Article - 24 heures - 27/11/09

Votre avis, vos critiques, vos réflexions... (sortie de l'album le 23 novembre 2009)

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Trudo
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Article - 24 heures - 27/11/09

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Renaud mousse à Dublin

VOYAGE | La voix courte et rocailleuse, Renaud se fait plaisir en honorant les chants des pubs irlandais dans un nouvel album.

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© TONY FRANK | Pour son 16e album, Renaud renoue avec le répertoire irlandais.

François Barras | 27.11.2009 | 00:02

Il en rêvait depuis vingt-cinq?ans, de cette vadrouille irlandaise. Une tournée des bars! De Belfast à Dublin, prendre part au grand concert du folklore insulaire, tissé des chants de révolte, de voyage et de nostalgie! Le tout dans les odeurs de houblon et de whisky renversés. La déclaration d’amour de Renaud à l’Irlande s’appelle Molly Malone. C’est le 16e album de la «chetron sauvage» (la tronche sauvage, en verlan) qui, à trop donner des coups de tête à la vie, faillit y laisser la sienne.

Revoilà donc Renaud, 57?ans, au comptoir d’un pub. Bière en main. Officiellement, tout est sous contrôle. La «binche», c’est pour la photo. Vrai qu’on ne va pas chanter le pays de la Guinness en sirotant un lait fraise. Et si la voix, sur ce Molly Malone en montagnes russes, grince souvent plus qu’une pétoire du Sinn Féin, il faut y voir les stigmates d’un combat ancien, d’une époque révolue. On veut le croire.

Nouveau départ?
Mais on n’aborde plus Renaud d’un œil innocent. Depuis bientôt dix ans, il orchestre lui-même sa «chanson du renard», cet exercice de mise à nu en forme de thérapie publique, difficile. En 2002, après six ans d’absence discographique, le chanteur énervant racontait dans son Boucan d’enfer au succès monstre ses années de dèche, lent mais implacable suicide au pastis.

Celui qui fascinait pour son indépendance de furet, pour ses coups de crocs libertaires, s’avouait lessivé, cassé. Sur scène comme en disque, il arrosait d’un torrent de larmes son amour perdu (sa femme Dominique l’a quitté en 1999), et mettait en couleurs criardes, à la une des magazines, «le bonheur retrouvé» avec Romane, une jeune chanteuse épousée en 2005, dont il aura un fils, Malone.

De sale bête sans collier, Renaud se complaisait en toutou meurtri. Lui dont la première composition d’adolescent avait pour titre Crève salope! (1968), lui qui dédiait Marche à l’ombre (1980) à Jacques Mesrine, se trouvait de nouveaux combats très politiquement correct. Comme Arrêter la clope, titre phare de son album «engagé» Rouge sang, paru en 2006.

Alors? Quand Renaud s’embarque outre-Manche – pour l’Angleterre, où il réside depuis deux ans, et pour l’Irlande, où il a puisé les 13?chansons traditionnelles de Molly Malone – on hésite entre une fuite et un nouveau départ.

Le capital de sympathie du chanteur demeure immense. Il fut les années 1980 françaises, l’espoir mitterrandiste, le pin’s «Touche pas à mon pote» et la chanson pour l’Ethiopie, dans leur enthousiasme comme leur candeur. Avec Coluche, Desproges, Gainsbourg, il incarna une contestation médiatique surexposée, violente malgré des atours de dérision…

Eux sont morts, Renaud demeure. Il rend hommage à leur mémoire dans Mon bistrot préféré, sur Boucan d’enfer, mais le souvenir de ces années de frénésie n’abandonnera jamais celui qui s’est toujours décrit comme un nostalgique pur sucre. Dans sa meilleure chanson, Mistral gagnant (1985), il offrait à sa petite fille une poignée de réminiscences enfantines. Il avait alors 33?ans. Un quart de siècle plus tard, Renaud se calfeutre dans un autre imaginaire, cette Irlande farouche où une star de la chanson française peut s’appuyer au bar incognito et, yeux dans la bière, rejouer ses rêves de jeunesse.


Une voix comme le sol irlandais

Molly Malone, c’est un peu la Madelon de Dublin. En donnant son nom à son nouvel album de reprises irlandaises, Renaud pourrait lancer: I am a Dubliner! En 2005, d’ailleurs, il appelait son fils Malone… Authenticité totale, donc, pour celui qui enregistrait déjà en 1991 son Marchand de cailloux en terre irlandaise. Ici, il interprète en français 13?hymnes de pur Irish folk, grattés de banjo et soufflés de pipeau. L’Histoire repassant les plats, ces anciens chants ouvriers et révoltés sonnent d’actualité. La voix de Renaud, elle, n’a pas cette constance. Eraillée, souvent essoufflée, elle incarne parfois involontairement la galère racontée dans la chanson, la rudesse du sol et du climat… Plusieurs réussites (Adieu à Rhondda, Belfast Mill) alternent avec de plus laborieux essais (Vagabonds, étonnamment promu single).

Renaud, Molly Malone, EMI

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