Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 2016

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Saint Maïeul
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Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 2016

Message par Saint Maïeul »

Image
Source : Programme de concert de 4 pages consultable à partir du HLM à http://www.sharedsite.com/hlm-de-renaud ... divers.htm (cliquer sur l'image - en bas de page)

En plus des 12 titres présents sur l'album "Le P'tit bal du samedi soir et autres chansons réalistes", à savoir :

Lézard
C'est un mauvais garçon
Du gris
Tel qu'il est
C'est un male
Le p'tit bal du samedi soir
Un chat qui miaule
Rue saint-vincent
La java (tiens, celle ci elle n'est pas indiquée sur le programme du concert de 1980)
La jeune fille du métro
La butte rouge
La plus bath des javas

Renaud a interprété en première partie de son spectacle à Bobino du 11/03/1980 au 6/4/1980,

3 autres titres (indiqués sur le programme):

- La zone ( "Sur la zone" dans le programme de Bobino) - interprétée par Fréhel en 1933 - Paroles : Marc-Hély / Musique : Joë Jekyll ) - paroles et audio youtube ci-dessous


- Monsieur Bebert (Paroles : Georgius (de son vrai nom Georges Guibourd) / André Clamens (de son vrai nom Goutorbe) ), chanson de 1937 . Interprétée par Andrex, Emile Prud'homme (voir des extraits d'interprétation ici : http://www.chansonsretros.com/index.php ... O00768.php ) - paroles et audio youtube ci-dessous


- Où est-il donc ? ( Paroles: A. Decaye, Lucien Carol - Musique: Vincent Scotto), chanson de 1926, interprétée par Fréhel en 1936 - paroles et audio youtube de Fréhel ci-dessous.




Bon, comme le commerce et la politique éditoriale des majors du disque ne s'arrête pas, en octobre 2016, Universal sort "La zone" sur un CD/Vinyle de couleur, mais pas les 2 autres (c'est malin, ça s’appelle de la gestion de catalogue) : http://musique.fnac.com/a10053123/Renau ... &ectrans=1

Image
Vinyle bleu édition limitée - sortie annoncée pour le 7 octobre 2016.

On aura l'enregistrement de ce concert au complet, avec les deux autres titres, dans 20 ans ou pour la mort de Renaud, qui sait !

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La zone ("Sur la zone" dans le programme de Bobino) - interprétée par Fréhel en 1933 - Paroles : Marc-Hély / Musique : Joë Jekyll
LA ZONE (1933)

Y’a des tas d’ citoyens amoureux d’ la nature
Et qu’ont pas les moyens d’ voyager…
Ils ne connaissent seul’ment qu’ par la littérature
La rive où fleurit l’oranger…
I’ rêv’nt que d’ s’en aller dans les landes en Bretagne,
Dans les auberges à coup d’ fusil,
Sans s’ douter qu’il existe un vrai Pays d’ Cocagne
À dix centimèt’ de Paris…

Sur la zone,
Mieux que sur un trône,
On est plus heureux que des rois !
On applique
La vraie République,
Vivant sans contraintes et sans lois…
Y’a pas d’ riches
Et tout l’ monde a sa niche,
Et son petit jardin tout pareil,
Ses trois pots d’ géranium et sa part de soleil…
Sur la zone !

On n’a pas des palaces en marbre de Carrare,
Avec des dorures au balcon…
On habite une cabane faite en boîtes à cigares,
Avec un’ toiture en carton !
Y’a pas besoin d’ crâner dans son automobile
Pour qu’un’ poul’ vous tombe’ dans les bras !
Les amours sont moins chers et beaucoup plus faciles
Qu’avec les stars de cinéma…

Sur la zone,
Y’a pas d’ sable jaune,
Ni d’ parasols, ni d’ mer d’azur…
On s’invite
À bouffer d’ la frite
Autour d’un tranquill’ de vin pur !
Sous la brise,
On peut à sa guise
S’endormir à poil au soleil…
Tout comm’ les nudistes à Nice ou Beausoleil !
Sur la zone !

Y’a des clebs qui s’engueulent à travers les clôtures,
Des oies, des pigeons, des canards…
Des poul’s qui tranquill’ment s’en vont à l’aventure,
Mais pas comm’ celles des Grands Boul’vards !
Les savants qui voudraient étudier nos coutumes
S’raient bien obligés d’ constater
Qu’ la grenouille du trottoir et l’ poisson du bitume
N’arriv’nt pas à s’acclimater !

