Concerts : Compte-rendus et annonces La Libre Belgique, le par be.
Mis en ligne dans le kiosque le 27 mai 2007.

« Vous chantez aussi faux que moi, donc on est en harmonie »

CONCERT - FOREST NATIONAL

Avec une voix à la limite du faux, Renaud a quand même séduit mercredi soir.

lalibre_04-05-07.jpg Photo Olivier Pirard

Oui, la casquette de Gavroche, le perfecto, le bandana rouge, ont laissé place à un ensemble smoking-chemise blanche. Oui, ces aigus qui sonnaient doucement faux auparavant semblent désormais hors de portée. Et alors ? Renaud prévient d'entrée le public de Forrest national : "vous n'êtes pas là pour voir une performance vocale". Il n'a pas tort le bougre. Les fans n'en ont rien à faire que la voix soit poussive, parfois même fausse. Et puis, c'est qu'il a une sacrée excuse, le "renard" : "j'ai trop gueulé, hier, au stade Charléty pour le concert de soutien à Ségolène Royal". L'écluse anti-Sarkozy peut s'ouvrir : "pour vous, j'ai renoncé à un débat télévisé entre un facho et une humaniste". Le candidat UMP ne sera pas le seul à déguster. "J'avais oublié comme l'acoustique de ce lieu était pathétique" lâche le chanteur, "mais je l'aime bien quand même, enfin mis à part ses initiales". On le disait adouci avec le temps ? Il est remonté comme jamais, militant et insolent comme toujours.

Sur des toits gris de Paris, Renaud est entouré de cinq musiciens, dont ses deux fidèles : Jean-Pierre "titi" Bucolo et Alain Lanty. Entre vieux briscards, on se chambre, on se tire la bourre à l'applaudimètre. Renaud ne grille pas toutes ses cartouches d'emblée. Il sert en premier les chansons de ses deux derniers albums, "Boucan d'enfer" et "Rouge sang". L'accordéon avait été jeté aux orties sur les deux opus, il fait son retour en live. La couleur des chansons en est toute retournée. Les fans dégustent, les nostalgiques piétinent. Ils retrouvent du coffre pour remplacer Axelle Red sur le duo "Manhattan-Kaboul". "Un tube, c'est rond et ça sonne creux" plaisante Renaud. Pourtant, ils arrivent, les tubes. "Les bobos", puis, en premier rappel, un medley dans lequel Renaud s'accompagne seul à la guitare. L'instant est solennel. Non, ce n'est pas l'ombre du "renard" qui est là, c'est lui tout entier, avec ses tripes rageuses et sensibles. "Ma gonzesse", "Laisse béton", "Hexagone" en finissent de conquérir le public. Il faudra encore deux rappels avant que Renaud ne calme le jeu avec "Rouge sang". Trois rappels, pas mal pour un mec qui chante faux.

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