Et le reste est littérature...

[lucien]

Il est sur le topic de gcm.

[Yann quib]

D'ailleurs j'ose vous faire part d'un poème que j'ai écrit, bien plus jeune.... Il est pas terrible mais je l'aime bien, même si je m'en rappelle pas:


21h53



Il va bien falloir que je finisse par admettre que je me rappelle de rien
Je crois pas que je m’en fous, pourtant
Mais je me rappelle de rien.

Ce que j’ai pu te dire, ce qu’on a fait ensemble
Des concerts, trois enfants…
Des mots… des mots.

Et tous ces gens qui me parlent de la pluie, des nuages noirs qui roulent.
« La formation de nuages résulte du refroidissement d'un volume d'air jusqu'à la condensation d'une partie de sa vapeur d'eau. »
Ça je m’en rappelle parfaitement, me faites pas trop chier avec les évidences.

Le 11ème commandement, « les autres, c’est les autres, un singulier pluriel », et la tête bien raide.

Il va bien falloir que je finisse par admettre que je me rappelle de rien
Peut être que je m’en fous, au fond.

C’était pas moi, ce cri et les poumons qui hurlent de la trouille d’être là
C’était pas moi, ce fouissement et les bras tatoués de mes ancêtres, les péchés de nos pères
C’était pas moi, les légos qui jalousent, les vrais-faux coups de latte
A mes frères d’un moment.

Cet escalier qui mène à cet autre escalier, le désir de désirer, la joie d’être perdu.
Et le même geste, encore, pour oublier que je me rappelle de rien
Pour oublier les frontières de mon corps

Bien sur que c’était moi.

Et les mots sont si lourds que la poussière des dictionnaires en fait des rues pavées quand on les ouvre au hasard :
- plasmogamie : nom féminin, synonyme de cytogamie
- slalom : nom masculin. En ski, descente consistant en une série de virages, sur un parcours imposé
- …/…

Je sais qu’il existe un mot qui brille bien plus fort que le mot « réverbère ».

Et c’était qui, si c’était pas moi ? Ce miroir, des formes, je t’ai aimée comme un fou, je me souviens précisément que je ne savais plus où tu commençais et où ça s’arrêtait cet amour tes mains tes yeux ta bouche pas ce que tu disais non ça c’est des mots c’est inventé ta bouche juste ta bouche tes lèvres qui mouillaient l’oreiller sur ta droite ta salive et la mienne tes rêves et puis les miens tes mains la bougie la magie les draps c’était noir et brillant, le plaisir le silence.

Il est 21h53, aujourd’hui et maintenant.

Et je me rappelle de rien.



(je me rappelle qd même que je l'avais déjà posté et que chétano s'était bien foutu de ma gueule! )

Désolé, mais j'aime bien.

[Marie la Belge]

Moi aussi j'aime beaucoup ce texte de Lucien.

[Fouett'man]

Dans ce topic, y'aura de la bienveillance, j'y veillerai et sinon je fais appel à Fouet'man.

Et t'as raison, j'ai mal formulé le truc: "si on trouve ça pauvre ou magnifique, il faut le dire!"

Présent

[Aïdos]

C'est pas très important, mais on pourrait presque y voir du Sartre, dans ton texte, Lucien.

Ça m'a plu.

(et je vais prendre le temps de bien relire ce que tu dis, ce truc de dialectique.)

[lucien]

Tiens, un phrase de Georges Bataille qui devrait te plaire, et que j'ai (mal) tenté de plagier:

J'aimerais aider mes semblables

à se faire à l'idée d'un mouvement ouvert de la réflexion.

Ce mouvement n'a rien à dissimuler, rien à craindre.

Il est vrai que les résultats de la pensée

sont bizarrement liés à des épreuves de rivalité.

Nul ne peut disjoindre entièrement ce qu'il pense

de l'autorité réelle qu'en aura l'expression.

Et l'autorité s'acquiert au cours de jeux

dont les règles traditionnelles,un peu arbitraires,

engagent celui qui s'exprime,

à donner de sa pensée l'idée d'une opération sans défaut et définitive.

C'est une comédie bien excusable,

mais elle isole la pensée dans des parades d'oiseaux

qui n'ont plus rien à voir avec une démarche réelle,

forcément douloureuse et ouverte,

toujours en quête d'aide et jamais d'admiration.

Georges BATAILLE

[Tha_moumou]

lol

Pas d'accord, oulalala pas d'accord.

[lucien]

Putain j'ai eu chaud.

[Aïdos]

Le problème est ailleurs: c'est que la plupart du temps, on dit des trucs uniquement pour contrer l'autre, le mettre à genoux comme tu dis, on va sur wiki, l'insee qd ça nous arrange, etc. mais on ne tente pas de s'enrichir de la parole de l'autre, ni d'en savoir plus nous mêmes (je peux en parler, je suis un spécialiste), et c'est pour ça que l'égo n'a pas grand chose à voir la dedans.

Je te lis peut-être mal, mais je vois une contradiction dans ce que tu dis là : si le but n'est pas de s'enrichir, de s'élever, mais bien de voir nos arguments, dont on fait une sorte de prolongement de nous-même, triompher de l'autre, c'est bien qu'on est sur le terrain de l'égo, ou en tout cas de quelque chose qui renvoie à "perdre la face ou non".

Non ?

Après, je suis nul en Marx, comme en plein de choses, je suis pas au clair avec tout ça.

