Sophie du moulin a écrit : ↑04 juin 2017, 16:05 Mais je me pose une question: être spéciste, n'est-ce pas nécessairement être anti écologie ? Encore les welfaristes peuvent se prétendre écolo, ça se tient, mais je ne vois pas comment on pourrait être spéciste et écologiste. Bon d'un autre côté, je crois que dd, l'environnement tu t'en fiches un peu, non ? Pour Charlie, je n'en ai aucune idée. En tout cas, s'il y a ici des spécistes écolo, je serais curieuse de connaitre leurs arguments parce que cela ne me paraît pas gagné pour me convaincre.
Comme l’ont dit d’autres avant moi, je pense que oui, on peut être "spéciste" et écolo.
On peut même être omnivore et écolo. Ce n’est pas parce qu’on mange de la viande qu’on veut que les animaux soient traités n’importe comment avant de servir de repas (ou de vêtement). On peut être contre l’élevage en batterie et l’élevage intensif, pour un élevage en plein air et le moins industriel possible. Tout comme on peut être végétarien (et donc manger des œufs, boire du lait et porter de la laine) et écolo. Vouloir un monde plus écologique suppose une réduction de la production, et donc une hausse des coûts, entraînant une réduction de la consommation (surtout dans sociétés "développées"), et une batterie de lois pour légiférer dans le sens d’une agriculture et d’un élevage plus respectueux de l’environnement, de la vie des bêtes et des végétaux. Parce que ça va pas se faire tout seul non plus. Que le consommateur fasse un effort, c’est bien. Mais tant que la majorité des producteurs n’est pas contrainte à faire l’effort principal en amont, peu de chances, dans un système capitaliste dominant, qu’elle le fasse d'elle-même. Le problème, c’est que légiférer au niveau mondial, c’est très compliqué.
Le fond du problème, avec le veganisme (excuse-moi d’insister sur le veganisme, mais c’est le cœur du topic), c’est le concept d’exploitation animale. L’écologiste ne remet pas forcément en cause l’exploitation animale en tant que telle. Il peut être pour un élevage plus "humain", plus respectueux de la vie animale (même si elle reste en partie "au service" de l’homme, donc), il n’a pas forcément de dent contre la "possession" d’animaux domestiques, de "compagnie", n’a rien contre la tonte du mouton, le fait de traire la vache, ou de ramasser l’œuf de la poule. Il veut juste que la vie (et la mort) des ces bêtes soit la plus douce ou la moins cruelle possible, que leur alimentation soit la plus saine possible, et que tout soit fait dans le meilleur respect de l’environnement possible. Ce n’est pas autre chose, l’écologie.
Le veganisme, c’est vraiment une philosophie, une vision idéologique et politique qui va très loin, je trouve. D’une cohérence à toute épreuve, cela dit. Egalitaire à l’extrême (jusqu’à l’absurde ?). Et je reste persuadé que si certains Vegans pouvaient aussi se passer des végétaux, ils le feraient. C’est la suite logique de toute pensée reposant sur la non exploitation du vivant par l’espèce qui domine la sphère du vivant, donc l’être humain, pour l’instant. (Le jour où on deviendra les "animaux" d’une espèce "supérieure", ou d’une nouvelle espèce dominante, si tu veux, une espèce hybride créée par nous-mêmes, par exemple, la question se posera autrement). Reconnaître qu’il existe, de fait, une espèce dominante, ne veut pas dire que celle-ci doit faire n’importe quoi, même si elle peut faire n’importe quoi (car elle le peut, elle en a la capacité. Elle a même la capacité de s’autodétruire ou de pousser à son autodestruction par provocation de cataclysmes naturels ! Le nec plus ultra du pouvoir, en quelque sorte. Si ça c’est pas de l’espère dominante, qu’est-ce que c’est ?). Ce en quoi je suis d’accord avec les Vegans en fait. Juste, "ne pas faire n’importe quoi" ne veut pas dire, pour moi, "ne pas exploiter les animaux sous quelque forme que ce soit" (et c’est là que je deviens une ordure).
Tha_moumou a écrit : ↑05 juin 2017, 13:11 Par ailleurs l'implication émotionnelle précisément empêcherait quasiment tout le monde par ici de manger du chien ou du chat. Et ce que certains appellent antispécisme, c'est encore de l'implication émotionnelle, puisqu'ils mangent du blé sans avoir l'impression de faire quoi que ce soit de mal.
La rationnalité c'est toujours du flan, y a que les affects qui comptent.
J’aime bien comme tu dis ça.
Et j’aime bien le "quasiment" de la première phrase. Parce que je fais effectivement partie de ceux qui ont peut-être mangé du chien ou du chat. Quand je suis allé en Chine, on a mangé dans plein de restaurants où on ne savait même pas ce qu’on mangeait. Tout était écrit en chinois et il n’y avait parfois même pas de ces immondes photos qui te donnent une vague idée de ce que tu vas avoir dans ton assiette une fois que tu auras commandé. Mais je crois bien que, même si je l’avais su, j’en aurais mangé quand même. Pour goûter. (Tout ce que j’ai mangé en Chine était absolument délicieux, soit dit en passant, d’une saveur inouïe ! J’ai par exemple mangé le meilleur canard laqué de toute ma vie à Shanghai. Je ne n’en ai jamais regoûté depuis. Je crois que je ne pourrais désormais jamais plus en manger ailleurs qu’en Chine, tellement c’était l’extase gustative !). En revanche, le côté affect (versant négatif) a joué à fond lorsque j’ai refusé de goûter une brochette de scorpions sur un marché. Les scorpions (je ne me rappelle plus s’ils étaient empalés vivants sur la brochette ou non. Il me semble que oui...) étaient ensuite plongés dans je sais pas quoi et on pouvait les croquer comme ça. Bref, bouffer du chien ou du chat me gênait moins, dans l’idée, que bouffer du scorpion. Je crois que, finalement, je n’aime bien manger que les animaux pour lesquels j’éprouve un peu d’affection (les humains mis à part).