Charlie Brown a écrit : ↑23 mars 2018, 00:41
[On ne fait jamais qu'écouter un disque. Ecouter un disque c'est un acte esthétique. D'abord, il y a le geste. Le bout des doigts qui effleure les tranches pendant que le regard s'attache à décrypter les minuscules caractères typographiques que les imprimeurs ont réussis avec dextérité à faire tenir sur de si petites surfaces. Souvent, l'œil exercé du mélomane, faisant fi de la typographie, reconnaît à la seule palette de couleurs qui s'étalent sur cette fine ligne la pochette de l'album convoité. Avec précision, entre le pouce et l'index, l'amateur extirpe l'objet de la masse de ses congénères. Puis le prend à bras le corps, à deux mains. Son regard embrasse la totalité du spectacle, s'attarde sur un détail, un bord de cadre, un ensemble de signes savamment exécutés (ou pas). D'une légère torsion du poignet, il retourne l'objet, observe son dos, scrute les caractères qui égrènent le programme des réjouissances. Parfois, d'un geste auguste, il doit déplier les bras pour ouvrir la chose en deux. Extase. Puis il glisse avec délicatesse un doigt dans la fente, écartant les parois qui le séparent de la rondelle adorée. Avec agilité, en prenant garde de ne pas en abîmer la surface, il plonge sa main dans l'étui pour aller titiller le trou avec le majeur, pendant que le pouce se pose avec souplesse mais fermeté sur un point de sa circonférence. Avec un sens de l'équilibre qui force le respect, le mélomane extrait cette galette de son fourreau, de la main droite (s'il est droitier), pendant que la gauche tient fermement la pochette avant de l'écarter avec plus ou moins de rapidité pour pouvoir se saisir de la chose à deux mains et la poser délicatement, avec amour, sur la platine qui n'attendait que ça. Le bras est soulevé, le déclic enclenché. Pendant qu'elle effectue ses premiers tours de pistes, un coup d'brosse à reluire l'esthète lui administre. Le bras vengeur s'abaisse et creuse son sillon, lui arrachant des cris et des lamentations.
Quelle belle verve tu as ! Il me semble d' ailleurs même y percevoir une certaine forme d'onanisme. Me trompé-je .
J'ai découvert ça il y a quelques jours avec un article dans Rock & Folk.
Greta Van Fleet un groupe de très jeunes américains (dont trois frères).
La voix présente une ressemblance assez frappante avec celle de R.P, la musique aussi sonne assez L.Z
Ils ont sortis deux EP pour le moment (regroupés sur un CD).
Modifié en dernier par Jeep le 26 mars 2018, 19:01, modifié 1 fois.
Jeep a écrit : ↑23 mars 2018, 13:47
On n'insistera jamais assez sur la catastrophe que fût l'arrivée du CD pour les photographes, les graphistes, les génies du 30 par 30 cm...
Même Renaud l' a dit, à propos de "Putain de camion".
C'était pas son premier album à sortir en CD, mais en 88 quasi tout le monde était déjà équipé et il me semble bien que c' est son premier album qui s' est mieux vendu en CD qu' en vinyle. Pas de bol donc pour cette pochette qui a été imaginée pour le grand format et qui perd beaucoup de son impact en CD.
Jeep a écrit : ↑23 mars 2018, 13:47
Et c'est cette vache énigmatique sur la pochette d'Atom Heart Mother qui a certainement guidé ma main pour que je choisisse celui là et pas un autre.
Je sais que cet album n'a pas trop une bonne réputation, trop pompier, trop démonstratif pour beaucoup.
Ben perso j' ai jamais trouvé cette pochette attirante, j' y voyais même le summum du j'm'enfoutisme, d' une volonté de décalage et d' un gros pied de nez à tous ces disques au pochettes psychédélique ultra soignée (comme "Abraxas" de Santana, pour ne donner qu' un exemple, le premier qui me vient en tête.)
C' est une autre école, je le comprends bien, et l' avenir le prouvera puisque ils ont toujours apporté un grand soin à l' emballage de leurs galettes. Mais en attendant, Atom...
