Sophie du moulin a écrit : ↑09 mai 2022, 12:17 Ah oui ça se tient. Mais c'est tordu quand même! La chanson ne donne pas l'impression qu'elle se hâte en tout cas mais bon c'est humain aussi de ne pas se hâter pour voir quelqu'un partir mais c'est un peu ambivalent avec le fait qu'elle espère le maintenir au chaud. Pour moi au chaud, pour une belle histoire d'amour ou de tendresse c'eut été dans ses bras. Mais ta vision des choses est intéressante et ça se tient même si cela ne me donnera probablement pas envie de l'écouter davantage
Je veux mon n'veu, que ça s'tient !
Je ne vois que cette lecture possible.
Voici comment j'imagine la scène :
On est en fin d'après-midi.
Extérieur jour. Gris et sombre. Plan large. Une cabane au fond des bois, ou, du moins, une masure solitaire au cœur de la forêt, ou pas très loin. Il y a du vent, il fait froid. La fumée sort par la cheminée.
Intérieur jour. Mal éclairé. Il n'y a qu'une pièce, assez grande. Avec un fourneau, peut-être une cheminée, et du feu dans l'âtre. Bonhomme est allongé sur son lit. Il ne peut plus rien faire, il est très fatigué. Elle aussi est très fatiguée. Ils sont vieux et la vie n'a pas toujours été facile. Les hommes, souvent, s'en vont les premiers.
Ce sont des taiseux. Par nature, peut-être. Mais surtout par habitude. Ils se connaissent tellement qu'ils n'ont plus vraiment besoin de se parler. Le grand amour des premiers jours a laissé place à la tendresse. Il va mourir, on n'y peut rien. Mais elle veut le garder au chaud, et lui faire à manger. Au moins un bol de soupe. Elle aussi a un peu faim. Il n'y a presque plus de bois. Il faut qu'elle aille en chercher. Sinon, il fera trop froid. Il n'y survivrait pas. Et puis, il faut manger. Elle s'absente quelques minutes. Oh, pas longtemps. La forêt est là, à portée de main.
Tout en ramassant le bois, elle pense à lui. Elle pense à eux. Avec mélancolie. L'époque où, toute jeunette, elle rêvait de lui, dans ces mêmes bois. Les jours passés ensemble. Oh, certes, il ne fut pas toujours fidèle. Mais à sa manière, il le fut. C'est dans ses bras qu'il se meurt. D'ailleurs, si ça se trouve, pendant qu'elle ramasse ce bois, vital, il a peut-être rendu son dernier souffle. Elle ne l'espère pas. Elle espère être là, à ce moment-là. Mais il faut aller chercher du bois, sinon, c'est sûr, il y restera. Personne ne l'empêchera de le tenir encore en vie. Quelques jours, quelques heures, quelques secondes. A ses côtés et au chaud, avec peut-être un bol de soupe dans le ventre, avant de s'en aller.