Laisse béton

Description

Laisse béton, ou comment utiliser cette chanson dans une classe de français langue étrangère ?

Consultation (reproduction de la page)

Avec Laisse béton, nous entrons dans un univers carrément argotique qui devrait amuser les élèves lorsqu'ils y auront été initiés. Le titre, tout d'abord, est en verlan, une forme d'argot à transformation qui consiste à inverser les syllabes, à les mettre à l'envers. D'où le nom de code, verlan (c'est à dire l'envers, mais ... à l'envers) et celui de la chanson, laisse béton pour laisse tomber. Vous pouvez demander aux élèves d'imaginer d'autres formes en verlan, en leur proposant des mots de deux syllabes : jouant ainsi avec la forme phonique de la langue française, ils pourront acquérir un rapport plus libre aux difficultés de prononciation, et ils comprendront également mieux la coupe syllabique (puisque mettre un mot en verlan implique que l'on sache séparer les syllabes).

Cette difficulté abordée, il reste bien sûr bien des mots à expliquer : peinard (tranquille), pote (ami), grolles (chaussures), à la baston (à la bagarre), mecton (homme), opinel (une marque de couteau), filer(au sens de donner), frime (le fait de faire semblant), futal (pantalon), costard (costume), etc.

Il y a aussi quelques expressions particulières. T'as des bottes qui m'bottent (qui me plaisent). Ces bottes sont d'ailleurs des santiags (ou santiagos), c'est à dire des bottes très à la mode chez les jeunes et reconnaissables à la forme de leurs talons. Enfin, dans les refrains, on trouvera quelques synonymes du mot gifle : beigne, torgnole, marron, mandale, châtaigne ...

L'intérêt de la chanson n'est cependant pas de faire un cours sur l'argot (encore que les élèves y trouveront sans aucun doute du plaisir), mais de présenter un certains aspect de la civilisation française contemporaine, celui des loubards ou des loulous, qu'on appelait autrefois les blousons noirs, en bref les "voyous". Leur univers est d'abord caractérisé dans la chanson par leur vêtements : bottes, blouson de cuir, et blue jeans. En outre, la scène alterne sans cesse entre le café et la rue :

café

rue
accoudé au flipper
jambon beurre (sandwich)

accoudé au comptoir
café noir
viens faire un tour dans
l'terrain vague
à grands coups de chaîne de vélo

viens faire un tour dans la ruelle
viens faire un tour derrière l'église

et trois véhicules sont successivement évoqués : scooter, mobylette, moto...

On a là tous les éléments pour une discussion sur un certain aspect de la jeunesse : bagarre, café, vêtements typés... Les élèves connaissent-ils chez eux quelques chose de semblable ? Et qu'en pensent-ils ?

Source

"La chanson dans la classe de français langue étrangère - Outils théoriques" par Louis-Jean Calvet - Collection "Le Français sans Frontières" - CLE International - 1980 - page 42.


Enseignant - poil aux dents