Entrevues Sud-Ouest, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 30 juillet 2000.

Renaud chante Brassens

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SUD-OUEST, édition Pays Basque, le 23 mai 1996

RENAUD CHANTE BRASSENS

En tournée dans la région, Renaud y interprètera notamment Brassens. Dans l’interview suivante, il évoque son influence sur les rappers français.

Entre humeur et intérêts, et après vingt et un ans de carrière, Renaud ne planifie guère ses entretiens publics. Il reconnaît avoir déjà suffisamment d’espace pour s’exprimer dans la chanson, et pouvoir livrer ses coups de gueule et ses coups de cœurs au journal « Charlie Hebdo » (dans lequel il tient une tribune régulière).

En tournée dans la région pour la deuxième fois de l’année, il donne cette fois des concerts plus acoustiques, basés sur son album en hommage à Brassens, qu’il vient de publier chez Virgin.

Sud-Ouest : Enregistre-t-on facilement des reprises d’un chanteur aussi marquant que Brassens ?

Renaud :J’avais déjà été bien reçu il y a deux ans lorsque j’ai proposé de faire un volume de chansons « chtimi », alors que je craignais de devoir les proposer au producteur des « Chants du Monde » ! Non pas que je méprise ce dernier, mais je pensais que ma maison de disques ne serait pas intéressée par la production et la distribution d’un tel patois, et ça les a en fait emballés. Ils pensaient que ces chansons allaient se révéler bonnes ; l’accueil a été une fois de plus très enthousiaste, et puis je n’ai pas de comptes à leur rendre !

Sud-Ouest : Pendant longtemps vous avez hésité à enregistrer cet hommage, qu’est-ce qui vous y a finalement décidé ?

Renaud :Je n’hésitais pas vraiment chaque jour, en me disant oui ou non. Disons que depuis que je chante, j’aime toujours autant les belles chansons, et un peu à la manière de gens comme Ferré, Ferrat, Barbara, de tous ceux qui n’ont pas eu honte d’être à un moment seulement des interprètes, je voulais mettre mon filet de voix au service du répertoire de Brassens, qui reste le premier de ma liste des monstres sacrés. Ce que je craignait, c’était l’écoute des milliers d’amoureux qui ont déjà pu se sentir trahis par certaines reprises, ou qui ont trouvé les versions desservies par des orchestrations trop modernes. En fait, l’idée qui m’a décidé était de voir si je pouvais amener Brassens aux plus jeunes générations, qui ne le connaissaient guère, faute de l’entendre sur les ondes ; c’était le défi à relever. Les adolescents qui m’écrivent se promettent de se pencher sur son œuvre, c’est génial.

Sud-Ouest : Brassens a-t-il été votre maître à penser, votre maître à chanter ?

Renaud :A penser certainement puisqu’il a forgé mon tempérament en tout cas en ce qui concerne certains grands axes, antimilitarisme, anticonformisme, les rapports avec la société, les rapports humains ; un peu en parallèle de mon éducation, des lectures de Dylan et d’autres. Maître à chanter aussi, parce qu’il a été le premier à me donner envie d’écrire mes petits états d’âme en rimes. A 10-12 ans, je chantais mes mots a cappella, sur ses musiques.

Sud-Ouest : Après votre tournée d’automne plus orchestrée, comment se présente celle-ci ?

Renaud : C’est assez bizarre, mais au milieu d’une saison de concerts, qui avaient dans un premier temps un peu plus rock, avec aussi des cuivres, la formule de printemps est plus acoustique, avec des musiciens différents des premiers, dont accordéon et violon, et pas de batterie. Il y a donc une plus grande proximité d’écoute, les arrangements sonnent plus délicats, et la sono n’est pas polluante.

Sud-Ouest : N’est-ce pas chez les rappers français qu’on trouve les héritiers de votre manière d’écrire ?

Renaud :Je sais que MC Solaar a revendiqué dans une interview une certaine influence sur son envie d’écrire. J’aime bien Doc Gynéco. J’adore IAM et les rappers ethniques comme Fabulous Troubadors. C’est ma fille de 16 ans qui me tient au courant des nouveautés branchées parce que j’écoute plutôt des stations démodées comme Radio nostalgie, ou Chante France, exclusivement francophone...

Renaud ce soir à la salle La Peyronie de Villeneuve-sur-Lot, à 20h30.

Patrick Scarzello »

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