C’est pas donné aux animaux
Pas non plus au premier blaireau
Mais quand ça vous colle à la peau
Putain qu’est-ce-que ça vous tient chaud
Écrire et faire vivre les mots
Sur la feuille et son blanc manteau
Ça vous rend libre comme l’oiseau
Ça vous libère de tous les maux,
Ça vous libère de tous les maux
C’est un don du ciel, une grâce
Qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place
Plus près des anges que des angoisses
Poèmes, chansons, brûlots
Vous ouvrent des mondes plus beaux
Des horizons toujours nouveaux
Qui vous éloignent des troupeaux
Et il suffit de quelques mots
Pour toucher le coeur des marmots
Pour apaiser les longs sanglots
Quand votre vie part à vau l’eau,
Quand votre vie part à vau l’eau
C’est un don du ciel, une grâce
Qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place
Plus près des anges que des angoisses
Les poèmes d’un Léautaud
Ceux d’un Brassens, d’un Nougaro
La plume d’un Victor Hugo
Eclairent ma vie comme un flambeau
Alors gloire à ces héros
Qui par la magie d’un stylo
Et parce qu’ils font vivre les mots
Emmènent mon esprit vers le haut,
Emmènent mon esprit vers le haut
C’est un don du ciel, une grâce
Qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place
Plus près des anges que des angoisses
Qui vous assigne une place
Plus près des anges que des angoisses
Paroles de Renaud Séchan sur une musique de Renan Luce.
Dans l'interview accordé à des enfants sur la radio Radio Déclic le 18/03/2016, Renaud évoque cette chanson en expliquant que c'était un texte qui était dans ses brouillons depuis un certain temps :
- Combien de temps mets-tu pour écrire une chanson ?
- Oh,je mets entre dix, vingt minutes et dix ans. Ça dépend. Y'a des chansons qui naissent comme ça sur un coup de foudre, un coup de coeur, une idée, qui me vient à la tête, un titre, une chanson qui me vient à la tête, qui m'inspire une chanson que des fois j'écris en vingt minutes une demi heure et je reviens jamais dessus. Et des fois je traine une idée pendant 10 ans, je fais un brouillon, puis deux, puis trois, puis quatre, et puis je finis par arriver à faire une chanson, au bout de 10 ans comme c'est arrivé sur mon dernier album où j'ai une chanson ou deux qui datent de..., Les mots ou La vie est moche et c'est trop court, une chanson que je trainais dans mes brouillons depuis des années et des années et que j'ai fini par terminer, affiner et que j'ai enregistré.
Renaud cajole la chanson Les mots, qu’il évoque avec ferveur. «C’est un petit joyau que j’aime infiniment. C’est un fond de tiroir que je suis allé rechercher à l’état de brouillon dans un ouvrage qui s’appelle Les manuscrits de Renaud, aux Editions Textuelles (ndlr: en 2 volumes parus en 2006).»
Les Mots est un texte écrit il y a 8 ou 10 ans, je suis retombé dessus par hasard en feuilletant Les Manuscrits de Renaud, paru chez Textuel. Je me suis dit " bordel, pourquoi je ne suis pas allé jusqu'au bout ?" On en a fait une chanson où je cite Hugo, Léautaud, Nougaro. C'est important de rendre hommage à ceux qui vivent de leur plume et nous incitent à rêver, nous révolter, nous indigner.
Dans l'ouvrage Les Manuscrits de Renaud de Jacques Erwan et Renaud
paru en octobre 2006 aux éditions Textuel (ISBN 2845972040), deux pages sont consacrées à cette chanson :
Page 314
Page 315
On peut lire :
Les mots
C'est pas donné aux animaux
Pas non plus au premier blaireau
Mais quand ça vous colle à la peau
Putain qu'est-ce que ça vous tient chaud
Ecrire et faire vivre les mots
Sur la feuille et son blanc manteau
Ca vous rend libre comme l'oiseau
Ca libère de tout les maux
C'est un don du ciel une grâce
Qui rends la vie moins dégueulasse
Et qui vous assigne une place
Plus près des anges que des angoisses
Il ne suffit que de quelques mots
Pour toucher le coeur des marmots
Pour apaiser les longs sanglots
Quand votre vie part à vau l'eau
( 2006 Chanson écrite pour Romane Serda, ma musique d'Alan Lanty ira finalement sur "Pas de dimanches" )
Victor Hugo (1802-1885) est un poète, écrivain et homme politique français du XIXe siècle. Il est considéré comme le plus
important des écrivains romantiques (XIXe siècle) de langue française. En 1841, il est élu à l'Académie française. Ses
œuvres sont très diverses : romans, poésie, pièces de théâtre. Ses romans les plus connus sont Les Misérables (1862) et
Notre-Dame de Paris (1831).
