Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Tout ce que vous voulez savoir, ou raconter sur la tournée.

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le pirate
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par le pirate »

Sympa ce CR, mais d'après les longs extraits videos, on est quand même loin de la voix de 2003. Faut reconnaître, la voix est catastrophique et on en parle pas trop. Mais bon, le reste a l'air pas mal.
"Quand elles nous aiment, ce n'est pas vraiment nous qu'elles aiment. Mais c'est bien nous, un beau matin, qu'elles n'aiment plus". Paul Geraldy.
Goldine
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par Goldine »

Paris, le 29 septembre 2007.
L’histoire du concert de samedi, elle commence ici.
On sort de La Cigale et on se dit qu’après ça, les concerts classiques vont paraître bien fades. On a la chance inouïe d’avoir vécu quelque chose d’unique, d’indescriptible.
Putain comme on est cons… On ignore complètement que le gars qui vient de nous offrir le meilleur de lui-même, il va sombrer, encore. Nous, on est là, heureux, on le croit à l’abri et on imagine déjà la prochaine tournée. Innocents.

Et le temps passe. Et Renaud se fait rattraper par ses démons, encore. Plus que jamais. Et la vie de chacun suit sa route, discrètement. On s’éloigne un peu. On a des projets, nos vies s’accélèrent et on ne remarque même pas le temps qui passe. Moi, je me découvre en devenant maman, et comme c’est de loin ce que je préfère au monde, je laisse les concerts de côté. Passer de 2 concerts par semaine en moyenne à … Plus de concert du tout, ça fait un sacré changement dans une vie. Mais les spectacles pour enfants et les bricolages en papier mâchés valent toutes les chansonnettes du monde, qui ne me manquent même pas puisque je n’y pense plus. Les enfants débarquent dans ma vie et la bousculent, et la bouleverse. Et tout prend sens. Je n’oublie pas quand même et lis du coin de l’œil les articles qui décrivent les débauches de celui sans qui ils n’auraient jamais vu le jour, de celui à qui je dois tout ce qui m’est arrivé de bien, finalement. Parfois, comme pour me préparer, je me dis que peut-être, je vais recevoir un texto, ou peut-être, je vais voir passer un statut sur les réseaux sociaux, ou peut-être, j’entendrai à la radio, que ce gars-là n’est plus.

Puis, des rumeurs sur un album. Mwa ha ha. Sérieux ? Du dernier sorti, Molly Malone, je n’ai pas réussi à écouter une seule chanson en entier. Alors tant de temps et de Ricard plus tard il ne faut pas déconner… Mouais. Ils en parlent mais ce n’est pas demain la veille qu’il sortira.

Et une nuit à discuter avec les vieux copains, pour patienter, en attendant de découvrir une première chanson… et « Nom de nom ». Et « sauvageons ». Sérieux, Renaud, tu m’as bien regardée ? J’ai l’air d’une sauvageonne, à aller border mes gamins chaque soir avant d’aller me coucher, pas trop tard, y’a boulot demain et faut aller déposer le grand à l’école ? J’écoute les diffusions suivantes, et oui, c’est bien ça qu’il a dit… Bon bah voilà, je me doutais bien qu’il ne fallait pas en attendre grand-chose de ce nouveau disque. Si mon collectionneur de mari n’avait pas insisté pour l’acheter, je n’en aurais même pas voulu, après écoute du premier extrait. Ouais, bien sûr que je vais l’écouter quand même. En m’attendant au pire. En m’attendant, en fait, à décrocher avant la fin de toutes les chansons, comme le précédant.

Finalement, je ne jette pas tout, de cet album. Même pas celle dont la lecture du titre m’avait fait bien rire. « La vie est moche et c’est trop court ». Punaise, t’es allé le chercher loin celui-là, quelle imagination… Mais il arrive à me convaincre, finalement. Pardon, parce que je n’y croyais franchement pas. Mais non, je ne jette pas tout. Mais oui, il tournera même dans ma voiture, ce CD. Même que quand mon « Quatrans » chantera « petite fille slave », je me dirais qu’il faudrait peut-être que je trie ce que j’écoute en sa présence. A vrai dire, quand il chantera « j’ai entendu un flic », je commencerai réellement à filtrer ce que j’écoute avec lui. Enfin, ça aurait pu être pire, il aurait pu réciter « La nuit en Taule ». Celle pendant laquelle chaque fois que j’entends « pour y retourner plusieurs fois, y’en a qui doivent aimer ça », j’ai envie de répondre « parce que ici tu crois que c’est drôle, tu crois qu’la rue c’est les vacances ? ». Pauvre Slimane… Bref. L’album est sorti, et je dois bien admettre que même si ce n’est pas le Renaud de « La Belle de Mai », il y a quand même du bon. Un peu honte de ne pas y avoir cru, #1.

Des rumeurs sur une tournée… Et les dates. Et les places en vente. David et moi on ne s'interroge même pas. Ok les concerts c’est plus notre trip, c’est plus notre vie. Mais c’est Renaud, peu importe ce qu’il est devenu, peu importe ses nouvelles lubies. Comme si c’était une invitation personnelle. Il a bouleversé nos vies. On ne peut pas être absent aux retrouvailles. Alors on accepte le rendez-vous, on réserve nos billets, après avoir cherché un moyen de garde pour les bébés HLMiens qui vont donc découcher, le petit pour la première fois. Allez, fais pas la tête, c’est grâce à monsieur si t’existes, mon p'tit loup. Ok ça ne va pas être le concert de notre vie. Il a déjà eu lieu, 9 ans et 2 jours plus tôt, on l’a déjà dit, on sait. Ok le gars est bien amoché d’après les passages qu’on peut entendre à droite et à gauche, et qui ne le serait pas avec son vécu. Il est vivant, hé, c’est déjà un miracle.

Allez, bisous bisous les enfants, à demain. (cœur de maman brisé). On fait la route en chantant à fond la caisse et je fais semblant de ne pas avoir envie de pleurer. Mais quand on arrive dans le centre commercial de l’Agora d’Evry, on entend cette voix familière qui raisonne pendant les répèts. Et j’ai 10 ans de moins, instantanément. Punaise, on dirait qu’il va bel et bien avoir lieu, ce concert, et même que peut-être, ça ne sera pas si mauvais que ça.

