie (d'ailleurs Renaud en fait partie).
http://www.cordeverte.c.la
Lucyanne a écrit :
Jul, je t'aime....
-
- Messages : 185
- Enregistré le : 20 nov. 2004, 13:17
- Localisation : Coubron
et heureusement !! Sinon, la chanson aurait été vraiment complétement nulle.Alinea 427 a écrit :Cela dit, Renaud précise bien de façon lucide en fin de chanson, qu'à certains égards, il l'est certainement un peu lui même.
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Lucyanne a écrit :
Jul, je t'aime....
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- Messages : 185
- Enregistré le : 20 nov. 2004, 13:17
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Moi j aime Renaud pour sa vision des choses, je n'attend pas de lui qu'il devienne un standard, surtout pas... qui n'est pas agacé par ces gens (bobos)? leur arrogances et leur couteux et pretentieux loisirs sont vraiment le centre de la chanson... qui aimeraient etre un BOBO?... pas MOI en tout cas, mais par contre je ferais aut chose de mon fric que de boire de la Manzana glacée en ecoutant Manu Chao mdr
Renaud est un homme, il évolue et change comme nous tous, je retrouve le vrai renaud dans cet album celui que j aime mais avec un regard de 2006 c fini mitterand, et le roi des cons sur son trone...
Renaud est un homme, il évolue et change comme nous tous, je retrouve le vrai renaud dans cet album celui que j aime mais avec un regard de 2006 c fini mitterand, et le roi des cons sur son trone...