Il est également connu pour être un écrivain très engagé (contre la peine de mort par exemple) et pour avoir fait de grands
discours politiques. En 1848, il devient député de Paris. En décembre 1851, il s'oppose à la dictature de
Napoléon III et doit vivre en exil dans les îles Anglo-Normandes jusqu'à la fin du Second Empire en septembre 1870.
Il meurt à l'âge de 83 ans et est enterré au Panthéon (Paris) avec des obsèques nationales, le 31 mai 1885.
Paul Léautaud (1872-1956) est un écrivain et critique littéraire français. La part de son œuvre consacrée à la critique dramatique fut écrite sous le nom de plume de Maurice Boissard. On se souvient surtout de lui pour son Journal littéraire en dix-neuf volumes. La vision du monde dont témoigne l’œuvre de Léautaud s’inscrit dans une tradition libertaire toute française qui dépasse les clivages droite-gauche. Elle se montre par ailleurs transportée par une pitié et une grande compassion pour le monde animal qui paie le prix pour l'aveuglement des hommes. Les descriptions de la vie animale, de ses souffrances, de l'abandon cruel des compagnons fidèles, s'inscrivent comme les pages les plus touchantes de son journal littéraire. Ses romans les plus célèbres sont Le Petit Ami (1903) et Amours (1953). Par testament, il nomme comme ayant droit de ses œuvres la S.P.A.
Georges Brassens (1921-1981) est un auteur, compositeur et interprète de chansons françaises. S'accompagnant lui-même à la guitare, il a chanté l'amitié
(Les copains d'abord), l'amour (Il n'y a pas d'amour heureux, sur un texte de Louis Aragon), la jeunesse et l'insouciance (La Chasse aux papillons), avec sensibilité et humour. Anticonformiste et joyeusement provocateur, il a pris plaisir à s'attaquer dans ses chansons
aux valeurs bourgeoises traditionnelles (Le Pornographe, La Mauvaise Réputation, Le Gorille). Il a également rendu célèbres, en les mettant en musique, certains poèmes de François Villon tels que La Ballade des dames du temps jadis.
Renaud se revendique comme un admirateur inconditionnel de l'oeuvre de Georges Brassens.
Renaud a rencontré deux fois Georges Brassens. Voilà ce qu'il en disait en 1991 :
La première fois que, de mes yeux gris-vert émerveillés, je l'ai vu comme je vous vois, c'était dans un ascenseur. Il allait au septième étage, j'allais chez moi, au cinquième, dans cet immeuble rose de la porte d'Orléans où vivait également Marie Dormoy, l'extravagante secrétaire et maîtresse de Léautaud. C'est à Mademoiselle Dormoy, précisément, que Monsieur Brassens rendait visite, en voisin, puisque nous habitions "à quatre pas de sa maison". Ce jour-là, dans cette cage en bois et de verre ( notre bel ascenseur n'avait pas encore été remplacé par l'actuel caisson de métal aux boutons lumineux), du haut de mes dix ans, j'eus le sentiment de me frotter à un monument, à un géant de la poésie et de la chanson. Géant, cet homme l'était aussi par la taille et par les épaules, ces épaules qu'il avait encore puissantes, en ce début des années 60. Moi, j'étais un gringalet navrant, plus vraiment enfant, pas encore jeune homme, et surtout ne soupçonnant pas qu'un jour je serais comme lui : chanteur. Pour l'heure j'étais fan, groupie, admirateur, amoureux. Je me précipitai chez moi, empruntai à mon père le 25cm de cire noire du "Georges Brassens n°1" au titre désuet de "Georges Brassens chante les chansons poétiques ( et souvent gaillardes ) de Georges Brassens", montai quatre à quatre les deux étages qui me séparaient de mon idole et obtins mon premier autographe. Mon père ne revit jamais son disque. Lorsque je le regarde aujourd'hui, trônant au-dessus de mon bureau près de trente ans plus tard, je crois parfois sentir encore la douce odeur du tabac qu'il fumait dans sa pipe en bois ce jour-là.