Dans la file, le sentiment qui prédomine, c’est la retenue. « peu importe ce que ça va donner, on va faire la fête avec lui. On le portera ». Ma voisine a à peu près tout résumé je crois, c’est l’idée générale. On ne s’attend pas à un grand show, même pas les plus acharnés, tous ont un minimum de lucidité et savent que ça va être très compliqué, ce soir. Et qu’on se connaisse ou pas, on est une bande de potes, ceux qui ne le sont pas encore le deviennent instantanément pendant l’attente. Ambiance de pré-concert, j’avais oublié combien je t’aimais…

Et les portes s’ouvrent. On est bien placés, au 2e rang pile au milieu, on va pouvoir se sentir des vrais acteurs de ce spectacle. Car oui, spectacle, il y aura. Mais d’abord, la honte de la soirée : le film poignant, émouvant, révoltant, mais surtout incompris par le public qui se met à huer, crier, siffler, alors qu’à l’écran apparait pile à cet instant une photographie des plus choquantes de l’holocauste… Vous n’avez rien compris les gars, et vous faites chier putain ! Pour la première fois de la journée, j’aimerais être partout sauf ici, je ne veux pas faire partie de ce public de crétins… ça parait interminable, on ne comprend plus rien à la projection, mais enfin ça s’arrête.

Un tunnel sombre, tapissé de vieilles affiches en partie déchirées. La lumière au bout du tunnel. Et… Lui. Le rideau tombe et il est là. Et l’émotion est présente elle aussi. La chanson d’entrée de scène n’est une surprise pour personne, elle était écrite pour. Il commence à chanter. Bon, c’est vrai, c’est plus du récit que des chants. Il n’en fait pas plus que ce que sa voix pourrait supporter et c’est bien comme ça. C’est humble et sobre. Il est bien là, vivant, debout. Dire que je ne croyais même pas à l’enregistrement de l’album.

Dans la salle, l’ambiance éclate. Il nous a donné rendez-vous, on est venu, en ayant peur du lapin, en imaginant ne voir qu’une pâle imitation bancale de ce qu’il a été, et finalement il est bel et bien là. On laisse tomber nos craintes pour profiter tout simplement. Pour prendre ce qu’il a à donner, pour lui rendre l’amour qu’il nous donne. Les chansons défilent et il tient le coup, et je n’en reviens pas. Il revient de si loin, et il est là juste devant nous, et ce qu’il fait tient largement la route. Il a gardé son sens de l’humour, cette volonté d’échanges avec le public, et même les chansons que je n’apprécie pas forcément passent bien sur scène. Il émeut, révolte, amuse, joue au yoyo avec nos émotions. Comme quand on revoit des années après un vieux pote perdu de vue et que le courant passe comme si on ne s’était jamais quitté.

Le décor est majestueux. Si j’avais dû en parler avant le concert, j’aurais dit « un écran, c’est pas un décor ». Comme quoi j’ai vraiment eu tort sur toute la ligne. C’est sobre, c’est pertinent, c’est parfait. Les animations tiennent une place très importante sur scène, sans pour autant prendre trop de l’espace, de l’attention. Le dosage est impeccable.

Et puis, Morgane de toi. Ce moment où tous ceux qui l’ont déjà vu en concert se crispent un peu. Et le refrain. On grimace presque d’avance. Et… Et ? J’ai rêvé ? Mal entendu ? Il l’a tenue non ? Faut que je tende mieux l’oreille, les chants du public doivent me perturber… Heuuu ? Bah non en fait j’avais bien entendu ! Il le fait ! C’est juste, et il la tient, cette fichue note qui nous a jusque-là bien cassé les oreilles ! C’est LE moment du concert. Le public l’acclame. Personne n’en revient. Ça laisse présager tellement de bien pour la suite de la tournée…

Et tant de cadeaux dans la playlist. Certaines dont je ne me souvenais même plus qu’elles avaient déjà été chantées sur scène ! On parlait d’une précisément juste avant d’entrer dans la salle, en plaisantant. Eh, mec, tu nous a entendu et tu l’as rajoutée au dernier moment, c’est ça ?

Il nous préparera longtemps à sa sortie de scène. C’est là que je pense à mes enfants. Parce que je suis un peu dans leurs godasses quand je l’entends annoncer une heure à l’avance que le show touche à sa fin. « Clément ? On va y aller. Non pas tout de suite, mais bientôt ». Ouais, t’as raison Renaud, et c’est la bonne façon de t’y prendre parce que j’ai encore perdu quelques années en cours de route, et là de suite, j’ai 4 ans. Et c’est Noël.

Puis ce Medley de fou. Les textes qu’on n’espérait même pas et qui sont quand même représentés. 4 ans, j’ai dit. D’ailleurs je saute, je danse, et c’est mon dos, mes jambes qui me rappellent qu’en fait, j’ai un tout petit peu plus que ça. Merde. Désolée, gars à côté de moi, je t’ai lancée là-dessus et en fait, je n’ai pas tenu jusqu’au bout.

Déjà, la sortie de scène. Le phénix qui renaît de ses cendres. Je trouvais l’image un peu prétentieuse il y a quelques heures à peine, il faut admettre qu’il m’a convaincue. On n’avait réservé des places que pour 2 dates. On n’a pas besoin d’en parler, David et moi nous regardons quand ça se termine, et on sait qu’on en fera plus que ça. Les premières phrases qu’on échangera plus tard, ça sera : « c’est quand et où les prochaines dates ? Il va quand là, et là-bas ? »

Les lumières se rallument et je reste un peu immobile, comme pour grappiller un peu plus de ces moments magiques. Dire qu’il va falloir quitter la salle. Ne pas trouver de bistrot ouvert alors que je rêve d’une bière. Retourner à l’hôtel et ne pas réussir à s’endormir. Refaire le concert 1000 fois dans ma caboche. Me réveiller quand même tôt parce que les enfants à récupérer, même si l’on n’a pas d’impératif horaire, c’est dimanche, y’a encore la route à faire et école demain.

Nous sommes déjà lundi matin, il est 1h47 et mon réveil sonne dans trop peu de temps. Je suis incapable de trouver le sommeil, parce que je suis bloquée à samedi soir, à Evry. Ce moment où un vieux copain, qui ne me connaît pas alors qu’il a fait de ma vie ce qu’elle est aujourd’hui, m’a donné une belle leçon et m’a rappelé que tout était possible, que tout pouvait arriver. Ce vieux copain qui ne me connaît pas, mais que j’ai retrouvé presque comme si je ne l’avais jamais quitté. Ce vieux copain à qui je dois mes enfants, que je vais aller border parce que le petit se met toujours dans des positions inconfortables pour dormir et que le grand aura surement fait tomber sa couette par terre. Ce vieux pote qui ne lira jamais ça mais que du fond du cœur je remercie. Et à qui je demande pardon, aussi, parce que jusqu’au dernier moment, je n’y croyais pas. Pas du tout.