Sur la zone,
Bien sûr que la faune
N’est pas cell’ de tous les pays…
On y chasse,
En guise de bécasse,
Du rat, d’ la puce et d’ la souris !
On pratique
Les jeux athlétiques
Et les sports qu’hippiques à la fois…
On a des balançoires à tirer, des ch’vaux d’ bois…
Sur la zone !

Y’a des tas d’ambitieux qui s’acharn’nt à la peine
Pour ramasser trois cent mille francs,
De quoi s’ach’ter plus tard un castel en Touraine :
Faut vraiment pas être au courant !
Y’a qu’à s’am’ner comm’ ça, simplement, un dimanche,
Avec des planches et des outils,
Pour se construir’ soi-même sa villa Les Pervenches
Ou son p’tit chalet Ça m’ suffit !

Sur la zone,
C’est le péril jaune :
Les moutards pouss’nt comm’ du chinois !
On oublie
L’hydrothérapie,
Quand on prend son eau sur son toit !
Faut s’y faire
Et, chez les zonières,
On chuchote, en s’ montrant du doigt
Cell’s qu’ont pas tous les ans deux moujingues à la fois !
Sur la zone !

Interprète : Fréhel
Paroles : Marc-Hély / Musique : Joë Jekyll
Disque : 78T Salabert 3344 (matrice SS 1594-A) / Enregistré en juin 1933
Accompagnement : orchestre M. Chobillon
CD source : album "Fréhel, 1927-1934", Chansophone n° 105 (1991)

***********************************************************************
Monsieur Bébert
Rue Fontaine
L'autre semaine
Je vois un type élégant
Saluer de manière hautaine
Messieurs les commerçants,
Je m'étonne
Je questionne
« C'est votre député sûrement ? »
« Tu débarques de Carcassonne ! »
Me dit un passant

C'est Monsieur Bébert
Le roi des gangsters
Qu'a trois révolvers
Il a deux Chrysler
Il a un Spider
Qui est peint en vert
Ici, c'est son bled
Pour qu'on l' dépossède,
Faudrait s'lever tôt
Et puis il exerce
Un fameux commerce
Qui rapporte gros
Il fait de l'opium avec du calcium
Et des boules de gomme
Il fait d' la coco
Avec des copeaux
Et du cacao,
Il fabrique un tas de stupéfiants
Qui ne stupéfient personne pourtant
Il les vend quand même très cher
C'est le roi des gangsters, Bébert !

Des familles s' mettent en vrille
Pour élever leurs enfants
Des bons emplois qui fourmillent
Dame, il y en a pas tant
V'là un zèbre
Qu'est célèbre
Qui s' fait un million par an
Et il n' connaît pas l'algèbre
Ni l' grec, ni l' persan

C'est Monsieur Bébert
Le roi des gangsters
Qu'a trois révolvers
Au Café Wepler
Quand il prend un verre
Il fauche la cuillère
Comme il est l' caïd
C'est l'garçon, livide,
Qui lui d'mande pardon
Et parfois lui glisse
Même tout l' service
En douce dans l' veston
Il fait d' la morphine
Avec d' la vaseline
Et d' la Quintonine
Des bidons d'éther
Avec de l'eau d' mer
Des pilules Carter
Il a l' meilleur des commerces en gros
Et pas de patente et pas d'impôts
Ni d'taxes sur le chiffre d'affaires
C'est le roi des Gangsters, Bébert !

Des pauvres types
Pleins d'principes
Font tout pour qu'on parle d'eux,
Découvertes scientifiques
Ou des raids audacieux
Lui, pas bête,
En manchette,
Défraye tous les journaux
Drame du milieu, qu'on lui prête !
Article et photos !

C'est Monsieur Bébert
Le roi des gangsters
Qu'a trois révolvers
Certain soir d'hiver
On a découvert
Un homme ventre ouvert
Alors on l'arrête
On fait une enquête
Y n' sait rien de rien
L'erreur judiciaire
S'rait une sale affaire
Il rentre chez les siens
Alors, aussitôt
Y r'fait d' la coco
Avec de la chaux
Et des munitions
Avec des bouts d' plomb
Et des boîtes de thon
Quand il aura ses coffres bien pleins
Il rentrera dans son p'tit patelin
Il s'ra Conseiller ou Maire
Et l'ennemi des gangsters, Bébert !
source : http://chansons-fr.com/base-de-donnees/ ... eur_bebert

************************************************************************

Où est-il donc ?
Y'en a qui vous parlent de l ' Amérique
Ils ont des visions de cinéma
Ils vous disent: " Quel pays magnifique!
Notre Paris n'est rien auprès d'ça ".
Ces boniments-là rendent moins timide,
Bref, on y part, un jour de cafard...
Encore un de plus qui, le ventre vide
A New-York cherchera un dollar.
Parmi les gueux et les prostrés,
Les émigrants aux c urs meurtris.
Il dira, regrettant Paris:

Où est-il mon moulin de la Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Tous les jours pour moi c'était dimanche!
Où sont-ils les amis, les copains?
Où sont-ils tous mes vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Avec un cornet de frites à deux ronds
Où sont-ils donc?