Moi ça me fait bien chier par exemple que Sophie ne poste pas qqs textes ici, sous prétexte de jugement ou d"élite intellectuelle" qui s'amuse à tout démolir. Mais c'est de notre faute si on renvoie cette image...

Moi aussi ça m'ennuie.

Mais si on y songe, qui, ici, s'est auto-proclamé "élite" ?
Qui a prononcé ce mot ?

Moi je n'ai vu que des opinions, péremptoires ou argumentées, avec les formes ou non, mais exprimées par des individus qui ont, ma foi, le droit de le faire.

Alors un pacte de non-agression, pourquoi pas, je suis même plutôt pour, au fond.

Mais attention à la tyrannie des sentiments (du sentimentalisme), qui fait qu'on se retrouve prisonniers de la crainte de faire de la peine.

Et Sophie, je ne dis pas que tu fais du sentimentalisme.
(voilà, tu vois Lucien, je me sens obligé de préciser, "au cas où ce serait mal pris").

[lucien]

Le problème est ailleurs: c'est que la plupart du temps, on dit des trucs uniquement pour contrer l'autre, le mettre à genoux comme tu dis, on va sur wiki, l'insee qd ça nous arrange, etc. mais on ne tente pas de s'enrichir de la parole de l'autre, ni d'en savoir plus nous mêmes (je peux en parler, je suis un spécialiste), et c'est pour ça que l'égo n'a pas grand chose à voir la dedans.

Je te lis peut-être mal, mais je vois une contradiction dans ce que tu dis là : si le but n'est pas de s'enrichir, de s'élever, mais bien de voir nos arguments, dont on fait une sorte de prolongement de nous-même, triompher de l'autre, c'est bien qu'on est sur le terrain de l'égo, ou en tout cas de quelque chose qui renvoie à "perdre la face ou non".

Non ?

Si. Mon égo en prend un sale coup.

[Tha_moumou]

Putain j'ai eu chaud.

Mais grave.

Je pense que je dis ce que je pense presque uniquement pour qu'on me fasse changer d'avis, ou du moins parce que ce que je pense ne me suffit pas, et au bout du compte sans doute surtout parce que penser me semble être quelque chose de forcément collectif.

Je pense que tu "on"ise à tort et à travers, en répétant si souvent que "on" ne cherche qu'à faire plier l'autre etc. Je pense d'ailleurs que toi-même tu ne fais pas ça, alors je comprends pas bien d'où sort ce "on", qui correspond au "Nul ne peut" de ta citation de Bataille. Si lui ne peut pas, c'est son problème, mais c'est pas une raison pour affubler le monde entier de son handicap (et là j'ai pleinement conscience de réagir sur une citation hors contexte d'un auteur que je ne connais pas du tout).

Il y a des gens qui font ce que tu dis, mais c'est somme toute assez rare.

[lucien]

La citation (déjà postée ailleurs) me semblait vraiment appropriée par rapport aux réflexions de Aidos, les continuant tout en les synthétisant.

Ce que je retiens d'essentiel dans le truc de Bataille, c'est qu'à un moment T, on considère nos réflexions comme abouties et définitives, alors que la pensée devrait être (est?) constamment en mouvement. Et savoir écouter l'autre, accepter son aide plutôt que de chercher son admiration, c'est à dire mettre l'égo de côté... c'est bien dit et tellement vrai.

Et tu sembles bien être le seul à trouver qu'on est pas des espèces de paons sur ce forum... Moi, ce qui m'a le plus marqué, c'est que Sophie, qui nous a dit écrire des textes, n'ose pas les poster, de peur du cynisme ambiant. Aidos en parle bien dans la 2ème partie de sa réponse, qqs posts plus hauts. Personne ne s'est auto proclamé "élite" (peut être globe), et pourtant c'est bien l'image qu'on donne.

Perso, j'aime bien qd ça frite un peu, mais c'est encore mieux si on lit le post du frité...

[Blaise Poulossière]

Penser que la pensée doit être constamment en mouvement, c' est ton avis définitif ?

[Tha_moumou]

Et tu sembles bien être le seul à trouver qu'on est pas des espèces de paons sur ce forum...

Mais c'est parce que je ne suis pas quelqu'un de méprisant, figure-toi. Et j'ai une assez bonne image de moi-même, aussi.

Moi, ce qui m'a le plus marqué, c'est que Sophie, qui nous a dit écrire des textes, n'ose pas les poster, de peur du cynisme ambiant. Aidos en parle bien dans la 2ème partie de sa réponse, qqs posts plus hauts. Personne ne s'est auto proclamé "élite" (peut être globe), et pourtant c'est bien l'image qu'on donne.

Bouais, ou alors c'est plus classiquement une gonzesse qui n'ose pas prendre la parole dans une assemblée majoritairement masculine.

Ce serait dommage.

[Sophie du moulin]

Bouais, ou alors c'est plus classiquement une gonzesse qui n'ose pas prendre la parole dans une assemblée majoritairement masculine.

Ce serait dommage.

Non, non, quand il y a beaucoup de monde, je ne prends que rarement la parole! Donc, je suis plus bavarde sur un forum que dans un "regroupement réel" Par contre, je n'ai aucun problème pour discuter avec des mecs et même j'apprécie davantage (je ne sais pas vraiment pourquoi, j'ai le sentiment d'être plus moi-même, peut-être parce que je ne me "compare" pas), mais quand la conversation tourne autour du foot ou des bagnoles , de même quand les meufs se mettent à parler maquillage, régime ou mode, je fuis!