Dans une vie, tout peut arriver. Pour preuve, le 29 septembre 2007, et ce chanteur qui invite son public pour un show de 5h30 et laisse libre choix aux spectateurs de la moitié de la playlist. Il l’avait dit à Marc Aymon, pourtant, que « Les héros y meurent jamais »…
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korrigan
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par korrigan »

Super chouette ton CR.
"...à part Brassens et les oiseaux, quoi écouter..."
Charlie Brown
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par Charlie Brown »

Goldine a écrit :Paris, le 29 septembre 2007.
L’histoire du concert de samedi, elle commence ici.
On sort de La Cigale et on se dit qu’après ça, les concerts classiques vont paraître bien fades. On a la chance inouïe d’avoir vécu quelque chose d’unique, d’indescriptible.
Putain comme on est cons… On ignore complètement que le gars qui vient de nous offrir le meilleur de lui-même, il va sombrer, encore. Nous, on est là, heureux, on le croit à l’abri et on imagine déjà la prochaine tournée. Innocents.

Et le temps passe. Et Renaud se fait rattraper par ses démons, encore. Plus que jamais. Et la vie de chacun suit sa route, discrètement. On s’éloigne un peu. On a des projets, nos vies s’accélèrent et on ne remarque même pas le temps qui passe. Moi, je me découvre en devenant maman, et comme c’est de loin ce que je préfère au monde, je laisse les concerts de côté. Passer de 2 concerts par semaine en moyenne à … Plus de concert du tout, ça fait un sacré changement dans une vie. Mais les spectacles pour enfants et les bricolages en papier mâchés valent toutes les chansonnettes du monde, qui ne me manquent même pas puisque je n’y pense plus. Les enfants débarquent dans ma vie et la bousculent, et la bouleverse. Et tout prend sens. Je n’oublie pas quand même et lis du coin de l’œil les articles qui décrivent les débauches de celui sans qui ils n’auraient jamais vu le jour, de celui à qui je dois tout ce qui m’est arrivé de bien, finalement. Parfois, comme pour me préparer, je me dis que peut-être, je vais recevoir un texto, ou peut-être, je vais voir passer un statut sur les réseaux sociaux, ou peut-être, j’entendrai à la radio, que ce gars-là n’est plus.

Puis, des rumeurs sur un album. Mwa ha ha. Sérieux ? Du dernier sorti, Molly Malone, je n’ai pas réussi à écouter une seule chanson en entier. Alors tant de temps et de Ricard plus tard il ne faut pas déconner… Mouais. Ils en parlent mais ce n’est pas demain la veille qu’il sortira.

Et une nuit à discuter avec les vieux copains, pour patienter, en attendant de découvrir une première chanson… et « Nom de nom ». Et « sauvageons ». Sérieux, Renaud, tu m’as bien regardée ? J’ai l’air d’une sauvageonne, à aller border mes gamins chaque soir avant d’aller me coucher, pas trop tard, y’a boulot demain et faut aller déposer le grand à l’école ? J’écoute les diffusions suivantes, et oui, c’est bien ça qu’il a dit… Bon bah voilà, je me doutais bien qu’il ne fallait pas en attendre grand-chose de ce nouveau disque. Si mon collectionneur de mari n’avait pas insisté pour l’acheter, je n’en aurais même pas voulu, après écoute du premier extrait. Ouais, bien sûr que je vais l’écouter quand même. En m’attendant au pire. En m’attendant, en fait, à décrocher avant la fin de toutes les chansons, comme le précédant.

Finalement, je ne jette pas tout, de cet album. Même pas celle dont la lecture du titre m’avait fait bien rire. « La vie est moche et c’est trop court ». Punaise, t’es allé le chercher loin celui-là, quelle imagination… Mais il arrive à me convaincre, finalement. Pardon, parce que je n’y croyais franchement pas. Mais non, je ne jette pas tout. Mais oui, il tournera même dans ma voiture, ce CD. Même que quand mon « Quatrans » chantera « petite fille slave », je me dirais qu’il faudrait peut-être que je trie ce que j’écoute en sa présence. A vrai dire, quand il chantera « j’ai entendu un flic », je commencerai réellement à filtrer ce que j’écoute avec lui. Enfin, ça aurait pu être pire, il aurait pu réciter « La nuit en Taule ». Celle pendant laquelle chaque fois que j’entends « pour y retourner plusieurs fois, y’en a qui doivent aimer ça », j’ai envie de répondre « parce que ici tu crois que c’est drôle, tu crois qu’la rue c’est les vacances ? ». Pauvre Slimane… Bref. L’album est sorti, et je dois bien admettre que même si ce n’est pas le Renaud de « La Belle de Mai », il y a quand même du bon. Un peu honte de ne pas y avoir cru, #1.

Des rumeurs sur une tournée… Et les dates. Et les places en vente. David et moi on ne s'interroge même pas. Ok les concerts c’est plus notre trip, c’est plus notre vie. Mais c’est Renaud, peu importe ce qu’il est devenu, peu importe ses nouvelles lubies. Comme si c’était une invitation personnelle. Il a bouleversé nos vies. On ne peut pas être absent aux retrouvailles. Alors on accepte le rendez-vous, on réserve nos billets, après avoir cherché un moyen de garde pour les bébés HLMiens qui vont donc découcher, le petit pour la première fois. Allez, fais pas la tête, c’est grâce à monsieur si t’existes, mon p'tit loup. Ok ça ne va pas être le concert de notre vie. Il a déjà eu lieu, 9 ans et 2 jours plus tôt, on l’a déjà dit, on sait. Ok le gars est bien amoché d’après les passages qu’on peut entendre à droite et à gauche, et qui ne le serait pas avec son vécu. Il est vivant, hé, c’est déjà un miracle.

Allez, bisous bisous les enfants, à demain. (cœur de maman brisé). On fait la route en chantant à fond la caisse et je fais semblant de ne pas avoir envie de pleurer. Mais quand on arrive dans le centre commercial de l’Agora d’Evry, on entend cette voix familière qui raisonne pendant les répèts. Et j’ai 10 ans de moins, instantanément. Punaise, on dirait qu’il va bel et bien avoir lieu, ce concert, et même que peut-être, ça ne sera pas si mauvais que ça.