Mais Montmartre semble disparaître
Car déjà de saison en saison
Des Abbesses à la Place du Tertre,
On démolit nos vieilles maisons.
Sur les terrains vagues de la butte
De grandes banques naîtront bientôt,
Où ferez-vous alors vos culbutes,
Vous, les pauvres gosses à Poulbot?
En regrettant le temps jadis
Nous chanterons, pensant à Salis,
" Montmartre, ton De Profundis! "

Où est-il mon moulin de la Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Tous les jours pour nous c'était dimanche!
Où sont-ils nos amis, nos copains?
Où sont-ils tous nos vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Avec un cornet de frites à deux ronds
Où sont-ils donc?

Où sont-ils tous mes vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Quand je bouffais
Même sans avoir un rond.
Où sont-ils donc?
source : http://www.paroles-musique.com/paroles- ... ics,p12226
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Ze_Bestiole
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par Ze_Bestiole »

Merci Titou !
Image Ah marcher sous la pluie, cinq minutes avec toi, et regarder la vie, tant qu'y'en a...
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Cédric
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par Cédric »

Ze_Bestiole a écrit :Merci Titou !
+1 !
N'oubliez jamais que la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie...
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Saint Maïeul
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par Saint Maïeul »

Et alors y'a personne qui a des enregistrements pirates de ces 3 titres par Renaud en 1980 ? (puisqu'il en existe de la période 1976-1977)
Banalyse :)
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SVPat
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par SVPat »

Mais où va-t-il dénicher tout ça dou dou dis donc ! :D
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Je préfère manger une pomme de terre debout qu'un steak à genoux !
>>> :arrow: > > > >Mon Boxon !
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Saint Maïeul
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par Saint Maïeul »

SVPat a écrit : Mais où va-t-il dénicher tout ça dou dou dis donc ! :D
Sur le HLM des fans de Renaud : http://www.sharedsite.com/hlm-de-renaud
Banalyse :)
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Saint Maïeul
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par Saint Maïeul »

Concernant la chanson Monsieur Bébert, "le roi des gangsters", même si elle n'a pas été chanté depuis longtemps par Renaud, il semble que que Renaud, de façon ironique, affuble son agent artistique Bertrand de Labbey du nom de "Bébert, le roi des gangsters", sans doute une allusion à cette chanson.

1-
Bertrand de Labbey, l'agent historique «Bébert, le roi des gangsters», voilà comment Renaud se moque affectueusement de son agent, accessoirement l'un des hommes les plus puissants du septième art et de la musique française. Entre eux, la séduction et l'admiration sont réciproques. En 1978, après le succès de Laisse béton, Renaud cherche un manager, mais arrive avec une bonne heure de retard. Avec son charme et son humour légendaire, il raconte qu'il vient de rencontrer l'amour de sa vie, une certaine Dominique (la future mère de sa fille Lola). De là naît une amitié indéfectible. En 1985, lors du transfert de Renaud de Polydor à Virgin, Bertrand de Labbey lui négocie le «contrat du siècle»: 18 millions de francs d'avance et 30 % de royalties.
Source : http://www.sharedsite.com/hlm-de-renaud ... presse.php - ( 26/03/2016 - Le Figaro - Article sur Renaud par Léna Lutaud )



2 -
RENDEZ-VOUS CHEZ BEBERT


Renaud reposa le Libé qu’il venait de feuilleter négligemment, puis alla se laver les mains. Les mots moches de ce torchon centre-mou restèrent néanmoins incrustés quelques instants au cœur des fibres de son intelligence relative et il pria pour que son rendez-vous ne tarde plus trop. Il lui serait bien plus agréable d’occuper son esprit à de futiles discussions de stratégie artistique plutôt que de se demander si effectivement, comme l’affirmait le pisse-copie de la page 16, les « Trashing-Sunset », enfants de Warhol et de Tati (Jacques) étaient bien la voix – un peu roots mais pas trop heavy – des middle-class de la real-world liverpoolienne mâtinée de concupiscence fellinienne – examen de passage ce soir à La Cigale… Ou si, comme le prétendait l’éditorialiste (un ancien de la Gauche-révolutionnaire-anti-bourgeoise et autogestionnaire devenu Fabiuso-Tapisto-Christian-Dioro-Afflelouliste) les montants compensatoires allaient bientôt faire la nique à l’indice Nikkeï vu que la guerre de le Golfe avait favorisé la relance du machin…

