Charlie Brown a écrit :michaël a écrit :
A part ça, je suis surtout antipourquoidabordiste par solidarité avec cet amant fôôôôrmidable qu'est mon p'tit Pierrot. [...]
En ce qui concerne Pierrot, je te comprends...
N'insistez pas, les mecs, vous n'achèterez pas mes convictions au moyen de flatteries. Je ne suis pas dupe, d'autant moins que le bon maître a su me faire comprendre qu'à ce sujet, 95 fois sur cent, les compliments ne sont pas sincères.
Charlie Brown a écrit :hé ho, Jul et Pierrot, ramenez vos fraises qu’on discute le bout de gras…
S'il il y a un lien entre ta phrase et les propos que je cite au dessus, je trouve ton sens de la métaphore à la limite de la vulgarité.
Bon trêve de plaisanteries, puisque mon petit Charlie insiste (arrête tu me gènes
) je vais vous livrer les humbles réflexions que m'inspire ce débat.
Quatre-vingt-quinze fois sur cent est loin d'être la meilleure chanson de Brassens, je le conçois. Mais il ne fait aucun doute qu'elle n'est pas comparable à
Pourquoi d'abord. Sa construction (introduction, développement, chute) ou les trouvailles de certaines expressions ("Ell' s'emmerd' sans s'en apercevoir", "ceux qui font des châteaux à Cythère"…) prouvent que cette chanson n'a rien, elle, de bâclé et qu'elle a été longuement travaillé. Musicalement la mélodie et le rythme tiennent la route, alors que
Pourquoi d'abord sur ce plan est insignifiante. Vocalement, l'interprétation de Brassens est indiscutable, celle de Renaud est risible. Le principal point faible que je lui trouve se situe dans la versification, une des moins carrées de Brassens. Mais là encore, rien qu'en jettant un œil au premier couplet, on comprend que la richesse (relative) des rimes est supérieure au dialogue à deux balles "
qui rime même pas".
Les chansons "cul" de Brassens ? Il a toujours avoué un certain goût pour la chanson de salle de garde. Celui-ci est en partie lié à un plaisir enfantin de choquer, comme lorsqu'il utilise des gros mots, il n'y a qu'à voir (et entendre !) le sourire ravi et faussement gêné de collégien pris en faute qu'il prenait sur scène en chantant certains passages. Il y a aussi une posture plus esthétique qui consiste à jouer sur le contraste en associant dans son œuvre ces aspects très triviaux à une recherche poétique presque précieuse. Il en ressort de très bonne chansons (comme
Mélanie) et d’autres moins intéressantes. Je pense notamment à
Fernande (désolé, je n’ai pas pu m'en empêcher, ça ne se commande pas). Ce qui me gène dans cette chanson c'est sa construction. Un refrain tonitruant, chanté avec entrain, avec des couplets qui ne sont là que pour le mettre en scène, même s'ils offrent une certaine progression, un peu artificielle d’ailleurs. On retrouve la même chose dans
Le roi par exemple et je n’apprécie que modérément le procédé. Alors que dans
Tempête dans un bénitier, le même type de refrain est marié à des couplets d’une toute autre facture.
Il y a cependant un aspect qui me gène dans le côté grivois de l’œuvre de Brassens, c'est qu’en partie, son goût pour se type de chanson penche un peu (le talent en plus) vers un humour viril de chambrée : la chanson écrite pour faire marrer les copains autour d'une bouteille de rouge. D'accord, il avait un sens aigu de l’amitié souligné par tous ses biographes et plusieurs de ses textes, mais une amitié exclusivement masculine, avec un côté bande assez contradictoire avec ses idées individualistes (
Le pluriel). C'est de là (et je rejoins un peu Charlie sur ce point) que je vois parfois de la misogynie chez Brassens. Sa façon d'aborder l'homosexualité me dérange un peu pour les mêmes raisons. Autant il avait des idées très en avance et anti-conformistes sur le couple, la famille, l'autorité, la religion, l'individu face à la société, autant sa vision des relations sociales hommes - femmes est assez traditionnelle. Mais il faut replacer tout cela dans le contexte de l'époque et ne pas oublier qu'on parle d'un type né en 1921.
michaël a écrit :Pour ma part, je trouve plus de Brassens dans Fersen que dans Renaud. Je trouve l'écriture de Fersen plus proche de celle de Brassens que celle de Renaud peut l'être
Je suis d’accord sur ce point et pour élargir le débat, j'ai entendu à plusieurs reprises Fersen affirmé en interview que son goût pour la chanson française est né …des chansons paillardes entendues dans la cour d'école (les paroles imagées, le rythme de paroles, la construction). Il y a peut être de la provocation là dedans, mais sans doute du vrai aussi.