Dans la file, le sentiment qui prédomine, c’est la retenue. « peu importe ce que ça va donner, on va faire la fête avec lui. On le portera ». Ma voisine a à peu près tout résumé je crois, c’est l’idée générale. On ne s’attend pas à un grand show, même pas les plus acharnés, tous ont un minimum de lucidité et savent que ça va être très compliqué, ce soir. Et qu’on se connaisse ou pas, on est une bande de potes, ceux qui ne le sont pas encore le deviennent instantanément pendant l’attente. Ambiance de pré-concert, j’avais oublié combien je t’aimais…

Et les portes s’ouvrent. On est bien placés, au 2e rang pile au milieu, on va pouvoir se sentir des vrais acteurs de ce spectacle. Car oui, spectacle, il y aura. Mais d’abord, la honte de la soirée : le film poignant, émouvant, révoltant, mais surtout incompris par le public qui se met à huer, crier, siffler, alors qu’à l’écran apparait pile à cet instant une photographie des plus choquantes de l’holocauste… Vous n’avez rien compris les gars, et vous faites chier putain ! Pour la première fois de la journée, j’aimerais être partout sauf ici, je ne veux pas faire partie de ce public de crétins… ça parait interminable, on ne comprend plus rien à la projection, mais enfin ça s’arrête.

Un tunnel sombre, tapissé de vieilles affiches en partie déchirées. La lumière au bout du tunnel. Et… Lui. Le rideau tombe et il est là. Et l’émotion est présente elle aussi. La chanson d’entrée de scène n’est une surprise pour personne, elle était écrite pour. Il commence à chanter. Bon, c’est vrai, c’est plus du récit que des chants. Il n’en fait pas plus que ce que sa voix pourrait supporter et c’est bien comme ça. C’est humble et sobre. Il est bien là, vivant, debout. Dire que je ne croyais même pas à l’enregistrement de l’album.

Dans la salle, l’ambiance éclate. Il nous a donné rendez-vous, on est venu, en ayant peur du lapin, en imaginant ne voir qu’une pâle imitation bancale de ce qu’il a été, et finalement il est bel et bien là. On laisse tomber nos craintes pour profiter tout simplement. Pour prendre ce qu’il a à donner, pour lui rendre l’amour qu’il nous donne. Les chansons défilent et il tient le coup, et je n’en reviens pas. Il revient de si loin, et il est là juste devant nous, et ce qu’il fait tient largement la route. Il a gardé son sens de l’humour, cette volonté d’échanges avec le public, et même les chansons que je n’apprécie pas forcément passent bien sur scène. Il émeut, révolte, amuse, joue au yoyo avec nos émotions. Comme quand on revoit des années après un vieux pote perdu de vue et que le courant passe comme si on ne s’était jamais quitté.

Le décor est majestueux. Si j’avais dû en parler avant le concert, j’aurais dit « un écran, c’est pas un décor ». Comme quoi j’ai vraiment eu tort sur toute la ligne. C’est sobre, c’est pertinent, c’est parfait. Les animations tiennent une place très importante sur scène, sans pour autant prendre trop de l’espace, de l’attention. Le dosage est impeccable.

Et puis, Morgane de toi. Ce moment où tous ceux qui l’ont déjà vu en concert se crispent un peu. Et le refrain. On grimace presque d’avance. Et… Et ? J’ai rêvé ? Mal entendu ? Il l’a tenue non ? Faut que je tende mieux l’oreille, les chants du public doivent me perturber… Heuuu ? Bah non en fait j’avais bien entendu ! Il le fait ! C’est juste, et il la tient, cette fichue note qui nous a jusque-là bien cassé les oreilles ! C’est LE moment du concert. Le public l’acclame. Personne n’en revient. Ça laisse présager tellement de bien pour la suite de la tournée…

Et tant de cadeaux dans la playlist. Certaines dont je ne me souvenais même plus qu’elles avaient déjà été chantées sur scène ! On parlait d’une précisément juste avant d’entrer dans la salle, en plaisantant. Eh, mec, tu nous a entendu et tu l’as rajoutée au dernier moment, c’est ça ?

Il nous préparera longtemps à sa sortie de scène. C’est là que je pense à mes enfants. Parce que je suis un peu dans leurs godasses quand je l’entends annoncer une heure à l’avance que le show touche à sa fin. « Clément ? On va y aller. Non pas tout de suite, mais bientôt ». Ouais, t’as raison Renaud, et c’est la bonne façon de t’y prendre parce que j’ai encore perdu quelques années en cours de route, et là de suite, j’ai 4 ans. Et c’est Noël.

Puis ce Medley de fou. Les textes qu’on n’espérait même pas et qui sont quand même représentés. 4 ans, j’ai dit. D’ailleurs je saute, je danse, et c’est mon dos, mes jambes qui me rappellent qu’en fait, j’ai un tout petit peu plus que ça. Merde. Désolée, gars à côté de moi, je t’ai lancée là-dessus et en fait, je n’ai pas tenu jusqu’au bout.

Déjà, la sortie de scène. Le phénix qui renaît de ses cendres. Je trouvais l’image un peu prétentieuse il y a quelques heures à peine, il faut admettre qu’il m’a convaincue. On n’avait réservé des places que pour 2 dates. On n’a pas besoin d’en parler, David et moi nous regardons quand ça se termine, et on sait qu’on en fera plus que ça. Les premières phrases qu’on échangera plus tard, ça sera : « c’est quand et où les prochaines dates ? Il va quand là, et là-bas ? »

Les lumières se rallument et je reste un peu immobile, comme pour grappiller un peu plus de ces moments magiques. Dire qu’il va falloir quitter la salle. Ne pas trouver de bistrot ouvert alors que je rêve d’une bière. Retourner à l’hôtel et ne pas réussir à s’endormir. Refaire le concert 1000 fois dans ma caboche. Me réveiller quand même tôt parce que les enfants à récupérer, même si l’on n’a pas d’impératif horaire, c’est dimanche, y’a encore la route à faire et école demain.

Nous sommes déjà lundi matin, il est 1h47 et mon réveil sonne dans trop peu de temps. Je suis incapable de trouver le sommeil, parce que je suis bloquée à samedi soir, à Evry. Ce moment où un vieux copain, qui ne me connaît pas alors qu’il a fait de ma vie ce qu’elle est aujourd’hui, m’a donné une belle leçon et m’a rappelé que tout était possible, que tout pouvait arriver. Ce vieux copain qui ne me connaît pas, mais que j’ai retrouvé presque comme si je ne l’avais jamais quitté. Ce vieux copain à qui je dois mes enfants, que je vais aller border parce que le petit se met toujours dans des positions inconfortables pour dormir et que le grand aura surement fait tomber sa couette par terre. Ce vieux pote qui ne lira jamais ça mais que du fond du cœur je remercie. Et à qui je demande pardon, aussi, parce que jusqu’au dernier moment, je n’y croyais pas. Pas du tout.