« Monsieur de Labbey va vous recevoir », lui annonça bientôt une gentille secrétaire un peu noire mais très gentille. Jolie même. Renaud pensa furtivement à « n’goulou-n’goulou » (ce n’était pas la première fois que celui lui arrivait, en 62, déjà, il avait eu une émotion de ce genre pendant la projection du film « Les canons de Navarone », au moment où Irène Papas se mouche) mais il écarta avec pudeur cette pensée sordidement tiers-mondiste de son esprit encore par la lecture des conneries modernistes de l’ancien-journal-de-gauche et suivit la jeune fille le long d’un sombre couloir tristement décoré des disques d’or et de platine de quelques-uns de ses honorables collègues. Un légitime sentiment de fierté l’envahit à l’idée que ses trophées à lui n’avaient pas été relégués dans ce corridor anonyme mais trônaient bel et bien dans le salon confortable du modeste triplex du « Monsieur de Labbey » en question, quelque part à Passy.

Renaud détacha enfin son regarde de la croupe féline qui ondoyait devant lui, décrocha un sourire-qui-tue à la gonzesse propriétaire de cet attribut-épithète-ben qu’oui, lui adressa un « merci beaucoup infiniment » limite colonial mais sincère, lui arracha son numéro de téléphone privé, son pull Benetton-tête de con, songea à un poème de Prévert où des humains ordinaires font des saloperies debout contre les portes de la nuit même si c’est pas pratique, voire interdit, et se souvena soudain que sa femme allait lire ces lignes et qu’il serait de bon ton de se calmer un peu, d’autant que la secrétaire de Monsieur de Labbey n’est pas noire ou alors j’étais saoul, puis il pénétra dans le bureau du nobliau cité plus haut.

« Ah ! Entrez, Renaud, asseyez-vous, je vous attendais… » dit-il avec assurance car c’était un homme très cultivé qui avait lu beaucoup de livres et vu beaucoup de documentaires sur FR3, que me vaut le plaisir ? »

Il était assis derrière un bureau de marbre noir à peine plus grand qu’un court de tennis, était vêtu de chaussettes en cachemire et de beaucoup d’autres choses, affichait le désespoir serein des hommes beaux mais riches, et s’efforçait de dissimuler sous une apparente nonchalance l’arrogance tranquille inhérente aux imprésarios de Patrick Bruel, ce qu’il était par ailleurs.

« Cela fait longtemps que je ne vous ai vu ! Comment allez-vous ? »

Renaud resta sans voix devant l’éloquence de son ami. Où puisait-il une telle verve, un tel sens de la formule toujours à-propos ?

« Vous avez bonne mine, cela fait plaisir… » ajouta-t-il avec un peu moins de conviction.

Ce délicat mensonge flatta néanmoins le chanteur qui se décida à s’asseoir dans un des confortables fauteuils de cuir fauve faisant face au bureau, fauteuil dont l’acquisition eût demandé dix à douze ans de labeur pour le moindre ouvrier non-communiste venu, les autres n’étant pas venus ils étaient en grève…

« Alors ? » continua brillamment l’agent. Renaud, cette fois, remarqua que cette formule était un peu usée, que l’ami l’avait probablement lue quelque part et qu’il s’autorisait sans honte à se l’approprier, n’imaginant probablement pas que son artiste français préféré remarquerait la supercherie… Hélas pour lui, l’artiste avait aussi des lettres, il restitua très vite la citation à son auteur (en l’occurrence l’Avocat Général du Tribunal de Nuremberg s’adressant à Herman Goering), mais, élégamment, il ne cilla point, se contentant de s’enfoncer un peu plus profondément dans les moelleux coussins de cuir du fauteuil, en mijotant sa répartie qui, il n’en doutait pas, n’allait pas tarder à terrasser son interlocuteur. Elle vint, il l’asséna. Comme un coup de poins dans la gueule d’un con, ou pire, d’un journaliste :

« Bébert, il faut que je vous parle ! »

Renaud était le seul être au monde capable d’appeler « Bébert » monsieur Bertrand de Labbey, homme respectable et joli, marié à une femme splendide quoique étrangère, père d’un enfant délicieux malgré son goût immodéré pour les consoles Nintendo et les chansons de David Mac Neil, possesseur d’une B.M.W. gris métallisé& avec téléphone et lecteur de CD – gratuits – offerts par les maisons de disques, ami des plus grands noms du Monde du Spectacle et même de François Feldman, bref, un mec bien, presque un Protestant. Bertrand pourtant ne semblait pas s’offusquer de cette familiarité canaille, Renaud l’avait même vu sourire un jour, lorsqu’il l’avait présenté ainsi à un ministre oublié depuis : « Monsieur Bébert, le roi des gangsters, mon agent ». Mais il est vrai que ce fut un sourire étrange.

