fifi brindacier a écrit : ↑25 mars 2018, 16:02
Vous allez me faire regretter un temps que je n'ai même pas vécu... Je sais bien que c'est pas si lointain mais le monde change tellement vite...
Un temps où on n'avait pas besoin de partir à l'autre bout de la planète pour passer ses vacances, un temps où internet n'existait pas, où on faisait vivre une famille en allant à la librairie pour acheter des livres plutôt que de les commander sur amazon. Où les enfants jouaient ensemble au lieu de s'abrutir devant les jeux vidéo. Un temps où les repas se préparaient encore dans le plupart des familles, plutôt que d'acheter de la merde dans des barquettes en plastique, où les légumes, la viande n'étaient pas importés du Mexique ou de la Chine... Un temps où il n'y avait pas l'eau courante ni l'électricité (nan j'rigole!
)
C'est vrai que c'était mieux avant... Avant comme je l'imagine en tout cas... Et mon imagination est souvent colorée
Tu as bien raison, il faut avoir une imagination colorée.
(J'ai un peu la même.
)
Mais c'était pas mieux avant, c'était juste… différent.
(On peut parfois dire que c'était effectivement mieux avant, par exemple pour un Français de 1914-1918, oui, pas de doute, c'était mieux avant 14-18).
Cela dit, j'aime bien "idéaliser" le passé, surtout celui que je n'ai pas connu. Et j'ai plein de super machines à remonter le temps : la musique, le cinéma, la photographie, la peinture, la littérature... De toute façon, je fais partie des gens qui vivent plus dans leur tête que dans la réalité, que j'essaye de fuir au maximum, même si je n'y arrive pas toujours, hélas.
Pour en revenir à ton post, c’est pas tellement qu’on n’avait pas besoin de partir à l’autre bout du monde pour passer ses vacances, c’est surtout que, souvent, on n’avait pas les moyens, ni la culture (mais c'est aussi le cas aujourd'hui pour la majeure partie de la population, même si voyager loin, et voyager en général, est devenu beaucoup moins cher qu'à l'époque). Par exemple, en ce qui concerne les souvenirs que j’ai racontés via la pochette du disque de Pink Floyd dans le topic musique, le morceau de ferme que louaient mes grands-parents ne leur coûtait quasiment rien, une vraie bouchée de pain. Ils avaient eu leur premier enfant – mon père – en 1945, au sortir de la guerre. Mon grand-père était ouvrier, il bossait à l’usine. Ma grand-mère, je ne sais plus ce qu’elle faisait avant, mais je crois qu’à partir du premier enfant elle était mère au foyer. Elle a eu 5 enfants. Avec un petit salaire, peu d’éducation (ils sont pas allés longtemps à l’école et assez vite en apprentissage) et pas une grande culture, non seulement t’as pas les moyens de voyager, mais en plus, t’y penses même pas. En revanche, t’as besoin de changer d’air, de temps en temps. A cette époque, à Saint-Etienne et dans ses environs, pour le boulot, t’avais pas trop le choix. C’était souvent la mine ou l’usine. Mais en dehors des villes, y’avait beaucoup de verdure, de campagne, de fermes. Louer à l’année un morceau de ferme chez un paysan, c’était alors monnaie courante. Ça coûtait pas cher, t’étais au grand air, c’était pas loin, t’y allais quand tu voulais (en général, pendant les vacances scolaires, disons de juin à septembre, pendant les beaux jours, jusqu’à ce qu’il fasse froid, comme dit Jeep, ou que la rentrée des classes s’annonce). Dans cette ferme, il y avait trois ou quatre familles qui louaient à l’année, dont mes grands-parents. Je me rappelle que, tout gamin, dans les années 70, il y a avait encore quatre familles, puis il y en eut trois, puis deux, et à partir du milieu des années 80, nous n’étions plus que la seule famille à louer là-bas. Du coup, on avait toute la place pour nous. C’était chouette.
