Renaud, entre frissons et émotions
Il y a plusieurs types de gens. Ceux qui, sans doute un brin aigris, ont préféré rester chez eux. Parce que Renaud, « c’est plus ce que c’était ». Ceux qui, sceptiques mais curieux, sont venus, « pour voir ». Et puis il y a les autres. « Les vrais ». Ceux qui l’aiment tant, qu’ils lui pardonneraient tout. Qui ont fait le pied de grue, pour être au premier rang. Et qui ce soir, ont noué un bandana rouge, autour de leur cou.
Sa voix qui ne suit plus, les notes qui ne passent plus, les mots qui accrochent sous sa langue un peu pâteuse… On pourrait en discuter, oui, on pourrait. Lui-même en plaisante d’ailleurs, de sa santé, de sa voix « rocailleuse ». Mais ce jeudi soir au Zénith, tout ça, on s’en fiche pas mal. Parce que le type n’aura besoin que de trois toutes petites chansons, pour que la salle tout entière se retrouve flanquée de la chair de poule. Parce qu’on a tous un souvenir. D’une nana qu’on a emballée un soir où l’autoradio de la bagnole racontait l’histoire de celle qui est en cloque.
Un public ému, touché, heureux d’être là
D’une mère, un peu loubarde, hurlant à l’envi que « putain, il est blême, son HLM », alors qu’on lui demande de chanter une chanson. De cette farandole de mots qui vont si bien ensemble, et qui nous ont bercés, tout gosse, ado, ou à l’âge des premières rides.
Et ce jeudi soir, ce souvenir-là, il colle quelques larmes dans les mirettes d’une foule de spectateurs, bienveillants et affectueux, qui reprennent d’une seule voix et pendant de longues minutes la poésie du vieux renard. Ce jeudi soir au Zénith, Renaud, un peu chancelant, a offert un très joli moment à un public ému, touché, heureux d’être là. « Toujours vivant, toujours la banane, toujours debout. » Quoi qu’il fasse, Renaud est un monument.
Cerise Rochet
Le Progrès.fr