Ouh la la, ça chauffe (marcel) sur le forum... Je viens de lire tous les messages depuis mon dernier post. Difficile de me demander de me justifier de l'intérêt de lire mon livre. Il suffit peut-être de lire la préface. Et puis, à la base, je crois qu'il faut lire ces quelques pages qui expliquent pourquoi j'ai fait cette thèse, tout simplement. 6 ans de travail, quelque chose d'incroyable et de fou, mais de nécessaire. La publier, c'était une autre histoire. Très très peu de thèses sont publiées, et comme elles coûtent en moyenne 80 euros, personne ne les achète. La publier, c'était aussi quelque chose d'incroyable, et plus d'un an de travail. Après, comment te dire, comment vous dire, j'avais tellement envie de faire partager tout cela à ceux qui connaissent les chansons de Renaud et les aiment. Je n'ai jamais voulu convaincre de quoi que ce soit ceux qui n'aiment pas Renaud, si ce n'est que dans le milieu universitaire et intellectuel que je connais bien ( normalienne et agrégée, ça fait peur!), la chanson n'a pas en France la reconnaissance qu'elle a dans d'autres pays, sur le plan de la reconnaissance, de la création. Il n'y a pas si longtemps d'ailleurs en France que l'on peut faire des études de cinéma ou de théâtre... On fait les choses longtemps après... Et jamais je ne dis que la chanson est un genre littéraire!! C'est un genre en soi!! On ne peut pas séparer le texte de la musique, d'une voix qui l'interprète, de l'interprète sur scène, de son rapport aux médias; c'est tellement complexe. Pour la petite histoire, lorsque j'ai rencontré Renaud après ma soutenance, c'est lui qui m'a donné des rendez-vous pour que je lui apporte ma thèse, il l'a regardé et m'a posé des supers questions dessus. Et avant de la publier, c'est lui qui m'a dit qu'il serait vraiment super content que cette thèse puisse être publiée (et croyez-moi cela n'a pas été facile.. Je ne touche d'ailleurs rien sur les 500 premiers exemplaires vendus, comme la plupart des chercheurs, et ensuite 4 pour cent du prix du livre). J'ai tout fait aussi pour apporter ce moment de joie à Renaud. Le reste,à la limite, n'a pas d'importance, depuis qu'il m'a dit que c'était sa "bible", qu'il ne pouvait pas y en avoir d'autre, et qu'un jour j'aurais mon nom gravé sur l'une des tables de la close. Je suis tellement heureuse d'avoir été jusqu'au bout de ce travail si fastidieux, si beau.
Je suis tellement fière aussi que tout ceux qui aiment les chansons puissent le lire, même si c'est dur à lire. Je me rappelle avoir gravé une soixantaine de chansons pour le jury qui accompagnaient la thèse. Car pour moi, ce n'était pas concevable que l'on puisse parler des chansons sans les écouter en même temps. C'est très fort, ce qui s'est passé. 4 heures et demie de soutenance avec des gens qui ont été épatés. La difficulté aussi, c'est de faire un travail scientifique quand on est passionnée. Je suis contente que vous vous en rendiez compte à la lecture du livre.L'intérêt de le lire, je ne sais! Comme dit Montaigne au début des Essais, ami lecteur, si cela te gonfle, ne lis pas. Les nombreux courriers et messages que je reçois attestent que cela fait plaisir de le lire, que l'on soit intello ou pas. Le jury, lui, m'a dit que ma thèse se lisait comme un roman! Et même le grand Serge Lacasse, prof à Laval et spécialiste de la musique populaire au canada, batteur de jazz, pour préparer la soutenance, a tellement aimé mes pages qu'il est allé s'acheter plein de disques de Renaud
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Pour répondre donc à tout ce débat enflammé, le lise qui veut, en tout cas, les passionnés de Renaud qui le lisent aiment encore plus Renaud après, et c'est se rendre compte de toutes ces petites choses qui rend l'œuvre et le mec encore plus immenses. En tout cas, j'ai grandi avec, et je ne serais absolument pas ce que je suis aujourd'hui si je n'avais pas écouté Renaud. Je crois que d'avoir publié ma thèse, c'est le plus grand cadeau et le plus beau témoignage de fidélité, d'amour et de reconnaissance que je pouvais lui apporter. C'est un peu plus éternel que le pauvre bouquet de tulipes que je lui avais jeté dans la fosse au premier rang sur la tournée "Boucan d'enfer", au zénith, lorsqu'il s'était assis sur un banc pour chanter "Mistral gagnant"
)) D'ailleurs, j'y étais tous les soirs, dans la fosse au premier rang...