Bon, c’est vrai que c’était assez rudimentaire, comme dit Jeep. Y’avait l’eau courante, heureusement, on n’était pas obligé d’aller au puits (il fut un temps…), mais y’avait pas l’eau chaude. Pas de chasse d'eau aux toilettes, d’où le coup du seau à remplir (d’ailleurs, y’avait qu’un seul chiotte pour toutes les familles, au bout du balcon surplombant la cour, comme je le disais dans mon texte). Un lavoir dans le pré aux vaches, pour laver le linge (à la fin, on avait mis une machine à laver, quand même, parce que oui, y’avait l’électricité !). Mais je te rassure, chez moi (et même chez mes grands-parents, en ville, dans leur petit appartement HLM tout vétuste), y'avait l'eau chaude et la chasse d'eau.
Dans la génération de mes parents, les enfants du baby boom, c’était un peu différent, mais pas tant que ça. En tant que fils et filles d’ouvriers, ils n’ont pas beaucoup faits d’études non plus (une de mes tantes est allée jusqu’au bac, et c’est à peu près tout). Mais c’était les 30 glorieuses, et y’avait du boulot. Et surtout, la possibilité d’échapper à l’usine (même si trois ou quatre de mes oncles et de leurs cousins finirent ouvriers aussi). D’où une accession à la classe moyenne. Mais la basse classe moyenne. Et toujours pas de gros moyens. Du coup, en dehors des moments à la ferme, on passait une partie des vacances en camping, avec des amis de mes parents, ou chez soi, le plus souvent.
Et sinon, on ne "s'abrutissait" peut-être pas devant les jeux vidéos, mais on "s'abrutissait" bien devant la télé ! Et j'adorais ça !
J'ai été élevé avec avec la télé et j'ai grandi avec L'Île aux Enfants, Les Visiteurs du Mercredi, Récré A2, Croque-Vacances... et tout leur cortège de dessins animés, dont les premiers animés japonais, dont nous étions très friands (Goldorak, Albator, Capitaine Flam, Candy, Heidi, Tom Sawyer...) ; les séries anglaises et américaines des années 60, 70 et 80, de Chapeau Melon et Bottes de Cuir à Magnum, de Ma Sorcière Bien-Aimée à Alf, de Mission: Impossible à Mission Casse-Cou, de Strasky & Hutch à Manimal, de Drôles de Dames à L'Homme Qui Tombe à Pic, des Envahisseurs à V, du Prisonnier à Twin Peaks (une révolution, sonnant la fin des années 80, après laquelle les séries ne seront plus jamais les mêmes) ; les émissions de variétés plus ou moins pourries ; les grands films du dimanche soir qu'on n'avait pas le droit de voir à cause de l'école le lendemain et parce que pas toujours tout public (mais qu'on z'yeutait parfois en douce, au moins le début, par la porte du salon entrebâillée), les comédies du mardi soir, qu'on avait le droit de voir, pour les raisons inverses, ou La Dernière Séance d'Eddy Mitchell, qui permettait aux cinéphiles en herbe, amateurs de films de genre, de se faire une petite culture cinématographique... D'ailleurs, on ne voyait pas beaucoup de films récents à la télé, à cette époque. Il fallait attendre au moins deux ans avant qu'une nouveauté au cinéma sorte en cassette VHS, dans les années 80, et au moins trois ou quatre avant qu'une chaîne télé ne le diffuse... Perso, on n'a eu un magnétoscope qu'à la fin des années 80 (vers 1987, je dirais), chez moi... Bref, que des bons souvenirs, sur ce plan-là.