Dans une vie, tout peut arriver. Pour preuve, le 29 septembre 2007, et ce chanteur qui invite son public pour un show de 5h30 et laisse libre choix aux spectateurs de la moitié de la playlist. Il l’avait dit à Marc Aymon, pourtant, que « Les héros y meurent jamais »…
C'est excellent, Goldine !
J'ai fait une entorse à ma volonté de ne rien lire avant de voir le concert parce que j'ai vu passer ton nom et que je savais que je pourrais lire ton post les yeux fermés (oui, je sais, c'est pas facile à faire, mais je suis très fort :) )
Voilà un retour qui me fait bien plaisir (enfin deux, si on compte celui du "héros qui meurt jamais"...)
C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule !
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Ze_Bestiole
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par Ze_Bestiole »

Goldine, c'est excellent !!!
Ça me parle bcp puisqu'avec Céline on a un vécu similaire...
Image Ah marcher sous la pluie, cinq minutes avec toi, et regarder la vie, tant qu'y'en a...
RenoMano
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par RenoMano »

Salut,

Je vous lis très souvent sans avoir encore jamais laissé un seul commentaire. Mais là je me dois de te féliciter Goldine pour ce superbe compte rendu. Merci !
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SVPat
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par SVPat »

Charlie Brown a écrit : C'est excellent, Goldine !
J'ai fait une entorse à ma volonté de ne rien lire avant de voir le concert parce que j'ai vu passer ton nom et que je savais que je pourrais lire ton post les yeux fermés (oui, je sais, c'est pas facile à faire, mais je suis très fort :) )
Voilà un retour qui me fait bien plaisir (enfin deux, si on compte celui du "héros qui meurt jamais"...)
Pour votre entorse, vous me lirez la page des Comptes rendus des Fans.
Tatatssin !!! :mrgreen:


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monamipierrot
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par monamipierrot »

Voilà c'est fait, la première est passée ou plutôt la générale. Allez un petit (ou pas) résumé en essayant d'être objectif quoique qu'avec les gens que j'aime j'ai du mal.

J'avoue que j'appréhendais un peu, je pense comme beaucoup de personnes, comment va-til être ? La voix ? Et en plus c'était la première fois que ma dernière fille allait le voir sur scène, elle qui comme ses sœurs a été gavée aux chansons de l'idole.

Bon je me lance, arrivés avec mon épouse et ma fille vers 17 heures, je m'en vais faire la queue pendant que mes femmes vont faire un tour dans le centre commercial (pas d’inquiétude j'ai gardé ma carte bleue). Je fait un brin de causette avec Grennpuce et Korrigan, elles sont à fond, prêtes à chanter avec lui. Ensuite le pied de grue en attendant l'ouverture.

Vers 18h30, bien entendu mes amours m'ont rejoint (sans rien dépenser un exploit) et nous rentrons dans la salle s'installer dans les gradins, excusez-moi mes les fosses ce n'est pas trop mon truc, j'aime bien voir un spectacle avec une vue d'ensemble sur la salle et la scène. Et mine de rien je sens que mes genoux de plus en plus (qu'est-ce que ça va être quand je serai vieux comme SV Pat). Le temps d'acheter le programme que j'aime beaucoup et un tee shirt « Tête de mort » (je sais ce n'est pas original) et on nous diffuse un petit film rigolo et triste à la fois sur la consommation. On n'entend rien à la fin car les musicos s'installent derrière le grand rideau blanc, forcément le public commence à devenir intenable.

Maintenant le show, d'abord je tiens à préciser que je n'ai pas pu assister à la dernière Tournée « Rouge Sang » car je vivais très loin de la France à ce moment là, donc mon dernier repaire était la « Tournée d'enfer ». Je me souviens que j'avais trouvé la voix inaudible pendant 3 ou 4 chansons, avec un sommet « L'entartré ».

Pas cette sensation hier soir, certes la voix est usée par les excès anisés et le tabac mais ça peut aller. Bon il faut avouer qu'il parle plus qu'il ne chante un peu à la Gainsbourg, c'est parfois juste et d'autres fois pas trop mais il est là, c'est bien l’essentiel. De toute façon, nous le public, on était là pour chanter avec lui, j'ai trouvé qu'il y avait une belle ambiance.

J'ai bien aimé les projections pendant certaines chansons, notamment « Mistral gagnant » et « Les mots », les musiciens ont bien assurés malgré quelques problèmes techniques mais c'est normal c'était la générale. Renaud n'a pas encore la forme olympique, je pense que le trac y est pour beaucoup, il s'est loupé sur « Rouge Sang » s'est repris à 2 fois, a oublié le premier « oh hisse et ho » sur « Dés que le vent soufflera » mais pas le public, « Cheveux blancs » moyen, « Ta batterie » pas terrible. Sur certaines chansons si on n'est pas des fans, on a du mal à les reconnaître, le début de « Fatigué » pas top. Mais nous ne lui en avons pas tenu rigueur, au contraire. Il a fini avec "Fatigué" et je pense que c'était également son état. Il a tenu 2h30 quasi debout tout le long, n'a pas fumé une clope (c'est à signaler).

Ce fut une belle soirée, émouvante, et en plus ma gamine a adoré, j'aurais tellement aimé qu'elle connaisse la tournée qui a suivi à « La belle de mai » en 95... Je ne suis pas adepte du «C'était mieux avant » mais plutôt du « C'est différent ».

Enfin, je finirai pas mes tops et mes flops de la playlist.

