30 juil, 2014 by David Desreumaux
Renaud, Laisse béton. 1977. Pour moi, pote lecteur, comme disait Montaigne, c’est cette chanson qui a mis le feu aux poudres. Un samedi soir, chez Maritie et Gilbert Carpentier je crois, un petit loubard d’un peu plus de 20 balais débarque dans la lucarne à blaireaux et envoie son Laisse béton. Décor de bistrot un peu trop propret, un Renaud timide mais goguenard qui déambule entre les tables, et moi, petit mioche de même pas 10 ans, j’assiste à mon séisme intérieur. Il parle avec des mots gros comme ça que je rougis en entendant, il jacte en verlan et j’entrave à peine ce qu’il raconte mais je sais, précisément, à cet instant-là, que ce type va révolutionner ma vie. Ce que j’ignorais, c’est qu’il allait révolutionner la chanson.
Aujourd’hui encore, je repense souvent à ce moment fondateur qui a fait de moi un amoureux forcené d’une chanson écrite et chantée à la force du poignet. Dans cette catégorie, Renaud a été leader, a donné, donné, donné. Peut-être à en s’en être « fatigué » prématurément. T’as le droit au ras-le-bol vieux renard traqué, t’as le droit de dire « halte à tout ». Tout ce que t’as donné, on l’a pris, chapardé, et on est devenus grand grâce à toi. Avec toi. Ça n’a pas de prix. Merci.
« Laisse béton » si tu veux, ça fera chier les cons.
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