Mais j' ai tout de suite adoré ce disque et principalement pour sa pièce maîtresse. Puis je suis passé par ce cap de ne plus trop aimer pour les raisons que tu cites. Puis c' est revenu; j' ai re-adoré et encore aujourd'hui j' adore !
Modifié en dernier par Blaise Poulossière le 27 mars 2018, 00:21, modifié 1 fois.
C' est Lucien qu' est fan je crois, moi je découvre. Très bon, c' est délicat, feutré, Jazzy façon "club New-Yorkais" sans le côté glauque, crooner à la Leonard Cohen.
Je trouve pas de lien de l' album, j' en mets un d' une version live du morceau que je voulais:
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Ha je ne suis pas fan, je suis carrément un fou furieux! Je connais Howe Gelb (rencontré plusieurs fois...) depuis la 1ère partie que son groupe Giant Sand avait fait des Cramps, au festival de Bourges, vers 1983...
Entre la discographie officielle, les lives, les inédits, sa carrière solo, ses collaborations ... je dois avoir une 50aine de disques de lui...
Celui dont tu parles est le dernier (comme je t'envie de l'avoir en vinyl!!) très apaisé en effet. Il est principalement (ou uniquement?) au piano. Moi qui n'aime pas le jazz, là je suis vraiment scotché... rien que par la voix, toujours légèrement décalée, et qui véhicule tellement d'émotions...
(il est en train de ré-enregistrer le 1er disque de Giant sand "valley of rain" - chef d'oeuvre absolu de punk rock!)
"La seule différence entre un fou et moi, c'est que moi, je ne suis pas fou".
En tout cas je suis assez emballé. Il a du charisme et il dégage quelque chose de fort. Il me rappelle parfois aussi Lou Reed (dans "Berlin" surtout) dans sa façon de poser sa voix.
N'hésite pas à en parler, à conseiller des albums... Et je ne connais pas Giant Sand non plus. (mais pour te dire la vérité, figure-toi que j' ai pris ce disque parce que j'ai confondu avec un autre type dont le nom est Steve Howe ! Mais c' est une erreur que je ne regette pas.
Et alors si vous aimez le style Rabbi Jacob, y a ça qu' est pas mal aussi. Un chouette disque du chouette label Harhoolie (et que j' ai pas non plus mais qui est dans ma wishlist.)
Le petit plus: Pochette illustrée par Robert Crumb, le papa de "Fritz the Cat", "Harv & Bob", "Mister Sixties"...
On le répétera jamais assez: Les pressages italiens de vinyles sont à fuir, surtout en ce qui concerne les sorties non-officielles.
Mais je reconnais que malgré ses défauts et surtout après être passé au fil des ans par la VHS, la K7 audio et le MP3, je n' ai jamais aussi bien entendu cette excellente performance d' "Echoes" qui vraiment ici est à tomber !
Pour Echoes, j' ai toujours préféré la version Pompéii à la version "Meddle", et je m' en excuse bien bas auprès de qui cela peut choquer, mais ici à Pompéii, le duo de voix ou les riffs de guitare sont bien meilleurs et plus efficaces je trouve !
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Blaise Poulossière a écrit : ↑31 mars 2018, 21:25
En tout cas je suis assez emballé. Il a du charisme et il dégage quelque chose de fort. Il me rappelle parfois aussi Lou Reed (dans "Berlin" surtout) dans sa façon de poser sa voix.
N'hésite pas à en parler, à conseiller des albums... Et je ne connais pas Giant Sand non plus. (mais pour te dire la vérité, figure-toi que j' ai pris ce disque parce que j'ai confondu avec un autre type dont le nom est Steve Howe ! Mais c' est une erreur que je ne regette pas.
Oh bon sang, faut pas me le dire deux fois!