Flops : « Cheveux blancs », « Ta batterie ,» et éventuellement « Pochtron »

Tops : « La téloche », « Manhattan Kaboul », « Manu », « Morgane de toi », « Mistral Gagnant », « La vie est moche », « Les mots ». Et mon gros top, l'ambiance !!!
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par Sophielola21 »

oh merci pour ces récits tous différents mais toujours avec une magnifique émotion, vous m'avez fait monter les larmes, je n'ai qu'une envie être le 9 novembre à Bruxelles, pour faire vivre Renaud en live à mes 2 petits fans Lola 11 ans et Timéo 8 ans, je suis tellement fière de leur avoir transmis cette partie de moi :-)
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korrigan
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par korrigan »

D'avance très bonne soirée à tous les trois, Sophielola.
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kevtigrou
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par kevtigrou »

merci a tous pour vos merveilleux compte rendu, pour moi ca seras le 17 novembre a niort.

bon je m'excuse par avance je ne ferais pas de compte rendu pas que je veuille pas m'investir ,c'est juste que je ne sais pas le faire .

en tout cas a vous lire cette première n'est pas du tout une cata et ca c'est super puis bon il a le temps de s’améliorer petit a petit ca iras de mieux en mieux ,déjà je suis sur que la il va bosser pour pas faire d'erreur dans les paroles.

et alors quel ferveur du public c'est fantastique de voir ca y'as que lui pour avoir un public pareil c'est aussi ca la marque des grands.

quand au décor oui sur les vidéos ça a l'air chouette mais je pense que en vrai ça doit être une tuerie en tout cas je vous fournirais pas beaucoup de photos, car j'en prendrais que une ou deux mais c'est tout vu que ça seras mon premier concert tout artistes confondu je voudrais en profiter a fond ,alors par avance je vous présente mes excuses pour mon égoïsme dont je ferais preuve .
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Milou !
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par Milou ! »

:D quel bonheur de lire ça les aminches les escarpes et les marlous :wink: :!: comment dire :?: Je suis impatiente que notre tour arrive. En espérant qu'il soit toujours au top....
Punaiz on a connu plusieurs tournées et pour beaucoup y'a eu THE concert à la Cigale... Je me souviens m'être pris une grande claque dans la figure ce 30 septembre 2007... Puis y'a eu des couples HLM, des bébés HLM et... Le revoilou presque dix ans après... Comme en 2007 on n'ose y croire on se dit bah c'est de la nostalgie rien d'autre... Et paf voilà que je lis de certains qui n'y croyaient plus : c'était incroyable...
Punaiz vivement notre tour...
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Milou !
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par Milou ! »

Goldine a écrit :Paris, le 29 septembre 2007.
L’histoire du concert de samedi, elle commence ici.
On sort de La Cigale et on se dit qu’après ça, les concerts classiques vont paraître bien fades. On a la chance inouïe d’avoir vécu quelque chose d’unique, d’indescriptible.
Putain comme on est cons… On ignore complètement que le gars qui vient de nous offrir le meilleur de lui-même, il va sombrer, encore. Nous, on est là, heureux, on le croit à l’abri et on imagine déjà la prochaine tournée. Innocents.

Et le temps passe. Et Renaud se fait rattraper par ses démons, encore. Plus que jamais. Et la vie de chacun suit sa route, discrètement. On s’éloigne un peu. On a des projets, nos vies s’accélèrent et on ne remarque même pas le temps qui passe. Moi, je me découvre en devenant maman, et comme c’est de loin ce que je préfère au monde, je laisse les concerts de côté. Passer de 2 concerts par semaine en moyenne à … Plus de concert du tout, ça fait un sacré changement dans une vie. Mais les spectacles pour enfants et les bricolages en papier mâchés valent toutes les chansonnettes du monde, qui ne me manquent même pas puisque je n’y pense plus. Les enfants débarquent dans ma vie et la bousculent, et la bouleverse. Et tout prend sens. Je n’oublie pas quand même et lis du coin de l’œil les articles qui décrivent les débauches de celui sans qui ils n’auraient jamais vu le jour, de celui à qui je dois tout ce qui m’est arrivé de bien, finalement. Parfois, comme pour me préparer, je me dis que peut-être, je vais recevoir un texto, ou peut-être, je vais voir passer un statut sur les réseaux sociaux, ou peut-être, j’entendrai à la radio, que ce gars-là n’est plus.

Puis, des rumeurs sur un album. Mwa ha ha. Sérieux ? Du dernier sorti, Molly Malone, je n’ai pas réussi à écouter une seule chanson en entier. Alors tant de temps et de Ricard plus tard il ne faut pas déconner… Mouais. Ils en parlent mais ce n’est pas demain la veille qu’il sortira.

Et une nuit à discuter avec les vieux copains, pour patienter, en attendant de découvrir une première chanson… et « Nom de nom ». Et « sauvageons ». Sérieux, Renaud, tu m’as bien regardée ? J’ai l’air d’une sauvageonne, à aller border mes gamins chaque soir avant d’aller me coucher, pas trop tard, y’a boulot demain et faut aller déposer le grand à l’école ? J’écoute les diffusions suivantes, et oui, c’est bien ça qu’il a dit… Bon bah voilà, je me doutais bien qu’il ne fallait pas en attendre grand-chose de ce nouveau disque. Si mon collectionneur de mari n’avait pas insisté pour l’acheter, je n’en aurais même pas voulu, après écoute du premier extrait. Ouais, bien sûr que je vais l’écouter quand même. En m’attendant au pire. En m’attendant, en fait, à décrocher avant la fin de toutes les chansons, comme le précédant.

Finalement, je ne jette pas tout, de cet album. Même pas celle dont la lecture du titre m’avait fait bien rire. « La vie est moche et c’est trop court ». Punaise, t’es allé le chercher loin celui-là, quelle imagination… Mais il arrive à me convaincre, finalement. Pardon, parce que je n’y croyais franchement pas. Mais non, je ne jette pas tout. Mais oui, il tournera même dans ma voiture, ce CD. Même que quand mon « Quatrans » chantera « petite fille slave », je me dirais qu’il faudrait peut-être que je trie ce que j’écoute en sa présence. A vrai dire, quand il chantera « j’ai entendu un flic », je commencerai réellement à filtrer ce que j’écoute avec lui. Enfin, ça aurait pu être pire, il aurait pu réciter « La nuit en Taule ». Celle pendant laquelle chaque fois que j’entends « pour y retourner plusieurs fois, y’en a qui doivent aimer ça », j’ai envie de répondre « parce que ici tu crois que c’est drôle, tu crois qu’la rue c’est les vacances ? ». Pauvre Slimane… Bref. L’album est sorti, et je dois bien admettre que même si ce n’est pas le Renaud de « La Belle de Mai », il y a quand même du bon. Un peu honte de ne pas y avoir cru, #1.

