Sortie de nouvel album France 2, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 2 octobre 2006.

Renaud montre les crocs

Le chanteur a sorti lundi un nouvel album, "Rouge sang", dans lequel on retrouve tout le mordant du rebelle...

france2_02-10-06.jpgRenaud (septembre 2006) - France 2

Ce 14e opus sort quatre ans après "Boucan d'enfer", l'album triomphal, couvert de récompenses, qui marquait le grand retour du chanteur après une longue traversée du désert.

Avant même sa sortie, ce CD a suscité une polémique à cause de deux chansons, l'une consacrée à une "facho" qui "vote Sarko", l'autre ironisant sur les "Bobos"... Pub réussie !

Pour calmer la controverse, Renaud, 54 ans, rappelle que ces deux chansons décriées se terminent par une chute prouvant qu'elles sont à prendre strictement au second degré (voir ci-dessous). Il multiplie d'ailleurs les interviews, dans les médias écrits et audiovisuels. Il y justifie ses prises de position dans certaines chansons et y répond à ses détracteurs, d'un ton souvent grinçant, parfois sur la défensive...

La campagne de publicité de son album atteste toutefois d'un certain sens de l'autodérision. En effet, Renaud a enregistré des spots TV avec Vincent Delerm, LE Bobo de la chanson française nouvelle vague, qui vient lui aussi de sortir un album. On y voit les deux hommes faire mine de dénigrer le travail de l'autre.

Quoi qu'il en soit, dans son nouveau disque - riche de dix-sept titres, Renaud s'exprime essentiellement dans le registre du militant en colère, qui se verrait bien voter pour José Bové s'il se présentait à la présidentielle. En 1980, celui qui chantait "Où c'est qu'j'ai mis mon flingue?" annonce d'emblée la couleur "rouge sang" avec le titre "J'ai retrouvé mon flingue". Et l'anar quinqua de fustiger la télévision, la tauromachie, "l'Amérique du grand capital" de Bush, "ses chiens de guerre" et "son ordre moral", et d'affirmer son "mépris profond de toutes les religions".

Il baisse parfois les armes et clame son amour pour sa femme Romane Serda ("Ma blonde", "RS et RS", leurs initiales communes, ou "Danser à Rome", anagramme du nom de son élue), ou consacre un morceau à leur fils Malone, né le 14 juillet dernier... Graine de révolutionnaire ?

Une tournée et un livre fraternel

Renaud doit promouvoir son album sur scène dès février 2007 dans le cadre d'une tournée qui passera, pour la première fois de sa carrière, par le Palais de Bercy pour trois soirées (27-29 mars). Pas moins de 80 dates sont prévues dans l'Hexagone, de Caen à Bordeaux en passant par Limoges...

Par ailleurs, son frère Thierry Séchan publie "Le roman de Renaud", un livre consacré au chanteur.

Renaud et la "facho"

La sortie de "Rouge sang" a été précédée d'une controverse liée principalement à la chanson "Elle est facho", qui égratigne Nicolas Sarkozy. Elle décrit une femme blonde, "Aryenne jusqu'au fond des yeux", qui "conchie (...) les pédés et les bicots", "rêve d'un ordre nouveau", "regrette le temps des colonies et de la peine de mort légalisée". La chanson s'achève pourtant sur une pirouette: cette femme aux opinions d'extrême droite, que l'on imaginerait aisément lepéniste, "vote Sarko".

Dans Le Parisien du 2 octobre, Renaud affirme que ce titre est "juste un petit croche-pied à Sarkozy !" Dans Le Monde du 1er-2 octobre, il réfute l'idée que "Sarko égale facho" : "Je n'ai jamais écrit cela (...) Ce n'est pas incohérent de dire que Sarkozy chasse sur les terres du Front national, de la morale, de la sécurité, etc. Qu'un an de travail et vingt-six chansons soient résumés à cela m'énerve."

Renaud et "les Bobos"

Cette autre chanson au vitriol a chagriné les fameux "bourgeois-bohèmes" qui, selon le texte lapidaire de Renaud, travaillent "dans l'informatique, les médias", "vivent dans les beaux quartiers", "fument un joint de temps en temps", "lisent Houellebecq ou Philippe Djian, Les Inrocks et Télérama". Celui qui, dans les années 80, fut lui-même accusé d'être un bobo avant l'heure en arborant un blouson noir alors qu'il venait d'un milieu plutôt bourgeois aurait-il perdu la mémoire ? Pas si sûr, puisque, tout comme "Elle est facho", "Les bobos" se clôt sur une pirouette: "Par certains côtés, j'imagine que j'fais aussi partie du lot", chante le rebelle.

Dans "Le Parisien" du 2 octobre, Renaud s'explique, lançant au passage quelques piques sur certains de ses détracteurs : "Quelques uns se sont sentis visés et ont pris cela comme une chanson de haine, alors qu'il n'y a pas un mot méchant. C'est juste une chronique. On me reproche de cracher sur les bobos tout en étant un. Mais c'est ce que je dis dans la chanson ! Cela m'amuse de voir Libération ou Les Inrockuptibles réagir, ou ce pauvre chanteur, Jean-Louis Murat, qui a fait vingt-deux albums pendant que j'en faisais cinq et qui n'en a vendu que vingt-deux exemplaires malgré vingt-deux unes de Libé !"

Dans Le Monde, Renaud va d'ailleurs plus loin: "C'est un honneur que d'être détesté par Les Inrocks, je les déteste, c'est une chapelle sectaire (...) Pour eux, je suis trop populaire pour être honnête. Libé, n'en parlons pas, cela fait vingt-cingt ans qu'ils me conchient : pour eux je suis clodo-alcolo-poivrot. Les pages cultures de Libé sont indigentes et leurs convictions politiques centristes." Voilà qui ne va pas le réconcilier avec une certaine presse...

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