Cela dit, rayon jeux vidéos, j'ai connu les débuts de l'informatique "domestique", dans ma prime adolescence (vers 1984-85, j'avais 13-14 ans)... On a eu un Amstrad CPC 464 à la maison ! Tu chargeais un jeu enregistré sur un support K7 magnétique pendant un temps interminable (parfois une demi-heure, voire une heure !) et, si le chargement ne foirait pas juste avant la fin (chose assez fréquente), tu pouvais jouer à un jeu rudimentaire mais qu'on trouvait super chiadé ! Genre M'enfin (un cluedo avec Gaston Lagaffe), Crafton & Xunk ou Daley Thompson's Dacathlon, qui te ruinait un joystick ou une barre d'espace en moins de deux ! Tu pouvais aussi passer des heures (voire des jours !) à recopier un programme de jeu écrit en basic, dans un magazine édité à cet effet, et, si tu ne faisais pas de fautes de frappe (ou si le programme n'en comportait pas déjà à la base), tu pouvais jouer pendant des heures avec une version pourrie de Pac Man ou de Space Invaders du pauvre, que tu sauvegardais sur une K7 vierge pour t'en resservir plus tard, car les ordinateurs ne conservaient jamais rien en mémoire ! C'est depuis la fin de cette époque que je n'ai plus jamais joué à des jeux vidéos (j'ai vite trouvé ça chiant) et que mon aversion pour la technologie moderne s'est manifestée. Je suis, depuis lors, toujours en retard de deux ou trois révolutions technologiques et suis, depuis, un has been technologique. Pour l'instant, ça ne m'a jamais empêché pas de vivre à peu près normalement.
Pour en terminer avec les éléments mentionnés dans ton post, je dirais que pour les bouquins, je continue de les acheter en librairie (de toute façon, je n'achète jamais rien sur internet. Et là, je dois bien reconnaître que je suis très très has been), tant qu'il y en a encore... Car pour moi, acheter mes bouquins, neufs ou d'occasion, en librairie, c'est à la fois une question de plaisir et d'éthique personnelle.
Pour la bouffe, enfin, je m'en fous un peu. J'ai toujours été adepte de la junk food, même si j'ai grandi auprès d'une mère qui cuisine super bien. La flemme l'emportera toujours sur tout le reste. J'en ai parfois un peu honte, mais un moment de honte est vite passé. Je déteste perdre mon temps à bouffer (même si j'aime ça) et à faire la bouffe (et chez moi, c'est moi qui la fait, comme à peu près tout le reste, d'ailleurs, vu que ma meuf ne fait ni les courses, ni la bouffe, ni la vaisselle, ni le ménage...)
Un truc amusant, c'est qu'à force d'avoir toujours bouffé de la merde chez nous, notre fille est devenue adepte de la bouffe "correcte" et, maintenant qu'elle vit "chez elle", elle fait assez attention à ce qu'elle mange.
fifi brindacier a écrit : ↑25 mars 2018, 16:02
Charlie Brown a écrit : ↑25 mars 2018, 00:47
Elle fut mon premier contact avec ce qui deviendra, je ne le savais pas encore à l'époque, MON groupe !
Et c'est quoi le nom de ce groupe alors?
Ah oui, je me suis peut-être mal exprimé... Je voulais juste parler de Pink Floyd. Au moment où je découvre la pochette de l'album Atom Heart Mother, tout gamin, je ne sais pas encore que Pink Floyd deviendra "mon" groupe, le groupe de ma vie, même si cette pochette m'a marqué à vie pour les raisons dont je causais dans mon post sur le topic musique (j'ai d'ailleurs cru longtemps que le groupe connaissait la ferme et le coin de campagne où je passais une partie de mes vacances, et qu'ils avaient pris la photo là-bas.
). Je ne m'intéresserai vraiment que plus tard, vers mes 15 ans, à la musique de Pink Floyd. Je suppose que tous les gens qui écoutent de la musique, et aiment sûrement plein de trucs différents, ont eu une fois dans leur vie une relation particulière avec un groupe ou un artiste musical. Pour moi, ce furent Pink Floyd pour ce qui concerne ma musique de cœur (pop/rock/folk à forte teneur anglo-saxonne), et Renaud pour ce qui concerne la chanson française.