C'est lorsque je devins chanteur, un peu par provocation, que je rencontrai Georges Brassens pour la seconde et dernière fois de ma vie. Ce fut, cette fois, sur un plateau de télévision. Après m'avoir timidement approché et chaleureusement encouragé à écrire et à chanter encore et toujours, il me fit le plus extraordinaire des compliments, puisqu'il me déclara qu'il trouvait mes chansons, je le cite : "merveilleusement bien construites". Bien construites... [...]Je lui ai répondu: "Monsieur Brassens, si c'est vrai, c'est vraiment grâce à vous". [...] C'était l'homme qui avait écrit La mauvaise réputation, Le Gorille, Saturne, La Supplique... plus de cent chefs-d’œuvre -, c'était cet homme-là qui me disait que mes chansons étaient "bien construites". Après cela, tous les hommages me paraîtraient bien fades.
Aujourd'hui, dix ans après sa mort, Brassens ne m'a jamais autant manqué. Je l'écoute et le fais écouter plus que jamais, comme si, avec le temps, son écrasante supériorité sur nous tous, petits chanteurs, devenait plus évidente, plus éclatante.
Claude Nougaro (1929-2004) est un auteur-compositeur-interprète français. Grand amateur de jazz, de musique latine et africaine, jouant des mots avec la langue française, il s'est appliqué tout au long de sa carrière, dans un insolite mariage
des genres, à unir chansons françaises et rythmes. Il sort 17 albums studio au cours de sa carrière. Ses chansons les plus connues
sont, entre autres, Cécile ma fille, Armstrong, Toulouse, Tu verras. Il est récompensé en 1988 par les Victoires de la musique du meilleur album
(Nougayork) et du meilleur artiste.
En 1993, sur son album "Chansongs", Claude Nougaro sortait la chanson "Rock à Renaud" dédiée à Renaud.
Renaud sur le plateau de Michel Drucker dans l'émission Stars 90 de TF1 le 6 décembre 1993, avec Claude Nougaro qui chante la chanson "Rock à Renaud".
Les paroles de la chanson "Rock à Renaud".
Il porte un nom de bagnoleLe 2 septembre 2005, Renaud écrivait sur le forum du site web Le HLM des fans de Renaud (le site sur lequel vous lisez là) :
Mais il préfère les bateaux
En c'qui concerne la fiole
Y a du Viking et y a du poulbot
Autour du cou l'chiffon rouge
Le p'tit foulard sec noué
Que son grand-père lui a donné
Paraît qu'son grand-père, c'était un rouge
Un homme taillé comme un roc
Belle gueule et fière mine
Qui avait longtemps joué du rock
Avec sa pioche pioche pioche dans la mine
Il est tatoué, vous savez
Les yeux savamment délavés
Le p'tit prince des gros pavés
Il nous raconte ses patrouilles
Vous sentez la rime venir
C'est vrai, l'a pas froid aux couilles
Renaud, il a de qui tenir
Il fait des raids dans les zones
Il disparaît dans des fugues
Se glisse comme un chat jaune
Dans un décor de poubelles qui fument
Il porte un nom d'chevalier
Comme dans les contes médiévaux
D'seigneur qui se fait saigner
Quand sonne le cor à Roncevaux
Il est tatoué vous savez
Les yeux savamment délavés
Le p'tit prince des gros pavés
Sa guitare en as de pique
Il casse le carreau des cœurs
Gagne un trèfle astronomique
Avec ses gros tubes vélomoteurs
Mais c'Bonaparte destroy
Le v'là rev'nu tout cocoy
Lorsque dans ses bras se love
Sa Lolita sans Nabokov
Alors il change de refrain
Il a son âme sous la main
L'voyou devant sa voyelle
Par une flèche d'arc-en-ciel
Se sent le cœur transpercé
Ainsi s'poursuit l'odyssée
D'messire Renaud Séchan
À qui j'dédie ce chant
Il est tatoué vous savez
Les yeux savamment délavés
Il en pince pour les pavés