Alors, voila, il était une fois...un jeune mec, 19 ou 20 ans, qui va au Printemps de Bourges pour y voir, entre autres, les Cramps. A l'époque, j'écoutais principalement du punk-rock, mais aussi le Velvet et déjà des choses comme Van Morrisson (les Them) par exemple, ou les Doors. Les Stranglers étaient mon groupe préféré.
A Bourges, donc...on tombe sur une nana qui nous vend des acides. Montée fulgurante, je passe les détails psychédéliques...et on va vers le lieu où doivent jouer les Cramps. Sur la scène...Giant Sand. Un chanteur guitariste extrêmement charismatique (Howe Gelb, donc), et à peine plus âgé que moi. Ce que j'ai ressenti est indéfinissable. J'ai su à ce moment là, que j'avais trouvé mon truc, ma famille. En plein cœur, mon âme ouverte à ce truc que je sentais exister en moi, et qui se matérialisait soudain sous forme de riffs, d'attitude, d'urgence absolue. Et cette voix... J'avais le cerveau au bout des oreilles, ce qui se passait était fait POUR MOI! (pas de lien live de l'époque, malheureusement...)
Les Cramps, ensuite, avec leur provoc à deux francs (la bassiste hyper sexy, langue pendante et jambes écartées...) et malgré la classe rock'n'roll qui se dégageait, m'ont paru bien fades...Je crois que j'avais compris que, pour moi, les choses se passeraient ailleurs, dorénavant.
Pas d'internet, à l'époque...je fouille donc à la FNAC, commande "Valley of rain" (1er vinyl de Giant Sand), et en parle à mon petit disquaire (celui la même qui m'avait fait connaître Van Morrisson, sur un malentendu que j'ai déjà raconté ici... confusion entre Jim, et Van Morrisson ). Il me dit que, peut être, le Dream Syndicate pourrait me plaire... Deuxième grosse claque! Davantage en lien direct avec le Velvet (Dream Syndicate est le nom d'un lieu créé par Andy Wharol, dans sa Factory), je suis tombé raide dingue du chanteur, Steve Wynn (mais ça ferait l'objet d'un autre post, bien plus fourni encore que celui ci, Steve Wynn étant extrêmement productif, plus encore que Gelb...).
A travers la lecture de petits fanzines (dont le nom m'échappe, la, mais que j'ai quelque part), et de magasines, je découvre des noms de groupes comme Rain Parade, les Droogs, Dream 6, Peter Case, Green on red (un des meilleurs groupes du monde, vraiment! avec Chris Cacavas au piano, qui jouera par la suite avec Giant Sand, et surtout Steve Wynn)... souvent mis en lien avec Giant Sand ou Dream Syndicate. Je m'aperçois vite qu'ils forment, comme je l'avais pressenti, une véritable famille. Les musicos jouent dans plusieurs groupes, dépannent, se connaissent tous. J'achète tout ce qui me tombe sous la main (et même, complètement monomaniaque, je n'achète QUE ça, mis à part ce qui est rock français, et quelques groupes post punks).
Ça me permet de patienter jusqu'aux prochains disques de Giant Sand, sur lesquels je me précipite. Très vite, ils deviennent un trio (Howe Gelb, guitare voix, Joey Burns à la basse, et John Convertino à la batterie), et sortent disque sur disque (accompagnés par d'autres musiciens en studio). Deux/trois petits exemples que je trouve représentatifs de cette période:
Ceci dit, on sent déjà Howe Gelb partir vers d'autres horizons, plus "punk-folk-experimental-country", la preuve avec un extrait de Long stem rant, album enregistré à deux, avec juste Convertino à la batterie:
Autour des années 2000, Giant sand se scinde en deux: Howe Gelb d'un côté, et Convertino et Burns de l'autre, qui vont former Calexico (j'ai appris par Howe Gelb, avec qui j'ai eu une longue discussion après un concert dans le sud, près de chez moi à l'époque, qu'il considérait Joey Burns comme trop "ambitious"... ayant en quelque sorte trahi l'esprit originel de Giant sand -malgré mon pauvre anglais, j'ai compris qu'il avait vraiment l'air de lui en vouloir!...).
