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Mis en ligne dans le kiosque le 14 avril 2002.

Renaud, la vive émotion

> La Dépêche du 26 février 2001

Renaud, la vive émotion

La Halle aux Grains était pleine à craquer. Renaud était même obligé de se mettre en retrait pour échanger des regards de tendresse avec les spectateurs assis sur les côtés.
Si sa voix rape un peu, désormais, le public lui envoie toujours autant d’amour. A force de le porter, l’acclamer, ils ont fini par le lui réchauffer, le cœur. Et il leur a donné ce qu’ils voulaient.

Fidèles contre vents et marées

Le style n’est pas moins vindicatif que d’habitude, ni la verve moins argotique, mais la voix de Renaud a pris quelques rayures. La fumée des Gitanes en est la cause. “C’est un médicament pour la gorge”, lâche-t-il. Renaud ne cache rien, mis à part ses tatouages qu’il ne semble plus avoir envie d’aérer. Sa “gonzesse” qui a claqué la porte, le sport auquel il sacrifie un peu trop ces temps-ci : les bars parallèles et son dégoût.
Bref la déprime du “Manu” de sa chanson semble l’avoir rattrapé.
Mais la sympathie d’un public tout acquis qui aime en lui le poète gavroche, son humilité, son goût pour la provoc, son humour, lui témoignent toujours autant de tendresse bourrue, d’enthousiasme et de passion. ll le voit bien, il en veut plus encore. Pour se rassurer.

“J’arrête la chanson. Je vais pas continuer à chanter avec cette voix pourrie”. Ils protestent. “Je vais reprendre mes études pour être flic. Non prof de gym.” Ils rigolent. Finalement, il continuera “jusqu’à cent ans”. Il prépare même un disque prévu à l’automne.
En attendant, le public se délecte. Même si ce n’est pas très gai. Il y a quand même “Morgane de toi”, “C’est pas l’homme qui prend la mer, tatata...” et germaine dans sa taverne bavaroise qui fait tanguer la salle. Entre la scène et le public, il n’y a pas un millimètre. Ils sont si près qu’ils pourraient le porter en triomphe. “Vous êtes bien restés le meilleur public de France” leur dit-il. A la fin du concert, le chanteur cabossé s’est refait la cerise. La fidélité d’un public, ça tient chaud quand on en a besoin.

Annie Hennequin

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