Le coeur à l'outrage

Recueil des créations du forum.

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Verrouillé
abd
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Enregistré le : 29 oct. 2004, 21:55

Le coeur à l'outrage

Message par abd »

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Je me souviens encore
D’une de mes femmes
Qui avait l’feu à son corps
De nymphomane
L’avait l’cœur à l’outrage
Des bonnes manières
Et le cul à l’ouvrage
Du péché d’chair

Par tous les orifices
Que sa nature
Avait offert au vice
De la luxure
Et même dans les postures
Les plus risquée
Il fallait que j’assure
Sans rechigner

Six à huit fois par jour
Les jambes en l’air
J’usais ma santé pour
La satisfaire
A tel point qu’un beau soir
N’en pouvant plus
Je l’envoyais faire voir
Ailleurs son cul

Elle me fit sans vergogne
Et pour de bon
Une couronne de cornes
Autour du front
J’arborais tristement
Cet attribut
M’consacrant comme étant
Roi des cocus

Le statut de cocu
N’a rien d’enviable
Je passais pour un nul
Faible incapable
J’avais perdu la face
Face à cette peste
A propos d’une salace
Histoire de fesses

J’aurais pu la quitter
L’abandonner
La traiter de traînée
Ou la cogner
Mais il me faut avouer
Que je l’aimais
Et puis coté santé
Ça m’arrangeait


Aussi m’vint une idée
Pour garder sauf
L’honneur qui me restait
Au fond des poches
Bien qu’ce sursaut d’orgueil
Piqué au vice
M’obligeait à faire deuil
D’certains principes

Je savais qu’elle m’aimait
Dans l’adultère
J’restais son préféré
Son point d’repère
Elle m’aimait mais puisqu’elle
N’y changeait rien
J’demandais à la belle
De s’faire putain

« Tout ce stupre gratuit
C’est un scandale !
Va t'en gagner ma vie
Et mon casse-dalle
A la sueur du nombril
Ou va au diable
Mon amour, et tant pis
Pour la morale »

Comme elle, bien entendu
S’jeta à l’eau
Pour l’amour d’une morue
J’devins maqu’reau
Elle m’en d’mandait pardon
La raie en nage
Ferrant l’mâle à l’ham’çon
De son corsage

Je n’étais plus victime
C’est important
Car dans ma propre estime
J’montais d’un cran
C’était pas pour m’déplaire
D’autant qu’très vite
L’affaire devint prospère
Une réussite

Et tandis que ma gerce
F’sait son office
Avec pour fond d’commerce
Son entre-cuisses
Moi, sur l’échelle sociale
J’grimpais d’niveau
De cocu misérable
J’passais salaud


Ma princesse au p’tit pois
Dans la cervelle
Tapina quelques mois
Sous ma tutelle
J’étais heureux sans doute
Puisqu’elle l’était
J’avais sauvé mon couple
C’était parfait

Mais l’amour éternel
Malheureus’ment
Même si l’âme est fidèle
Ne dure qu’un temps
Un petit juge en bois
Sec et cassant
A décidé pour moi :
J’ai pris quatre ans

La belle s’est fait la belle
Je la comprends
Il ne me reste d’elle
Et d’mes vingt ans
Qu’en souv’nir, un tatouage
Sur l’avant-bras
Un cœur en forme d’outrage
A magistrat

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