Calexico, souvent considéré uniquement comme le groupe ayant réussi à mélanger la musique "mariachis" et le folk "underground".. c'est pas faux, mais ils sont loin de n'être que ça! Joey Burns se met à la guitare et à la voix, et la batterie de Convertino, inventive et discrète, fait le reste. Ça donne des bijoux comme celui-ci (que je massacre allègrement à la gratte et à la voix! ):
et, côté mexicanos (absolument excellent aussi!):
Pendant ce temps, Howe Gelb conserve le nom de Giant sand, mais enregistre plusieurs albums solo, tous impeccables et élégants. Mon morceau préféré de l'époque, bien révélateur de l'esprit...
Il a fait au moins 15 albums solo, plus ou moins "officials", plus ou moins trouvables, plus ou moins téléchargeables (il offre souvent des liens à ceux qui le suivent, d'autres ne sont vendus que pendant les concerts, ou directement sur "Discogs"...). On sent les influences revendiquées de Lou Reed (comme tu l'as remarqué, Blaise), mais aussi (et peut être surtout) de Neil Young. Il a cependant un toucher de guitare bien particulier, qui n'appartient qu'à lui. Le son aussi est tout à fait personnel, de la même manière que le placement de la voix, toujours à la limite, inimitable.
Je pense que c'est pendant cette période qu'il a vraiment travaillé le piano, qui devient de plus en plus présent (jusqu'à Future standards, dans lequel il est l'instrument principal... (c'était déjà le cas pour "lull some piano", un des rares disques que je ne possède pas, et qui est un peu..chiant, il faut bien l'admettre; il est un peu comme un gamin qui veut à tout prix montrer ce qu'il sait faire... Murat, avec qui il est pote, a d'ailleurs raconté qu'ils se battaient souvent, tous les deux, pour prendre place derrière le piano! )).
Puis, un peu après 2005 si je me souviens bien, il reforme Giant sand, avec des musiciens norvégiens (ou danois???), tous ayant environ 25 ans de moins que lui... Cela donne "PROvisions", sorti en 2008, et qui se situe vraiment dans la lignée de ce qu'il a pu faire en solo:
et en live:
Parallèlement, il sort 2 albums solos, coup sur coup, The Coincidentalist et Dust bowl, parmi mes préférés de toute sa discographie:
The Coincidentalist en entier:
En résumé, depuis mes 20 ans, j'ai grandi, vieilli, avec lui et sa musique. Aussi important qu'un écrivain, ou un poète, ou un pote. Peut être plus... mais je me relis, et je m'aperçois à quel point il est difficile de faire toucher du doigt combien je peux être touché par ce mec. Il m'a toujours accompagné. Partout. Et en dehors des brèves rencontres, où on a un peu parlé, et pendant lesquelles je me suis fait dédicacer un paquet de trucs, en dehors des mails qu'on continue d'échanger, j'ai le sentiment d'un partage tacite, d'une émotion que je ne saurais pas communiquer, et qui m'enveloppe, m'émeut, me submerge à l'écoute de sa voix, du son de sa gratte (que je reconnais au 1er accord...). Je suis transporté, je reconnais des choses en moi qui ne s'illuminent qu'alors, la vie se colore autrement, à peine autrement mais suffisamment pour en supporter le poids...
Allez stop. Un dernier morceau, qui, j'espère, se passera de mots:
"La seule différence entre un fou et moi, c'est que moi, je ne suis pas fou".
)
![:]](./images/smilies/8.gif "Dan.San"){kind=small}
). Il me dit que, peut être, le Dream Syndicate pourrait me plaire... Deuxième grosse claque! Davantage en lien direct avec le Velvet (Dream Syndicate est le nom d'un lieu créé par Andy Wharol, dans sa Factory), je suis tombé raide dingue du chanteur, Steve Wynn (mais ça ferait l'objet d'un autre post, bien plus fourni encore que celui ci, Steve Wynn étant extrêmement productif, plus encore que Gelb...).