Des rumeurs sur une tournée… Et les dates. Et les places en vente. David et moi on ne s'interroge même pas. Ok les concerts c’est plus notre trip, c’est plus notre vie. Mais c’est Renaud, peu importe ce qu’il est devenu, peu importe ses nouvelles lubies. Comme si c’était une invitation personnelle. Il a bouleversé nos vies. On ne peut pas être absent aux retrouvailles. Alors on accepte le rendez-vous, on réserve nos billets, après avoir cherché un moyen de garde pour les bébés HLMiens qui vont donc découcher, le petit pour la première fois. Allez, fais pas la tête, c’est grâce à monsieur si t’existes, mon p'tit loup. Ok ça ne va pas être le concert de notre vie. Il a déjà eu lieu, 9 ans et 2 jours plus tôt, on l’a déjà dit, on sait. Ok le gars est bien amoché d’après les passages qu’on peut entendre à droite et à gauche, et qui ne le serait pas avec son vécu. Il est vivant, hé, c’est déjà un miracle.

Allez, bisous bisous les enfants, à demain. (cœur de maman brisé). On fait la route en chantant à fond la caisse et je fais semblant de ne pas avoir envie de pleurer. Mais quand on arrive dans le centre commercial de l’Agora d’Evry, on entend cette voix familière qui raisonne pendant les répèts. Et j’ai 10 ans de moins, instantanément. Punaise, on dirait qu’il va bel et bien avoir lieu, ce concert, et même que peut-être, ça ne sera pas si mauvais que ça.

Dans la file, le sentiment qui prédomine, c’est la retenue. « peu importe ce que ça va donner, on va faire la fête avec lui. On le portera ». Ma voisine a à peu près tout résumé je crois, c’est l’idée générale. On ne s’attend pas à un grand show, même pas les plus acharnés, tous ont un minimum de lucidité et savent que ça va être très compliqué, ce soir. Et qu’on se connaisse ou pas, on est une bande de potes, ceux qui ne le sont pas encore le deviennent instantanément pendant l’attente. Ambiance de pré-concert, j’avais oublié combien je t’aimais…

Et les portes s’ouvrent. On est bien placés, au 2e rang pile au milieu, on va pouvoir se sentir des vrais acteurs de ce spectacle. Car oui, spectacle, il y aura. Mais d’abord, la honte de la soirée : le film poignant, émouvant, révoltant, mais surtout incompris par le public qui se met à huer, crier, siffler, alors qu’à l’écran apparait pile à cet instant une photographie des plus choquantes de l’holocauste… Vous n’avez rien compris les gars, et vous faites chier putain ! Pour la première fois de la journée, j’aimerais être partout sauf ici, je ne veux pas faire partie de ce public de crétins… ça parait interminable, on ne comprend plus rien à la projection, mais enfin ça s’arrête.

Un tunnel sombre, tapissé de vieilles affiches en partie déchirées. La lumière au bout du tunnel. Et… Lui. Le rideau tombe et il est là. Et l’émotion est présente elle aussi. La chanson d’entrée de scène n’est une surprise pour personne, elle était écrite pour. Il commence à chanter. Bon, c’est vrai, c’est plus du récit que des chants. Il n’en fait pas plus que ce que sa voix pourrait supporter et c’est bien comme ça. C’est humble et sobre. Il est bien là, vivant, debout. Dire que je ne croyais même pas à l’enregistrement de l’album.

Dans la salle, l’ambiance éclate. Il nous a donné rendez-vous, on est venu, en ayant peur du lapin, en imaginant ne voir qu’une pâle imitation bancale de ce qu’il a été, et finalement il est bel et bien là. On laisse tomber nos craintes pour profiter tout simplement. Pour prendre ce qu’il a à donner, pour lui rendre l’amour qu’il nous donne. Les chansons défilent et il tient le coup, et je n’en reviens pas. Il revient de si loin, et il est là juste devant nous, et ce qu’il fait tient largement la route. Il a gardé son sens de l’humour, cette volonté d’échanges avec le public, et même les chansons que je n’apprécie pas forcément passent bien sur scène. Il émeut, révolte, amuse, joue au yoyo avec nos émotions. Comme quand on revoit des années après un vieux pote perdu de vue et que le courant passe comme si on ne s’était jamais quitté.

Le décor est majestueux. Si j’avais dû en parler avant le concert, j’aurais dit « un écran, c’est pas un décor ». Comme quoi j’ai vraiment eu tort sur toute la ligne. C’est sobre, c’est pertinent, c’est parfait. Les animations tiennent une place très importante sur scène, sans pour autant prendre trop de l’espace, de l’attention. Le dosage est impeccable.

Et puis, Morgane de toi. Ce moment où tous ceux qui l’ont déjà vu en concert se crispent un peu. Et le refrain. On grimace presque d’avance. Et… Et ? J’ai rêvé ? Mal entendu ? Il l’a tenue non ? Faut que je tende mieux l’oreille, les chants du public doivent me perturber… Heuuu ? Bah non en fait j’avais bien entendu ! Il le fait ! C’est juste, et il la tient, cette fichue note qui nous a jusque-là bien cassé les oreilles ! C’est LE moment du concert. Le public l’acclame. Personne n’en revient. Ça laisse présager tellement de bien pour la suite de la tournée…

Et tant de cadeaux dans la playlist. Certaines dont je ne me souvenais même plus qu’elles avaient déjà été chantées sur scène ! On parlait d’une précisément juste avant d’entrer dans la salle, en plaisantant. Eh, mec, tu nous a entendu et tu l’as rajoutée au dernier moment, c’est ça ?

Il nous préparera longtemps à sa sortie de scène. C’est là que je pense à mes enfants. Parce que je suis un peu dans leurs godasses quand je l’entends annoncer une heure à l’avance que le show touche à sa fin. « Clément ? On va y aller. Non pas tout de suite, mais bientôt ». Ouais, t’as raison Renaud, et c’est la bonne façon de t’y prendre parce que j’ai encore perdu quelques années en cours de route, et là de suite, j’ai 4 ans. Et c’est Noël.

Puis ce Medley de fou. Les textes qu’on n’espérait même pas et qui sont quand même représentés. 4 ans, j’ai dit. D’ailleurs je saute, je danse, et c’est mon dos, mes jambes qui me rappellent qu’en fait, j’ai un tout petit peu plus que ça. Merde. Désolée, gars à côté de moi, je t’ai lancée là-dessus et en fait, je n’ai pas tenu jusqu’au bout.

