lucien a écrit : ↑04 avr. 2018, 12:41 Ma petite participation..."petite", car je n'ai aucun souvenir de mon enfance (et à peine de mon adolescence...).
Je ne me souviens pas de mon école (mes écoles, car on a beaucoup déménagé), ni de mes instits (vague souvenir à partir du CM1...). Je ne sais pas comment j'ai appris à lire, je ne sais pas si j'avais des copains, je ne sais plus si je faisais mes devoirs, ni si j'en avais...Je ne me souviens pas des trajets jusqu'à l'école, si je prenais un petit dèj', comment je me réveillais, le réveil, ma mère?... je ne me souviens de rien.
Il faut dire que j'ai été un enfant qui a passé une bonne partie de ses premières années à l'hôpital; une vingtaine d'opérations, avec des produits anesthésiants sans aucun doute moins "efficaces" que ceux d'aujourd'hui...ça a pu laisser des traces mnésiques.? L'autre possibilité est celle d'un traumatisme, violent, qui n'est jamais remonté à la surface malgré des années d'analyse...Ou peut être que, déjà, j'en avais pas grand chose à foutre, que je vivais "à l'intérieur"?
Je me rappelle tout de même, je devais avoir 13/14 ans, on allait en vacances en Bretagne, toujours au même endroit (donc, si je devais mener l'enquête, on y allait déjà auparavant, mais aucun souvenir...mon frère et ma sœur me disent que oui...) dans une petite maison louée à des paysans qui habitaient à côté. Mais est ce que j'étais heureux? Qu'est ce qu'on pouvait bien faire de nos journées? Aucune idée...Pas plus de souvenirs de ces moments que de ceux du quotidien. Lorsque je vois les photos, je me rappelle un peu des lieux, des gens, mais sans ressenti - pas de joie, pas de peine...un truc figé.
Puis les premières petites copines, la musique, mais tout ça en pointillés, pas même "des flashs", à peine des images, comme floutées par le temps passé sans que je sois réellement présent au monde...Je n'ai aucun souvenir non plus des années collège, de ce que j'y ai appris, au niveau scolaire comme au niveau "humain". Pareil pour le lycée. Qu'est ce que j'ai bien pu foutre des minutes, des heures qui s’égrainaient, que j'ai pourtant vécues, bordel!, le contenu des cours, les récrés (est ce que je rentrais chez moi à midi, pour manger? je ne sais pas...), les engueulades des parents, le temps passé au bistrot, les premiers joints...
Et l'entrée dans l'âge adulte...idem. Mais ce n'est plus le sujet.
C'est une vraie souffrance, car je n'ai pas de "fil chronologique", qui pourrait m'aider à comprendre pourquoi, comment, je suis devenu celui que je suis aujourd'hui. J'envie réellement ceux qui se rappellent, qui parviennent à tracer un parcours, même si je sais bien que la mémoire ne fait pas de cadeaux, qu'elle est aussi parfois source de misères...
Bref. A l'inverse de Renaud, ou à certains d'entre vous, pas de nostalgie en rapport à l'enfance, pas "d'âge d'or", insouciance et rêves mêlés... Juste un grand vide. Du noir - mais pas triste, hein...juste...rien.
Je suis sidéré (et ému) !
A partir de quand tes souvenirs ont-ils commencé à s'effacer ? Avec l'âge ? Ou est-ce que dès ton enfance y'a des trucs dont tu ne te rappelais déjà plus très vite ?
Heureusement, je vois qu'il te reste quand même quelques souvenirs. Par exemple ton intéressant récit sur ta découverte de Giant Sand vers 19-20 ans, dans le topic musique.
D'ailleurs, en le relisant, ça me fait penser à un truc... Tu dis clairement que, à Bourges, une nana vous vend des acides. Tu en prends. Et tu dis ça comme si c'était un truc normal. Presque comme si tu avais l'habitude. En tout cas, ça ne t'effraie pas, ni ne te choque. Et ça, ça me fait penser à un pote.
J'ai un pote qui, depuis qu'il a passé la quarantaine (peut-être même la trentaine), a des problèmes de mémoire de plus en plus fréquents. Il a beaucoup de trous dans ses souvenirs, lui aussi, des choses dont il n'arrive plus à se souvenir. Et il met ça sur le compte du fait que, pendant son adolescence et sa vie de jeune adulte, il a fumé beaucoup de joints, et a testé des trucs plus ou moins bizarres. Il s'est renseigné et il y a visiblement de fortes "chances" que ces deux choses soient liées. (Petit aparté : mon père a eu aussi pas mal de problèmes de mémoire dûs à l'alcoolisme). Toi qui connais quand même un peu ton parcours et/ou tes habitudes de consommations psychotropes (et/ou alcoolisées) à une certaine époque, est-ce que ça pourrait être une autre voie possible pour expliquer ce phénomène ?