Sortie de nouvel album EdiPresse, le par ch.
Mis en ligne dans le kiosque le 8 juin 2002.

Culture : Les sorties de la semaine

> Edipresse du 30 mai 2002, 18:10

Culture : Les sorties de la semaine

PARIS (AP) - Les sorties de la semaine:

Renaud: «Boucan d'enfer» (Virgin)
Après pratiquement huit ans d'absence, le chanteur énervé signe enfin son grand retour avec «Boucan d'enfer». Certes, il y avait bien eu en 1996 un hommage de l'élève au maître Brassens et tous ces concerts à travers la France, sans promotion télé et radio, qui rapprochaient l'homme aux 12 millions d'albums de ses fans.
Mais le voyageur «fatigué» avait laissé béton et rangé la plume au fond des tiroirs pour cause de vague à l'âme. Dans cette traversée du désert «loin des projos», la vie, l'âge, l'alcool, la séparation d'avec sa femme et un succès public qui l'avait perturbé davantage qu'il ne le pensait avaient fait pencher la balance du côté du vide.
L'inspiration perdue, il s'était lié à la boisson, jusqu'à ce que le désir d'écrire le reprenne enfin, après un pari un peu stupide lancé par un ami: «une chanson contre une bonne cuite». Naissait »Petit pédé» sur l'homosexualité, retour déclic à la page blanche rapidement suivi d'autres titres, mis en musique par le guitariste Jean-Pierre Bucolo et le pianiste Alain Lanty, avant deux phases d'enregistrement à Bruxelles.
Au final, 14 chansons entre rock country et compositions plus classiques sur fond d'accordéon, de bandonéon ou de cordes ont emprunté le chemin des sillons pour faire un «Boucan d'enfer», le »bruit qu'a fait le bonheur en partant», dixit son auteur retrouvé, qui livre ses deux facettes, telles celles de la légendaire pièce Gainsbourg-Gainsbarre, dans un «Docteur Renaud, Mister Renard» de belle facture.
Les mots sont toujours là, au service de l'album sans doute le plus intime et le plus écorché du gavroche libertaire, qui se lança au milieu des années 70 à la conquête de la France avec un »Hexagone» rebelle mal accueilli par certaines radios. Les épreuves passées, les titres dressent le bilan de quatre ans d'une vie, durant lesquels Renaud, à 50 ans sonnés, a goûté à la «désabusion» chantée par Nino Ferrer.
Patraque du coeur, l'auteur de «Morgane de toi» affronte ses démons personnels, raconte son retrait du monde dans «Je vis caché», son «Coeur perdu» au «fond des bottes». Il revient aussi dans «Tout arrêter» sur le moment où il a cessé d'exercer son «boulot» et de parler aux «journaleux idiots», ou encore, dans «Boucan d'enfer», sur son «amour qui a claqué la porte» après «vingt berges, de sous mon toit», et sur la «vie bien dégueulasse» avec l'amour «qui se casse» à travers «Mal barrés».
S'il dit avoir «arrêté de croire en tous les idéaux», le chanteur illustré sur pochette par son ami ex-marin Titouan Lamazou évoque l'homme politique en qui il a cru, François Mitterrand à travers »Baltique», le labrador de feu le chef de l'Etat: «Un jour pourtant je le sais bien, Dieu reconnaîtra les chiens...».
Il tourne aussi son regard vers l'actualité, comme ce »Manhattan-Kaboul» en duo avec Axelle Red, titre-retour sur les attentats du 11 septembre à travers la vie d'un «petit Portoricain» quasiment new-yorkais et une «petite fille afghane».
Le caustique est de mise dans «L'entarté» sur le philosophe des »beaux quartiers», allusion à un certain BHL, sans compter la dénonciation des «dirigeants corrompus» et des «Stars académiques», »pop stars de mes deux» (»Je vis caché»), et une évocation de François Santoni et de sa compagne dans «Corsic'armes», hommage au »pays» aimé «quand il vit loin de la fureur des fusils».
Quant au chapitre de l'engagement, «c'est pas d'main qu'vous m'y reprendrez, à part peut-être José Bové», lance-t-il, sur fond de »déprime». C'est pas très gai, mais toujours tendre et féroce. Et l'amitié est là, pour tout rattraper dans un «Bistrot des copains», en clôture, où Renaud salue tour à tour Brassens, Brel, Ferré, Fallet, Dewaere, Lapointe ou encore Prévert.
Un album-retour, qui selon Virgin, a déjà franchi la barre des 200.000 exemplaires vendus depuis sa sortie mardi, et sera peut-être couronné d'une distinction, après la «Victoire d'honneur» décernée en 2001 pour l'ensemble de sa carrière, trophée «presque posthume» qu'il aurait, dit-il, «préféré gagner».
En attendant, les projets se bousculent. Actuellement en tournage au Canada pour les besoins de «Crime Spree», un film de Brad Mirman avec notamment Gérard Depardieu, Harvey Keitel et Johnny Hallyday, Renaud doit se lancer dans une grande tournée en décembre, qui passera dès le 19 par le Zénith à Paris, six mois après avoir été au centre d'un «Bouquin d'enfer», biographie sous forme d'abécédaire signée de son frère Thierry Séchan, à paraître le 5 juin aux éditions du Rocher. AP

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