Déjà, la sortie de scène. Le phénix qui renaît de ses cendres. Je trouvais l’image un peu prétentieuse il y a quelques heures à peine, il faut admettre qu’il m’a convaincue. On n’avait réservé des places que pour 2 dates. On n’a pas besoin d’en parler, David et moi nous regardons quand ça se termine, et on sait qu’on en fera plus que ça. Les premières phrases qu’on échangera plus tard, ça sera : « c’est quand et où les prochaines dates ? Il va quand là, et là-bas ? »

Les lumières se rallument et je reste un peu immobile, comme pour grappiller un peu plus de ces moments magiques. Dire qu’il va falloir quitter la salle. Ne pas trouver de bistrot ouvert alors que je rêve d’une bière. Retourner à l’hôtel et ne pas réussir à s’endormir. Refaire le concert 1000 fois dans ma caboche. Me réveiller quand même tôt parce que les enfants à récupérer, même si l’on n’a pas d’impératif horaire, c’est dimanche, y’a encore la route à faire et école demain.

Nous sommes déjà lundi matin, il est 1h47 et mon réveil sonne dans trop peu de temps. Je suis incapable de trouver le sommeil, parce que je suis bloquée à samedi soir, à Evry. Ce moment où un vieux copain, qui ne me connaît pas alors qu’il a fait de ma vie ce qu’elle est aujourd’hui, m’a donné une belle leçon et m’a rappelé que tout était possible, que tout pouvait arriver. Ce vieux copain qui ne me connaît pas, mais que j’ai retrouvé presque comme si je ne l’avais jamais quitté. Ce vieux copain à qui je dois mes enfants, que je vais aller border parce que le petit se met toujours dans des positions inconfortables pour dormir et que le grand aura surement fait tomber sa couette par terre. Ce vieux pote qui ne lira jamais ça mais que du fond du cœur je remercie. Et à qui je demande pardon, aussi, parce que jusqu’au dernier moment, je n’y croyais pas. Pas du tout.

Dans une vie, tout peut arriver. Pour preuve, le 29 septembre 2007, et ce chanteur qui invite son public pour un show de 5h30 et laisse libre choix aux spectateurs de la moitié de la playlist. Il l’avait dit à Marc Aymon, pourtant, que « Les héros y meurent jamais »…
Pfiou Goldine t'es trop forte :!: j'en ai des frissons :!: Allez gentil papillon flap flap, on s'en refait une chtite soirée pour le plaisir :?: zou on borde aussi notre bébé HLM et on déboule :!: c'est bientôt, c'est demain... À très vite :!:
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monamipierrot
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par monamipierrot »

Par contre quand en introduction d'Hyper Cacher, il allume une journaliste qui semble-t-il n'a pas aimé ce titre :
«Je crois que toutes les vérités sont bonnes à dire, n’en déplaise à cette connasse de l’"Obs"".

Par curiosité j'ai trouvé sur internet la critique de l'album et je ne trouve pas qu'elle le charge, sans doute la première phrase l'a énervé :
"Renaud a déclaré s’être "réconcilié avec la communauté juive". Il était donc fâché avec elle ? Mais pourquoi ? C’est son problème.

Quoi qu’il en soit, "Hyper Cacher" est une grande chanson, la seule sur le sujet à ce jour, où il souhaite aux victimes de l’attentat de janvier 2015 de reposer "en paix à Jérusalem, sur la terre de leurs pères, au soleil d’Israël". Un requiem émouvant à chialer."


http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/ ... titre.html
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Milou !
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Re: Le Journal du Renaud Phénix Tour. Saga 2016/2017

Message par Milou ! »

Perso, le 29 septembre 2007 a été le concert de ma vie. Non seulement parce que j'avais reçu un coup de massue dans la tronche de la part du Chantiste qui invitait tous ses fans à venir le voir sur scène gratos (si si), mais aussi parce que ce soir-là, à la Cigale, j'avais trouvé mon Coeur et on s'y était dit : "allez c'est pas sérieux cette distance de 8000 bornes entre nous, va falloir faire quelque chose."
Voilà, sans doute que tu t'en contrefiches, ami lecteur. Mais l'info te donne une idée de la hauteur de la barre à sauter pour cette nouvelle tournée. Le challenge est de taille. C'est sûr, ça va être coton.
Une heure avant ce fabuleux cadeau de la Cigale, je me souviens m'être dit que j'y allais juste "par nostalgie"... en pensant que j'allais irrémédiablement être déçue. Aujourd'hui, quelques jours avant " la renaissance ou la chute " du Phénix, je crains encore et toujours de tomber de haut.
Et pourtant.
Pourtant, il a d'ores et déjà réussi un exploit, le Chantiste. Dix ans après, un "bébé HLM" dans les pattes qui occupe désormais bien des heures de ma vie, une famille à nourrir, un nouveau taf à apprendre qui m'accapare, des pattes d'oie au coin des yeux et une allure de dadame qu'on la dirait sûrement pas accro au Chanteur énervant, je n'ai qu'une hâte, c'est de le revoir sur scène. Malgré la voix, non, malgré l'absence de voix.
Pourtant, des lustres plus tard, c'est bien son disque que mon Coeur m'offre, sourire aux lèvres, mi figue mi raisin, comme un hommage à notre histoire qui s'inscrit dans la carrière de la Chetron sauvage. Comme un message pour dire aussi, tant d'années après : voilà, il est toujours là, et ses chansons nous habitent. C'est bien Pierrot et Germaineuh qu'on lui chante pour l'endormir, à notre petit Cariacou...
Pourtant, le 8 janvier 2015, le 13 novembre 2015, et le 14 juillet 2016, c'est dans ses mots encore que je me suis réfugiée pour tenter de comprendre les maux de notre monde et poser des phrases-cataplasmes sur l'indicible. Ceux qui s'acharnent, arguant que "Renaud c'est mort il est récupéré, d'ailleurs il chante qu'il a embrassé un flic", oublient sans doute que dans les Charognards, "qu'on soit flic ou truand, on est un être humain", il y a "un flic est un être humain". LE FLIC AUSSI, COMME LE TRUAND, EST UN ETRE HUMAIN.
Eh oui, nous sommes en 2016, et c'est encore dans ses chansons que je puise l'humanité qui me donne la force.
Alors voilà, au fond, qu'importe le reste ? Il aurait pu s'arrêter il y a des piges, "à 69 berges, on lui a dit Bonhomme, t'as assez bossé, repose toi enfin"... il nous a offert ce présent incroyable de cinq heures et demi de communion en 2007, et aujourd'hui, il revient nous saluer... ce sera comme d'aller dire bonjour à un vieux pote qui, de loin en loin, a jalonné toute notre vie, s'éloignant pour toujours mieux revenir.
Voilà, à vous lire, les aminches, les escarpes et les marlous : j'ai hâte.
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