Concerts : Compte-rendus et annonces Le Nord Vaudois, le par ch.
Mis en ligne dans le kiosque le 18 août 2001.

Une tranche de vie pleine d'humilité

> Le Nord Vaudois(journal d’Yverdon) du 18 novembre 1999

Martial Messeiller

Concert à Yverdon le 16.11.99

Renaud a donné son seul concert suisse mardi soir à Yverdon-les-Bains

Une tranche de vie pleine d’humilité

Renaud a enthousiasmé le public de la salle de la Marive mardi soir à Yverdon-les-Bains au cours de l’unique arrêt sur sol helvétique de sa tournée « Une guitare, un piano et Renaud ». Un concert généreux et deux heures et demie d’un bonheur intense partagé avec un petit millier de privilégiés qui ont pu retrouver toute la verve et l’esprit du chanteur impertinent, absent des bacs des disquaires depuis cinq trop longues années.

« Bonsoir euh..., Yverdon ! Enlevez-moi tout de suite d’un doute. C’est bien la première fois que je viens à Yverdon ? La première,... et peut-être la dernière, parce que c’est mes adieux au music-hall ». Un concert de Renaud, c’est toujours l’événement et surtout cela ne ressemble à rien d’autre qu’à un concert de Renaud. D’abord un brin timide, le chanteur blond au blouson de cuir prend très vite ses marques sur l’avant scène qu’il affectionne. Il se rapproche d’un public avec lequel il ne cesse de dialoguer sur les va-et-vient des petits et du grand monde jusqu’à en faire une vaste causerie sur la vie, que les chansons, choisies avec le cœur, illustrent avec beaucoup de chaleur et d’humilité. C’est la misère des enfants avec Deuxième génération et Morts les enfants, la contestation militaire avec Déserteur et La Médaille, ce sont aussi et surtout les femmes et la sienne en particulier. « Celle que je suis plus avec et qui est partite », confie-t-il avant d’interpréter l’une des deux nouvelles chansons qui devraient figurer sur le prochain album attendu depuis cinq ans : Boucan d’enfer, ou quand « on reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va ».

Après chaque chanson, comme un rituel, Renaud ouvre les mains et désigne de chaque côté de lui les deux musiciens qui l’accompagnent sur cette tournée de 60 concerts. A sa gauche, la guitare de Jean-Pierre Buccolo, dit Titi, son ami de toujours et à sa droite le piano d’Alain Lanty, imitateur né de Gainsbourg, fonctionnent comme deux plateaux d’une balance sur laquelle Renaud trouve son équilibre. Dans la salle, un public très jeune et connaisseur découvre ou redécouvre les joies d’une communion fraternelle avec un chanteur toujours aussi virulent quand il s’agit de parler de Mme Thatcher ou de dénoncer les aberrations des politicards. Mais ce public, qui se délecte des bons mots distillés à la pelle, a aussi mal pour son idole. Renaud recherche désespérément une voix sans faille qui lui fait cruellement défaut dès les premières notes du concert. Toutefois, personne ne lui en tiendra rigueur, tant l’échange est agréable. Renaud ne cesse de jouer sur le nom d’Yverdon-les-Bains, le transformant en Yverdin les Bonnes. Il s’y plaît, revient deux fois sur scène à la demande d’une audience conquise. Après deux heures et demie de retrouvailles, il interprète Morgane de toi, « spécialement pour la petite Morgane et pour Yverdon-les-bains » et quitte la scène, non sans avoir évoqué le bon vieux temps de Mistral gagnant, un vent qui vient du cœur.

Les bons mots de Renaud

Les concerts sont aussi l’occasion pour Renaud de discourir à bâton rompu sur la vie quotidienne et les événements de ce monde. Voici quelques morceaux choisis à la Marive mardi soir :

« Pour ceux qui ne me connaissent pas, je me présente. Je m’appelle Renaud. J’ai 27 ans et moi non plus, je n’ai pas changé. »

Parlant du football et des supporters : « Yverdon, ils se sont pris une branlée ce week-end, je l’ai lu hier dans Le Nord Vaudois »

« Je ne connaissais pas. C’est très joli Yverdon-les-Bains, surtout le Lido »

Sur François Mitterand : « En France, on avait un président. On l’appelait Tonton. C’est con à dire quand on est comme moi, mais je l’aimais bien. Eh bien oui, ça ne s’explique pas. C’est l’amour, c’est comme ça. Malgré tout, lorsqu’il a décidé d’aller faire la guerre là-bas en Irak, je ne me suis pas gêné de rechanter Déserteur »

« Moi aussi je peux remplir des Zénith, mais je préfère construire un petit peu ici entre nous. C’est pas mieux ? »

« Les gonzesses, il y en a un milliard et demi. Je les aime à peu près toutes. Et elles m’aiment toutes sauf une. Je l’avais oubliée, mais j’ai soudain revu cette empaffée de Margaret Thatcher, lorsqu’elle est allé trouver Pinochet en prison, à l’hôpital. »

Enlevant son blouson : « Je viens d’arrêter la musculation. Maintenant, comme sport, je fais bars parallèles. Je rentre dans un bar, je traverse la rue et je vais dans un autre bar... Je fais aussi bar fixe, mais c’est plus déprimant. »

« Cela fait cinq ans que je n’ai pas sorti de disque. Mais j’y travaille. J’ai cinq nouvelles chansons, mais en fait il me manque encore les paroles et la musique, alors j’en ai ...deux »

Sur l’absence de son accordéoniste Jean-Louis Roques, en tournée avec Francis Cabrel : « Il m’a dit, tu comprends Renaud, chez Francis, c’est mieux payé et il y a plus de monde. »

« Moi aussi, j’imite Gainsbourg. Mais pas au niveau des gestes ou de la voix. » (faisant mine d’avaler un verre) « je l’imite tellement que je crois que des fois je le dépasse »

Sur sa nouvelle chanson : « C’est incroyable. Je la chante depuis un mois et demi en concert et elle est déjà sur internet. Il paraît, parce que moi, je ne suis pas plugé, je ne surfe pas ».

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