Introduction
Il faut constater que l’argot est un terme ambigu. Premièrement il est bien de retenir que c’est un langage particulier qui suscite de plus en plus d’intérêt. En effet, ce langage, qui était d’abord utilisé par des malfaiteurs dans un but cryptique, est aujourd’hui relativement bien connu puisqu’on trouve de nombreux dictionnaires d’argot.
Il est toutefois à remarquer que la connaissance de ce langage s’est faite progressivement car, avant le XIV siècle, on n’en avait aucune trace. Le premier document qui a de l’importance date du XV siècle avec le procès de malfaiteurs appelés les Coquillards en 1455 à Dijon. Certains d’entre eux y dévoilèrent des éléments de leur langage. Puis, en 1628, paraît la seconde édition du « Jargon de l’argot réformé » d’Olivier Chéreau qui contenait 216 mots argotiques. Cette édition était réimprimée plusieurs fois et, en 1836, elle contenait 685 mots. Ensuite c’est l’influence de Cartouche qui permet à l’argot de se faire connaître notamment par le biais de théâtre comme « Cartouche ou les voleurs » de Legrand, ou de poèmes comme « La vice puni ou Cartouche » de Granval.
Puis Vidoque, ancien bagnard devenu policier, publiait ses « Mémoires » en 1828 et « Les voleurs » en 1837 qui constitue le plus important témoignage sur l’argot du XIX siècle.
Après ces ouvrages, la publication de travaux sur l’argot va se multiplier et aujourd’hui, linguistes, lexicographes, argotologues mais aussi poètes et romanciers se penchent sur la question. Il est facile donc de trouver des termes argotiques dans des œuvres littéraires comme dans les livres d’Aristide Bruant, d’André le Breton, d’Albert Simonin, d’Emile Zola, de Victor Hugo, d’Honoré de Balzac, de Paul Féval, d’Eugène Sue…
Plus encore des chanteurs s’intéressent à ce langage comme Léo Ferré, Pierre Perret et Renaud.
Celui-ci a publié cette année son 19ème album. L’argot est l’un de ses moyens d’expression. Il sait mettre ce style de langage au goût de jour. C’est le style qui l’a toujours caractérisé... Il est difficile de présenter Renaud ou ses albums sans signaler que les textes en sont imprégnés de vocabulaires argotiques.
Le choix des chansons était difficile. Finalement notre mémoire contient les fragments de 81 chansons de 15 albums qui s’intitulent : « Amoureux de Paname » (1975), « Laisse béton » (1977), « Ma Gonzesse » (1979), « Renaud à Bobino » (1980), « Marche à l’ombre » (1980), « Un Olympia pour moi tout seul » (1980), « Le retour de Gérard Lambert » (1981), « Chansons Réalistes » (1981), « Morgane de toi » (1983), « Mistral Gagnant » (1985), « Putain de camion » (1988), « Marchand de Cailloux » (1991), « À la belle de mai » (1994), « Les introuvables » (1995 ), et le nouvel album « Boucan d’enfer » (2002). Il est facile de trouver dans ces albums le vocabulaire représentatif de l’argot d’aujourd’hui.
Le but de notre recherche est d’étudier dans la première partie les termes suivants : l’argot, le langage familier, le langage populaire. Ensuite dans la deuxième partie « La néologie de forme », la troisième partie « Les emprunts » et la quatrième partie « Les champs notionnels »nous présentons le vocabulaire argotique utilisé par Renaud dans ses chansons.