Écrits par Renaud Charlie-Hebdo, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 23 janvier 2002.

Produits régionaux - A la belle de Meuh...

> Charlie-hebdo N°194 du 6 mars 1996

Produits régionaux - A la belle de Meuh...

Je me suis envoyé en reportage au Salon de l'agriculture. Je n'avais, de ma vie, jamais assisté à cette foire annuelle du cochon, du jambon et du beauf rougeaud réunis. J'ai vu des animaux, je savais même pas que ça existait !

J'ai vu un bœuf de mille cinq cents kilos, haut comme un immeuble, doté d'attributs virils comme je savais pas que ça existait non plus et puis des brebis dont une partie de l'anatomie m'a fait mieux mesurer les égarements des bergers et des légionnaires. J'ai vu une poule de deux mètres de haut mais, sincèrement, je crois que c'était une autruche. Une vache a failli m'encorner après que je lui ai délicatement caressé la joue, je ne lui en ai pas tenu rigueur, je me vengerai demain sur un steak haché de sa famille. Les chevaux aussi étaient très gros et très beaux mais y avait trop de gens autour, j'ai pas pu caresser là où c'est tout doux, au-dessus du nez. Je me vengerai aussi demain en caressant ma femme qui court moins vite qu'un cheval mais qui est douce partout.

Comme il doit falloir environ six semaines pour visiter les huit cent mille mètres carrés de stands de ce Salon de l'agriculture mais aussi des forêts et jardins, des machines agricoles, des chiens de chasse, des produits de la ferme et ceci cela, je me suis très vite dirigé vers l'espace réservé aux produits régionaux.

-- Dis donc, j'ai dit au pote qui m'accompagnait, si on allait soutenir la viticulture française?

C'était dégustation gratuite alors on a goûté un peu à tous les vins, à tous les fromages, les jambons et les foies gras, on a testé des bières de châtaigne au stand de la Corse, des sauternes au stand Aquitaine et des vieux armagnac je sais plus où, j'étais bourré. Je me suis attardé au Pays basque où on a dit du mal des États français et espagnols, mangé du jambon fumé pas dégueu et bu du rouge pas terrible. Vers vingt heures, chargé de cochonnaille et de vieux millésimes, j'ai rejoint en titubant ma bagnole. «T'es sûr que c'est là qu'on l'avait garée ? »

À la fourrière j'ai encore vu des bœufs, mais des comme ça je savais que ça existait.

Renaud

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