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Mis en ligne dans le kiosque le 29 janvier 2002.

Renaud Séchan revient de loin

> Le Soleil Extra, mercredi 17 janvier 2001, p. E8

Arts spectacles

Renaud Séchan revient de loin
De retour en tournée après trois ans de panne d'inspiration

Samson, Jacques

Complètement sonné par la séparation d'avec sa femme, en panne complète d'inspiration depuis trois ans, Renaud, à la suggestion de son ami Buccolo, a plongé en pleine tournée, sorte de thérapie pour guérir ses blessures ou de quête d'amour. C'était à l'automne 1999.

C'est ce que le chanteur a raconté, à son écrivain de frère, Thierry Séchan, dans une des rares entrevues qu'il a accordées depuis le début de cette fameuse tournée. C'était en avril 2000. Cette tournée nous amène Renaud à Québec demain, à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre, pour un seul spectacle, intitulé Une guitare, un piano... et Renaud. La tournée, qui dure maintenant depuis plus d'un an se poursuivra encore quelques semaines en Europe, après son passage au Québec.

Renaud Séchan est très avare d'entrevues, il prétexte toujours qu'il n'a rien à dire et les demandes du SOLEIL en ce sens sont demeurées vaines. Mais dans l'entrevue publiée en avril dans VSD(NDK : Ma tournée c'est ma thérapie), Renaud Séchan raconte à son frère des choses très intimes. Quand Thierry lui demande: "Où étais-tu ?" Renaud, avec son parler cru habituel, lui répond : "J'étais dans une brasserie parisienne, à m'étioler entre 19 Ricard, 12 antidépresseurs et 14 anxiolytiques..." Et quand il lui parle de son interminable tournée amorcée en octobre 1999, Renaud Séchan répond à son frère ce qui suit: "Bien sûr que c'est une thérapie. J'étais au fond du trou, en mal d'amour, en mal de vivre, et mon ami Buccolo m'a dit: "Tu veux de l'amour, tu veux de la vie? Va en chercher auprès de ton public! Il est toujours là! Faisons une trentaine de concerts, ça te fera du bien." Ça m'a fait du bien. Et on a donc décidé de continuer, encore et encore..."

Boucan d'enfer

Durant ses premiers spectacles, interprétait une chanson, Boucan d'enfer, qui évoquait sa séparation d'avec sa compagne Dominique. Il ne la fait plus maintenant, il l'a retirée! Pourquoi, lui a demandé son frère dans VSD ?

"Parce qu'elle était trop impudique, que je m'y livrais trop. Je prêtais flanc aux délires des journalistes sur ma vie privée, à leurs discours sur mes "déboires sentimentaux", toutes choses vraies ou fausses que je n'ai pas envie de voir étalées dans les journaux. Et puis c'était une chanson foncièrement injuste, égoïste, puisque je ne parlais que de mon chagrin, sans évoquer la tristesse de mon épouse, pour qui cette séparation fut aussi une grande blessure. Elle m'a dit ces mots si justes: "Toi, tu as le pouvoir de chanter ta douleur, de la voir apaisée par les applaudissements des gens qui t'aiment. Et moi, qu'est-ce que j'ai comme droit de réponse? Et sur quelle épaule je m'appuie pour pleurer".

Renaud Séchan, qui a eu 48 ans le 11 mai, raconte aussi à son frère qu'il compte bien chanter jusqu'à l'âge de 100 ans. "Ben, oui... Parce que je ne sais pas faire grand-chose d'autre. Et puis, il faudrait que je sois un peu maso pour décider de me priver de cet amour démesuré que les gens me donnent chaque jour en échange de mes chansonnettes. Quand on ne s'aime pas beaucoup soi-même, c'est une façon de se supporter, ça aide à vivre."

Malgré ce qu'il a vécu, Renaud avoue ne pas se sentir pour autant déprimé, mais plutôt juste un peu triste, un peu mélancolique et nostalgique. "Je fais partie de ces gens qui n'ont jamais été doués pour le bonheur. L'approche de la cinquantaine, les bouleversements dans ma vie conjugale, l'inspiration qui devient plus difficile, la disparition d'êtres chers, le manque que j'ai d'eux, de Georges Brassens à Gainsbourg, de Coluche à Pierre Desproges, de Robert Doisneau à Tonton, et plus récemment d'Alphonse Boudard... Je trouve juste que la vie est dégueulasse, point final."

Après 25 ans de carrière et 12 millions d'albums vendus à travers le monde, Renaud Séchan ne semble pas en avoir un qui pointe pour les prochains mois. Dans une autre rare entrevue, celle-ci donnée à Marianne, en juillet (NDK : Renaud casse la baraque), il avoue qu'au cours des cinq dernières années, il n'a écrit que cinq chansons et qu'il ne sait toujours pas quand il sera prêt pour un nouvel album. Son dernier remonte à 1996 et s'intitulait Renaud Séchan chante Brassens.

Demain, ça risque donc d'être un privilège de renouer avec Renaud Séchan à Québec. Dans le spectacle, on retrouvera des chansons qui couvrent les 25 ans de carrière de Renaud, de Marche à l'ombre, en passant par Les charognards et jusqu'à la nouvelle, Elle a vu le loup.

Renaud Séchan, à la Salle Louis-Fréchette du Grand théâtre, demain à 20 h.

JSamson@lesoleil.com

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