Bébert ne bougea pas. La sortie de son artiste préféré du monde l’avait chopé au plexus comme un uppercut au foie ou plutôt au plexus effectivement. Il encaissa. Il était très fort.

« Je vous écoute… » dit-il. (Renaud sentit quand même une pointe d’inquiétude dans cette remarque. Mais c’était si lointain, si léger, qu’un autre que lui n’y aurait vu que du feu. Il se félicita mentalement de son extraordinaire capacité à sonder l’âme humaine et, plus fort encore, celle d’un imprésario.)

Alors le chanteur énervant dévoila ses cartes, donna l’estocade finale, planta la banderille qui tue en se levant d’un bond de son fauteuil prétentieux. IL enfonça son regard « fragile et trouble comme celui qui vous unit à lui (comme dirait un journaliste québécois) dans le regard normal de son ami et lui dit :

« JE VEUX FAIRE LE CASINO DE PARIS ! »
Source : Extrait du programme de concert 1992 "Le Roman du Casino" par Renaud, à lire en intégralité à partir de la page http://www.sharedsite.com/hlm-de-renaud ... divers.htm
Banalyse :)
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Blaise Poulossière
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par Blaise Poulossière »

Pff... tu vas voir que je vais l' acheter ce vinyl, sûr ! :roll: Ah les salauds, ils sont forts, et moi ch'uis vraiment trop poire. :? :)
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Jeep
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par Jeep »

Saint Maïeul a écrit : - Monsieur Bebert (Paroles : Georgius (de son vrai nom Georges Guibourd) / André Clamens (de son vrai nom Goutorbe) ), chanson de 1937 . Interprétée par Andrex, Emile Prud'homme (voir des extraits d'interprétation ici : http://www.chansonsretros.com/index.php ... O00768.php )
Merci pour avoir défriché tout ça !
On peut écouter la version d'époque par Georgius ici :wink: :
Myr
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par Myr »

Pour une fois que j'ai déjà un truc ! Je l'ai le vinyl, comme vous, mais en pas bleu, et sans la zone.
kcwtb
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par kcwtb »

Pour info et en complément du post de Saint Maïeul, c'est en réalité tous les premiers albums live qui auront droit à une ressortie vinyle et CD le 7 octobre.

Chansons réalistes donc, qui ressort en vinyl simple coloré, avec "La zone" en plus dessus.
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Renaud à Bobino, qui ressort en double vinyl coloré, avec "Buffalo débile" et "Peau aime".
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Un olympia pour moi tout seul qui ressort en triple vinyl coloré, en version complète, comme sur le CD sorti il y'a quelques mois.
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Pour la version CD, un coffret regroupant les 3 albums dans leurs nouvelles versions sortira en même temps.
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Myr
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par Myr »

Bah ouais mais justement.
Ces 3 albums je les ai Vinyle :-D
En plus, la version noire, plus vintage tu meurs !
Pour une fois que je suis en avance sur un truc ! Ça valait bien que je ramène ma fraise pour rien non ?
Bon, je sors.
Ah si quand même… le Renaud à Bobino, cuilà il le faut en 33T pour regarder les petits dessins partout sur la pochette.
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Jeep
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par Jeep »

Myr a écrit :Ah si quand même… le Renaud à Bobino, cuilà il le faut en 33T pour regarder les petits dessins partout sur la pochette.
Surtout le dessin avec la voiture des voleurs :) :

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Blaise Poulossière
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par Blaise Poulossière »

En fait je vais plutôt prendre le bobino. J' aime beaucoup Bufallo débile (et j' espère qu' il y aura le complet supplémentaire qu' on peut entendre dans le pirate de 77 !) et Peau aime aussi (où y aura peut-être aussi des variantes ?)
fabriceb
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Re: Renaud Chansons réalistes 1980 et new titre "La zone" 20

Message par fabriceb »

je viens de voir les 3 albums pour bobino peau aime est marqué version indedite ainsi que la tire a dede elle n'y etait pas ? et 2 ou 3 autres je suis sceptique si c est comme les nouvelles versions d un olympia pour moi tout seul j ai pas vu de difference.11 euros 99 pour les 4 cd moi il y a la zone qui me botte et je suis intrigué par peau aime.

quelqu un peut il m en dire plus
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